Que visca Catalunya !!!

Sept millions et demi d’habitants : la Catalogne est plus qu’une simple région du royaume ibérique. C’est une nation millénaire, ainsi que l’affirme très justement Michel Bourret, et son plus beau fleuron, actuellement, est le Barça.

Un club à l’efficacité implacable : vingt titres en Liga, vingt-cinq Coupes d’Espagne, huit Super Coupes d’Espagne, deux Coupes de la ligue espagnole, trois Ligues des champions, quatre Coupes des vainqueurs de coupes, trois Super Coupes d’Europe et une Coupe du monde des clubs …  66 titres en 112 ans. Une excellente moyenne, vous en conviendrez aisément.

Quelle est la flamme qui anime cette maison, comme on le dit là-bas, dans un pays qui se voit privé de ce statut ? Sir Bobby Robson, ancien entraîneur des bleus et rouges,  ose une explication particulière, et le mot est faible: « Il faut bien comprendre que Barcelone est une nation sans Etat, que le Barça est son armée ».

Lorsque vous visitez le Camp Nou, il vous faut échapper à la vigilance de la guide … il vous faut chercher et trouver le tunnel des joueurs, et l’emprunter.

Ainsi vous connaîtrez les Catalans.

Descendez les escaliers en silence, mais du côté des joueurs invités au sacrifice.

Le foot, là-bas comme ici, autrefois comme aujourd’hui, c’est un peu les jeux de cirque romains … on rassemble le peuple, on le réunit autour d’une passion parfois brutale, et on le fait vibrer pour oublier.

A mi-hauteur, les marches font une pause. Et à votre droite, vous verrez une porte. Elle vous invite … vous pénétrez dans une petite chapelle. Petite car elle ne peut guère contenir qu’une quinzaine de personnes.

Une équipe.

L’équipe invitée.

Celle qui doit prier avant d’affronter les Catalans.

Il existe un lien profond entre le Barça et les Catalans. Le premier représente les seconds, sur le plan sportif, à l’image des autres équipes, mais également sur le plan national et international, au sens premier du terme. La Catalogne, si elle n’est pas, si elle n’est plus, un Etat, se veut une nation. Et les joueurs du Barça le savent, le vivent, le respirent … c’est l’osmose entre la joie du sport et le rêve d’indépendance d’un pays, bafoué depuis des siècles.

Et alors vous comprendrez peut-être l’essence même de l’âme catalane … interdite d’existence en tant que pays, mais toujours une nation, avec des institutions pionnières en Europe, comme son parlement, les Corts, au XIIe siècle, ou ses consulats, un siècle plus tard.

Pour saisir et appréhender cette âme rebelle, remontons aux origines …Un comte de Barcelone pacifie le pays catalan, avec l’aide du fondateur du monastère de Montserrat, haut lieu symbolique de la Catalogne médiévale, lieu de prière mais également de contestation. Les liens de suzeraineté avec la France se rompent en 988 et cette date sera considérée par les historiens de la Catalogne comme celle de sa naissance. .Le successeur de ce comte épouse l’héritière du royaume d’Aragon et ainsi leurs descendants, jusqu’au XVe siècle, ceindront la double couronne. Malgré cette union subsisteront la personnalité, les institutions, la langue propre ainsi que l’indépendance de ces deux peuples. Les nouveaux souverains, quant à eux, conserveront le catalan et les armoiries qui correspondent au Comté de Barcelone.

C’est un peuple libre que ce peuple catalan, malgré l’autorité d’un roi : « Si vous regardez vos fors et vos constitutions, affirmait Pierre le Cérémonieux, vous verrez que vous êtes le peuple le plus libre du monde ». Les Catalans, en effet, marquent leur identité commune bien plus à travers leurs usages, leurs droits, leur langue que dans la soumission à un monarque. Et ces institutions s’approchent fort d’une monarchie constitutionnelle : le souverain héréditaire n’est adoubé par les Catalans que s’il accepte de prêter serment aux constitutions, c’est-à-dire aux lois qui régissent la vie politique du pays. Chacune de ses décisions sera ratifiée par le Parlement. Un peuple libre, ces Catalans, et ce depuis la nuit des temps.

L’expansion du royaume se poursuit mais sa croissance s’achève brutalement à l’aube du XVe siècle, marqué par deux événements majeurs.

