Le nouveau Lycée-Collège Ella Maillart, un choix qui interroge

Le lycée-collège

Le nouveau lycée-collège de Sion portera le nom d’Ella Maillart, en hommage à cette célèbre photographe et écrivaine qui a longtemps habité Chandolin. Initialement prévue pour la rentrée 2025, l’ouverture de l’établissement, dont les travaux ont pris « un peu de retard », devrait avoir lieu en 2026.

Le Conseil d’Etat valaisan a choisi le nom de cette « personnalité exceptionnelle dont les qualités humaines peuvent servir d’exemple à la jeunesse » après avoir organisé un concours d’idées auprès des élèves et du corps professoral du lycée-collège de la Planta.

Ella Maillart

Née en 1903 à Genève, Ella Maillart a été une pionnière dans de nombreux domaines. Elle a représenté la Suisse aux Jeux olympiques d’été de Paris en 1924 en voile et a fait partie de l’équipe suisse de ski lors de plusieurs Mondiaux (1932, 1933 et 1934). Elle a marqué son époque par ses récits d’aventure en Russie et en Asie. Son parcours et son aura d’écrivaine et de photographe lui ont également permis de rencontrer de nombreuses personnalités comme Winston Churchill et de développer des liens d’amitié avec le premier ministre indien Nehru. Après la Seconde Guerre mondiale, Ella Maillart s’est installée à Genève et à Chandolin. Elle est décédée en 1997 dans son chalet du Val d’Anniviers.

Le coût

Quant au coût des travaux, budgété à 85 millions francs, il « doit être adapté au renchérissement car entre 2020, moment de la décision du crédit d’engagement, et aujourd’hui, l’inflation dans le domaine de la construction a été importante », souligne le département. Le montant est financé via le fonds de financement de l’investissement et de la gestion des immeubles de l’Etat (Figi) et une participation à hauteur de 10% de la Ville de Sion.

Les étudiants

Le nouveau collège pourra accueillir 1350 étudiants environ, soit quelque 300 de plus qu’actuellement dans les deux lycées sédunois. Le nouvel établissement scolaire s’érigera au nord du Cours Roger Bonvin et à l’ouest du centre culturel la Ferme-Asile.

Le bois

En ces temps où le Valais se voudrait précurseur dans le champ écologique, on s’interroge : pourquoi une structure en bois n’a-t-elle pas été privilégiée ?

Mais, en bon citoyen, soucieux des deniers publics, cette question sera délaissée, car l’important est ailleurs, et ce n’est point la rose : qu’en sera-t-il des conditions d’accès au site pour les quelque 1500 étudiants qui fréquenteront ce lieu de préparation à la haute culture …

Un souvenir

Le Lycée-Collège Ella Maillart succède donc au Parc des Sports, ce stade de football qui a conduit le FC Sion vers l’élite du football suisse. Au printemps 1967, après son premier succès au Wankdorf le lundi de Pâques de 1965, le FC Sion recevait dans un stade bombé le Lausanne-Sports de Gabet Chapuisat qui se qualifiera pour la fameuse finale de la Coupe de Suisse 1967. En mai 1967, en effet, la 42ème finale de la Coupe de Suisse entre Bâle et le LS n’est jamais allée à son terme, interrompue suite à la décision des joueurs vaudois, demeurés assis dans le rond central, de ne pas reprendre le jeu en guise de protestation en raison d’un penalty litigieux accordé à la 89ème minute. Les Sédunois, dépités par une cruelle défaite subie au Parc des Sports, auront regardé ce rare moment d’incapacité à admettre une erreur arbitrale, sur leur divan en croquant des chips et peut-être en sirotant un verre de fendant.

L’accès

Plus tard, en 1968, le Stade de Tourbillon remplaça le Parc des Sports plus ou moins abandonné à son destin.

Et aujourd’hui, me référant à ce lieu, je m’interroge : a-t-on pensé, vraiment pensé, aux conditions quotidiennes d’accès au Lycée-Collège Ella Maillard ? Il y a certainement d’éminents urbanistes qui ont conçu une réponse appropriée aux besoins.

Ils auront donc pris en considération qu’en 2025 quelque 30’000 (?) véhicules par jour franchissent le Pont du Rhône, celui-là même qui devra être utilisé par les étudiants et les professeurs qui voudront être l’heure pour les cours de philosophie, de mathématiques, de littérature et autres joyeusetés scientifiques.

La compatibilité véhicules – étudiants le matin et la fin d’après-midi ne saute pas aux yeux de ceux qui comme moi n’ont pas fréquenté les écoles d’architecture, d’ingénierie et d’urbanisme, à l’EPFL ou ailleurs.

Voudra-t-on gérer des bus navettes, encourager les étudiants à une petite pérégrination pédestre ? Va-t-on en hiver préparer les trottoirs avec assiduité pour éviter de malencontreux accidents ? Un éclairage du chemin vers les études puis vers la maison sera-t-il adapté ? Va-t-on par cet éloignement de la gare tout de même inciter un certain nombre d’étudiants à ne pas renoncer trop vite à cette voie scolaire ? Engagera-t-on même quelques psychologues supplémentaires pouvant « contrôler » les pensées négatives des étudiants qui pourraient être rebutés par ce nouvel établissement en périphérie ?

Et puis, après avoir franchi ce Pont du Rhône non complété par un autre pont (en bois ?), a-t-on imaginé autour du Rond-Point, lieu de tous les dangers, quelques valeureux policiers drainant ces deux populations, les travailleurs accédant à la ville et les étudiants s’éloignant de la gare, pour que ces gens-là se côtoient avec le sourire et non avec la mine colérique ?

Si un lecteur de ce texte introductif pouvait me diriger vers le chef de projet de la chose, certainement mal imaginée par moi, je pourrais convaincre ce maître de la pensée pédestre de répondre favorablement à une invitation à MPCM. Il ne risque pas grand-chose puisque même Christian Constantin et Oskar Freysinger ont accepté avec le sourire d’y être bien traité.

En tout état de cause, sérieusement énoncé, n’y a-t-il pas quelque chose à anticiper pour favoriser un lieu d’éducation qui aura une si grande importance dans les prochaines années ?

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