SION JO 2026. QUAND L’INCULTURE ENHARDIT LES NOTABLES (245)


(PAR JEAN-JACQUES ZUBER)

 

Il est président d’un parti politique cantonal. Il annonce sans sourciller: «On peut faire de Sion 2026 un instrument de transition écologique.»

Essayons de décoder cette phrase ahurissante: le Valais n’est pas encore parvenu à un niveau satisfaisant de culture écologique; il est encore défaillant en matière de politique environnementale; il faut gommer ces insuffisances; et pour cela, organiser des Jeux olympiques.

Ainsi, pour amorcer une transition écologique, on va commencer par créer un gâchis insupportable pour les gens et la nature au milieu de laquelle ils vivent.
Il s’agit de dépêcher en haute montagne des engins de chantier pour réaliser des travaux de terrassements et d’aménagement des pistes, peut-être de défrichements, etc.

Pour initier le canton à l’écologie, on va poursuivre l’implantation de canons à neige au-delà des installations actuelles, toujours plus haut, et les compresseurs ronflants nécessaires à leur fonctionnement. On gaspille l’eau, c’est pas grave, on en a trop; on déloge la faune de haute montagne, mais elle est certainement trop abondante également.

Pour sensibiliser les habitants de ce pays à la protection de l’environnement, on crée un événement qui va induire un trafic routier jamais vu et de formidables émissions de gaz dans cette étroite vallée taillée dans les Alpes.

L’éclatement longitudinal des sites contraint à exploiter à outrance l’axe de la A9 pour permettre le déplacement du public, éventuellement celui des caravanes officielles, des athlètes, des journalistes.

Pas de panique, disent les organisateurs: les transports publics absorberont 80% des déplacements. Comment cela se fera-t-il? C’est un secret, une surprise qu’on réserve à la population.

Parlera-t-on du trafic aérien pour accéder aux sites de compétition éloignés? Bah, laissons cela, on étouffera suffisamment en plaine sans s’occuper de ce qui se passe dans le ciel.

Si les Jeux olympiques se font en Valais, nous devons être prêts à affronter le bruit, la puanteur, les encombrements et bien d’autres inconvénients durant un bon mois.

Et cependant, ce n’est pas le plus effarant ni le plus inquiétant de cette affaire. Ce qui est angoissant, c’est l’ignorance totale de nombreux notables valaisans en ce qui concerne l’environnement. Ils connaissent le mot «écologie», mais n’ont pas la moindre idée de son contenu. Au point de croire qu’il faut accueillir des Jeux olympiques pour décrocher ce graal.

Ah! non, le Valais n’est pas prêt de s’en sortir avec ce genre de notables!.

2 pensées sur “SION JO 2026. QUAND L’INCULTURE ENHARDIT LES NOTABLES (245)

  • 8 juin 2018 à 10 h 39 min
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    A 23 ans d’écart : Feu Germain Clavien et Lisa Mazzone : la même question

    Feu Germain Clavien, le 22 juin 1995 dans le NF au sujet de la candidature de Sion 2002 :

    « Est-il bien raisonnable de soutenir qu’on pourra organiser des épreuves le matin dans la vallée de Conches ou à Saint-Moritz et, le soir réunir les athlètes sur la Planta pour leur remettre leurs médailles ? Comment déplacera-t-on les coureurs et les centaines de journalistes, et les milliers des spectateurs d’un point à un autre en temps voulu, sans créer des engorgements monstres sur nos routes et dans les vallées ! »

    http://newspaper.archives.rero.ch/olive/apa/snl_fr/SharedView.Article.aspx?href=NVE%2F1995%2F06%2F22&id=Ar00303&sk=353B834E&viewMode=image

    Lisa Mazzone : le 26 mars 2018 sur le site ATE au sujet de la candidature Sion 2026

    « L’ATE Association transports et environnement estime que le concept des Jeux olympiques et paralympiques «Sion 2026» générera un trafic désastreux. Tant que le comité d’organisation continuera d’opter pour les sites de compétition de St-Moritz et d’Engelberg – fortement dépendants d’un intense trafic aérien – l’ATE s’opposera à la candidature de «Sion 2026».
    Dans toute l’histoire des Jeux olympiques d’hiver, ce serait bien la première fois qu’un site de compétition serait desservi presque uniquement par voie aérienne, relève l’ATE dans sa réponse à la consultation. Pour l’ATE, la promesse faite par le comité d’organisation et le Conseil fédéral d’assurer une grande partie des transports par le rail ne sera pas rigoureusement mise en œuvre. Le trafic aérien est une telle source de CO2, que l’inclusion des sites de St-Moritz et d’Engelberg dans le concept réduira quasiment à néant tous les efforts d’organiser des transports écologiques entre les autres sites de compétition. »

    https://www.ate.ch/portrait-de-late/medias/communiques-de-presse/detail/?tx_news_pi1%5Bnews%5D=1408

    Répondre
  • 8 juin 2018 à 15 h 41 min
    Permalink

    Cette candidature pour les JO 2026 met en évidence l’incompétence de certains politiciens. Ahurissant!

    Répondre

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