En premier lieu, la mort de Martin l’Humain, sans descendance, voit la fin de la dynastie des comtes-rois qui avaient gouverné la Catalogne depuis le IXe siècle. Puis, neuf notables de la couronne d’Aragon choisissent de nommer le frère du roi de Castille en tant que nouveau souverain, et ce malgré la vive opposition des délégués de la Catalogne qui avaient compris que les premiers souhaitaient une fusion entre les deux grandes couronnes ibériques, Castille et Aragon. S’ensuit dès lors une guerre civile, qui durera dix ans, et ruinera la Catalogne.

Et voilà le début de la fin … Les descendants de la nouvelle famille régnante ne s’assimileront pas à la société catalane. Arrive le XVe siècle : l’union d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon consacre la fin de la puissance catalane. Le centre névralgique du pouvoir se déplace en Castille … la Catalogne n’est plus qu’une province parmi d’autres, elle qui se trouvait autrefois au centre … une province pour les autres, un pays quant à elle, un pays qui tentera sans cesse de se soulever contre le joug espagnol. Un pays dont on expulse les Juifs, très nombreux dans la région, par la grâce de la Sainte Inquisition, tristement célèbre, tristement absolutiste, affreusement espagnole.

Le saviez-vous ? Les chefs de la seconde expédition de Christophe Colomb, dont certains biographes affirment qu’il serait issu d’une famille catalane, sont tous catalans. Malgré cela, les terres colonisées le furent pour le compte de la couronne de Castille, et seuls des Castillans purent s’y établir. Quant au commerce lucratif avec les Indes, Barcelone en fut purement et simplement privée. Mais ce pays se relève sans cesse : la Catalogne est une femme fière qui se refusera obstinément à l’homme qui ne cherchera qu’à l’asservir, l’humilier, la spolier, sans jamais saisir son essence même : la liberté.

Après quelques soulèvements pour protester contre la dureté de l’administration forte et centralisée souhaitée par le roi d’Espagne, la Catalogne fait sécession : en 1635, elle se saisit du prétexte de l’entrée en guerre de la France contre le royaume ibérique, pour se ranger du côté des ennemis de l’Espagne. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis, vous savez … Mais en 1652, les troupes espagnoles font le siège de Barcelone, et l’emportent. C’est le démembrement : la France et l’Espagne se partagent la Catalogne, l’une demeurant espagnole, à son plus grand regret, la seconde devenant française.

Au XVIIe siècle, nouvelle tentative : la dynastie des Habsbourg s’éteint … deux candidats s’affrontent. L’Espagne choisit le petit-fils de Louis XIV, la Catalogne soutient un archiduc autrichien. Deux rois … c’est la guerre, une fois de plus. Et une fois de plus, Barcelone, assiégée par 40’000 soldats, défendue par 5300 hommes, tombera après treize mois de lutte. Nous sommes le 11 septembre 1714, c’est la capitulation.

Et dans d’innombrables villes catalanes vous trouverez une « avinguda » du 11 septembre. Rien à voir avec 2001. Non, c’est un rappel de la Diada : en effet, la Catalogne célèbre sa fête nationale le 11 septembre, dans les églises et dans le deuil.

Le deuil parce qu’à partir de cette date, l’insoumise Catalane perd ses institutions politiques, ses droits particuliers ainsi que l’usage de sa langue. Ses universités sont fermées.

La Catalogne est humiliée, dévastée, persécutée.

On cherche à la dépouiller de son identité.

C’est ignorer les forces vives de ce peuple, qui, au XVIIIe siècle, cherchera une issue dans le travail, le commerce et la créativité. La Catalogne se hissera bientôt, sur le plan économique, en tête des régions d’Espagne. Au XIXe  siècle, après une brève révolte catalane face aux troupes napoléoniennes qui annexeront la Catalogne à l’Empire, puis une autre guerre civile qui verra une nouvelle fois Barcelone bombardée par les Espagnols, puis dix ans plus tard encore assiégée par Madrid, émerge le catalanisme, mouvement qui installe la langue au cœur de la société, qui l’unifie autour d’une grammaire, qui cherche ainsi à affirmer une identité culturelle propre, ainsi que des institutions distinctes de la capitale honnie.

1899 : le Barça est fondé par un Suisse, âgé de 21 ans, Hans Gamper, ainsi que par un joueur anglais, Walter Wild …. Et voilà pourquoi Bâle et Barcelone partagent les mêmes couleurs.

Dès les premiers temps, le club, soutenu par son public, affirme sa double vocation : gagner, et manifester. Première victoire et premier titre en 1905.

