LE GRAND SAIGNEUR

Alors qu’Emmanuel Macron fait de nouveau face à un mouvement de contestation qui s’annonce massif, deux auteurs viennent de publier chez JDH Éditions une pièce de théâtre grinçante qui met en scène le mépris des premiers de cordée vis-à-vis des gaulois réfractaires.

Nous vous en proposons ci-dessous un des extraits pas forcément le moins corrosif.

UNE PIECE DE THEÂTRE ECRITE PAR SEBASTIEN BERARD ET PAR MARIANNE SERFA

 

LE SECOND, adjoint du patron. – Bonjour, Messeigneurs.
JUPITER, le patron. – Alléluia.
LE SECOND. – Vous semblez heureux de me voir, j’en suis ravi.
JUPITER. – D’un certain point de vue, oui… Vous avez fait bon
voyage ? Le trajet ne vous a pas paru trop long, à 80 kilomètres à
l’heure sur la Nationale ?
LE SECOND. – Je ne me déplace jamais en voiture quand je me
rends en province. Je prends toujours le TGV.
JUPITER. – Vous avez raison. Les routes ne sont plus sûres dans
le Royaume avec tous ces malandrins déguisés en jaune.
LE SECOND. – Je vous ai fait part de mon texte. Qu’est-ce que
vous en dites ?
JUPITER. – Il n’apporte rien de nouveau. Il ne règle pas les
problèmes de fond.
LE SECOND. – Je sais, mais nous avons pensé qu’il était
nécessaire de débloquer d’urgence trois cents millions d’euros,
Messeigneurs. Il faut que les barrages soient levés. Vos électeurs
veulent partir en vacances.
JUPITER. – Ils ne pensent qu’à ça, ces fainéants. Partir en
vacances ! Ces pauvres nous coûtent un pognon de dingue.
LE SECOND. – Messeigneurs, il y a beaucoup de gens qui
travaillent dur. Prenez les agriculteurs par exemple.
JUPITER, grimace. – Les puants ?
LE SECOND. – Oui, et bien… Ils travaillent très dur pour moins
de mille euros par mois.
JUPITER. – Moi, pour mille euros par jour, je ne me lèverais pas.
LE SECOND. – Ils n’ont bien souvent pas le choix. D’ailleurs,
beaucoup n’y arrivent pas et décident de mettre fin à leur jour.
JUPITER. – On a toujours le choix, mon cher Second. Mais les
pauvres seront toujours pauvres. C’est leur caractère qui les a faits
ainsi et il est impossible de n’y rien changer. Arrêtons ici la
discussion si vous le voulez bien. Parler des puants me répugne.
Voyez-vous, je préfère les premiers de cordée aux pendus.

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