Et dès lors, vous ne vous étonnerez pas de voir les deux grands clubs s’affronter sans cesse, avec en filigrane des revendications qui n’ont de sportives que le nom : lors de la victoire espagnole pour la Coupe du Monde, l’an passé, l’équipe nationale comptait sept Catalans. A qui l’on avait clairement fait comprendre qu’ils étaient espagnols avant tout. Et qu’ils se devaient de célébrer leur pays en descendant de l’avion. Peine perdue, face aux journalistes, Xavi, maître à jouer, maître à penser, crie le  « Que visca Catalunya » qui tranche symboliquement le lien auquel se refuse tout un peuple. C’est encore et toujours le refus de l’occupation, la volonté d’indépendance.

Comprenez … au début du XIXe siècle, textes de loi, documents administratifs, noms de rue, presse, prénoms et noms de famille sont dits et écrits en espagnol. L’usage de la langue catalane est interdit, et elle n’est plus enseignée. Mais le pays ne renonce pas : journalistes, intellectuels et grammairiens vont entrer dans la danse durant la seconde moitié du XIXe siècle : les publications catalanistes se multiplient, souvent censurées ou interdites par un Etat espagnol qui ne plie pas, mais s’inquiète de cette force qui ne cesse jamais de renaître sous de nouvelles formes.

Et alors, vous comprendrez que les efforts de l’entraîneur du Real Madrid, ancien assistant au Barça, pour freiner le jeu rapide des Catalans, traduits par une tonte de la pelouse à 4 cm, les fait sourire … et accélérer. « J’ai joué contre eux, dira Luis Filipe, et je sais ce que ça fait de courir après le ballon en ayant l’impression qu’on ne le touchera jamais ».  Evidemment.

Ils ne courent pas seulement après un ballon, ils courent pour leur identité. Ce sont deux pays qui s’affrontent, et pour les Catalans, le Real représente la Castille et l’Aragon, cœur de l’Espagne, ceux-là mêmes qui les ont trahis, vendus, spoliés.

Se manifestent en effet en Catalogne, dès les prémices du XXe siècle, des revendications politiques. On comprend leur légitimité : en 1930, cette région ne couvre que 6, 3 % du territoire national, mais accueille sur son sol 25 % de ses industries. La Catalogne devient le grenier de l’Espagne, dans lequel on se sert gratuitement, et que l’on assomme d’impôts pour entretenir tout le pays. Des indépendantistes rédigent donc les « Bases pour la Constitution régionale catalane », créent des institutions administratives. Et l’art catalan explose … C’est Gaudi, qui refusera de parler espagnol, et la Sagrada Familia, la Casa Mila, la Casa Batlo. C’est le modernisme, mouvement qui privilégie les innovations et les prises de position révolutionnaires ou futuristes. C’est la modernité. Et Barcelone enterre Madrid la classique pour devenir l’une des capitales de l’Art Nouveau. Différente toujours, capitale enfin.

De 1923 à 1930, l’Espagne vit sous la dictature d’un général, Miguel Primo de Rivera. Promesse de général, promesse de fin de bal : il n’accordera pas l’autonomie catalane. Sa parole ne valait pas un sol, et c’est la sardane qu’il interdit, le drapeau catalan qu’il met en berne. En 1924, le 11 septembre, il ferme les églises, de peur qu’on n’y célèbre la Diada. Gaudi résiste, proteste en catalan, crime suprême, et se retrouve emprisonné.

Le tout nouveau stade de Barcelone, quant à lui, se voit fermé six mois : le public a sifflé la marche royale, espagnole, alors qu’il se vit comme catalan avant tout.

Comment s’étonner dès lors de toutes ces prises de position catalanes récentes … La Catalogne, l’an passé, a interdit la corrida : à ce symbole hautement estampillé de la marque espagnole, elle préfère le foot, qui la fera connaître dans le monde entier, au grand dam d’une capitale qui n’en peut plus de subir des humiliations par cette province qui la rejette de tous ses pores.

En 1931, trois jours d’espoir. Quelques heures avant la proclamation de la Seconde République espagnole, à Madrid, un leader du parti indépendantiste catalan proclame de son côté la « République catalane dans une fédération de républiques ibériques », ainsi que précédemment négocié avec les groupes républicains espagnols. Mais l’Espagne se dédit … et ne concède à la Catalogne qu’un certain degré d’autonomie : la Catalogne reprend le nom médiéval de Generalitat. Mais en 1934, nouvelle crise : le président de la Generalitat proclame l’Etat catalan de la République fédérale espagnole. Il est arrêté, et condamné à trente ans d’emprisonnement. Le couvercle retombe sur la Catalogne, qu’on enferme une nouvelle fois : le statut d’autonomie est suspendu, et les maires désormais nommés par le gouvernement espagnol.

En 1935, Josep Sunyol dirige l’Esquerra Republicana (la Gauche républicaine) et fonde l’hebdomadaire La Rambla, dont l’objectif clairement affiché est d’unir sport et citoyenneté. Il sera nommé président du Barça. Et fusillé peu après par les troupes franquistes.

Comme Manuel Carrasco i Formiguera, fervent patriote mais aussi fervent chrétien, qui lui cherchait à défendre les congrégations religieuses … ce n’est pas un rouge qui tombe, le rouge que stigmatisaient les franquistes : c’est un Catalan de plus que saigne l’armée d’occupation.

Comment s’étonner, dès lors, qu’un sondage récent voie l’opinion catalane souhaiter majoritairement recouvrer son indépendance ?

N’oublions pas que la guerre civile espagnole, de 1936 à 1939, qui opposait les partisans du général Franco aux républicains démocratiquement élus, s’est également révélée être une guerre contre la Catalogne, pour qui le coup d’Etat de Franco a représenté une opportunité de faire la révolution. Franco ne s’y trompera point, et la désignera comme sa principale ennemie : « Quant au sort futur de la Catalogne, il nous faut dire que c’est précisément une des causes principales de notre mouvement. Si nous abandonnions la Catalogne à son propre destin, elle deviendrait un grand danger pour l’intégrité de la Patrie ». Dès lors, .son objectif sera clairement d’en finir avec les Catalans, derniers à lui résister, refusant de plier, encore et toujours. La chute de Barcelone, le 26 janvier 1939, signifie la fin de la fin de la Generalitat, recréée le temps de la guerre civile. La répression sera très dure, et contraindra un demi-million de Catalans à émigrer. Le président de la Generalitat sera fusillé. Près de 150’000 Catalans seront emprisonnés ou envoyés en camps de concentration, 4’000 seront exécutés. L’usage public de la langue catalane sera interdit, son enseignement supprimé, ses livres brûlés. Encore une fois.

Ironie féroce : la Place de Catalogne, à Barcelone, est rebaptisée Place de l’armée espagnole. Il n’y a plus rien à dire, mais tout à faire.

Et l’on retrouve Montserrat … cœur de la résistance intellectuelle, qui publiera des revues donnant ainsi l’opportunité à des voix catalanes de se faire entendre, malgré la dictature. L’on retrouvera également les artistes, les peintres, les chansonniers, les poètes, les cinéastes, les journalistes qui tous s’unissent dans un rejet commun du franquisme, et de ce qu’il représente.

Mais le combat perdure, ainsi que les tortures.

Au début des années soixante, Jordi Pujol, militant autonomiste catalan, écrit un pamphlet contre Franco, qui n’apprécie guère. Condamné à trois ans de prison, ce médecin, celui qui soigne, se verra torturé par les forces espagnoles. La mère patrie n’est pas un vain mot dans ce pays-ci.

Jordi Pujol conduira son pays à lui vers l’autonomie . Aujourd’hui, Carles Puyol, sur un autre terrain, incarne tout aussi bien cette force et cette volonté. Ce joueur aux qualités combatives exceptionnelles, plusieurs fois blessé mais jamais abattu, s’investit totalement dans un club qui le nommera capitaine pour ses qualités incontestées de leadership. Un joueur qui joue un jeu non pas individuel, mais collectif. L’objectif reste la victoire, la victoire encore, la victoire toujours, quel que soit celui qui la signe.

En 1971, l’Assemblée de la Catalogne est fondée, qui fédère les forces d’opposition. Trois ans plus tard, un jeune anarchiste catalan sera exécuté au garrot, dans une prison de Barcelone : et c’est encore Barcelone qu’on tue à travers l’un de ses enfants, sur la terre qu’il célébrait.

Comment ne pas réaliser qu’aujourd’hui encore la plaie reste vive ? Et que vivent toujours les mêmes revendications ? Cela fera bientôt mille ans.

Franco et la dictature, c’est la torture dans les commissariats. C’est la terreur de la population face à une police toute-puissante. Je m’en souviens encore …. De cette peur de la police. Je me souviens des récits de mon arrière-grand-mère, qui me racontait avoir caché durant la guerre civile plusieurs nonnes et un prêtre. L’une d’entre elle est devenue folle, folle d’être enterrée vive dans les sous-sols aux murs de pierre. Folle à vouloir en finir et à s’enfuir dans la rue … elle a été ramenée, plus très saine mais sauve. En 1936, 2’437 prêtres et religieux trouveront la mort. Je me souviens des histoires de mon grand-père, de son refus du franquisme, de sa fuite dans les maquis, puis de son retour à Barcelone. De la contrebande la nuit. De sa cachette le jour, à l’Hospital San Pau, déguisé en infirmier. Ce n’est pas si loin … et je ne me souviens pas du Barça de cette époque.

Exsangue car passé sous le joug franquiste, qui modifie le blason du club en lui imposant de retirer le drapeau catalan, et « castillanise » son nom. Pourtant, Franco, par crainte d’un soulèvement populaire, n’ose pas le dissoudre. Dès 1941, le club retrouve son identité première et se veut le porte-drapeau de la nation catalane durant les années de plomb qui vont suivre, avec des instances dirigeantes militaires espagnoles. Il faut le croire. Il faut attendre 1950 pour que le Barça retrouve l’honneur, et le choix de ses présidents. L’année 1957 verra la construction du désormais célèbre Camp Nou.

Durant ces années l’on verra un système d’intégration unique au monde : les nouveaux arrivants en pays catalan, en supportant le club, s’identifient à leur terre d’exil, et adoptent ses revendications. L’écrivain Manuel Vasquez Montalban dit du Barça qu’il est l’ « armée désarmée symbole de la Catalogne ».

Souvenez-vous du « Hollandais volant » … Johann Cruyff, joueur, puis entraîneur génial qui le premier pose la première pierre de cette cathédrale qu’est le jeu catalan : une maison pour un peuple sans frontières légales, des valeurs intactes face à ceux qui les ont autrefois si souvent reniées, un esprit qui se crée sur plusieurs générations de joueurs. Le Barça est une cathédrale, à l’image de la Sagrada Familia, un monument qui se bâtit peu à peu, et dont les artisans, fidèles parmi les fidèles, vénèrent chacune de ses gargouilles, car elles grimacent de haut, de loin … et les autres courent en vain.

Johann, mais est-ce bien surprenant, vit toujours en Catalogne, lui aussi fidèle parmi les fidèles.

Il faut encore attendre 1975 et la mort de Franco pour que la Catalogne recouvre peu à peu l’autonomie dont elle a été privée sous la dictature, grâce à un roi espagnol ouvert à la démocratie, certes, mais que certains Catalans ne reconnaissent toujours pas, mais surtout par la force de la pression populaire, et de ses manifestations. C’est chose faite en 1980 : la Catalogne obtient un gouvernement propre, et un statut de communauté autonome.

Il y a peu le Barça perdait face au Real : Pique avait lancé les hostilités : « On veut bien jouer la coupe de votre roi » …. Bien mal lui en a pris : son équipe l’a perdue. Mais les autres l’ont cassée …  éclat de rire catalan. Catalans qui n’apprécient guère que le père du roi actuel se soit vu attribuer le titre de comte de Barcelone.

Un rire catalan qui s’exprime librement depuis que le catalan, issu de la langue d’oc, est reconnu officiellement comme la langue propre à la Catalogne et à ses habitants. Il est enseigné, normalisé … les places, les villes, les montagnes, les cours d’eau, les prénoms et noms de famille retrouvent leur consonance d’origine. Et victoire essentielle : c’est en catalan qu’on enseigne l’espagnol. Comme une langue étrangère, dès que les écoliers atteignent l’âge de 7 ou 8 ans.

Même le géant américain, roi de la malbouffe, s’y conforme …. C’est un pays qui retrouve son honneur, son identité, à défaut de son indépendance. Et c’est le Barça qui explose ….

Il y a tant à dire encore, et si peu de mots pour le traduire.

Catalans, Catalunya !

Pour l’1dex :

Béatrice RIAND

Sources :

–          La Catalogne, une nation millénaire, Michel Bourret

–          FC Barcelone : l’histoire du club et de ses plus grands joueurs, Ian Welch

–          Histoire de la Catalogne, Jean Claude Morera

2 pensées sur “Que visca Catalunya !!!

  • 24 février 2020 à 15 h 23 min
    Permalink

    Visiblement madame Riand n a jamais lu un livre d histoire écrit par des historiens et probablement jamais foulé le sol d Espagne en dehors de la Catalogne

    Cette loghoree nous en dit plus sur son auteur que sur la Catalogne

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