Jérôme Meizoz atteint le sommet des cimes avec le Haut Val des Loups

Jérôme Meizoz, Haut Val des Loups, Editions Zoé, 2015,

Ce Noël, j’ai vraiment été gâté de bons livres : Un homme qui m’aimait tout bas, de Eric Fottorino, Romain Gary dans La Pléiade, Le Loup des Cordeliers, un roman historique au temps du début de la Révolution française qu’a choisi ma fille cadette Ambre, et ce magnifique Haut Val des Loups que m’a offert un ami venu partager un plat de spaghettis aux champignons.

Jérôme Meizoz, qui sait que les mots sont comme des notes pouvant être jouées à l’infini (1), a magistralement transcrit la terre de chez nous, ayant peut-être la prétention de suivre à la trace Maurice Chappaz, le poète radin, et de troubler un brin la digestion des banquiers privés. Dans ce Haut Val des Loups, le lecteur attentif y rencontrera même Ernesto Che Guevara, le Maréchal Pétain, Karl Marx et le peintre Manet. Et le lecteur sait, dès les premières pages, qu’un auteur peut être écrivain et porter longtemps des chaussettes de laine tricotées pour l’armée (2).

Ce petit livre de 120 pages est un grand livre sur le Valais de chez nous. Et ne fuyons pas les paroles de l’écrivain, les loups du titre ne sont pas des animaux, mais, nous autres, humains de notre terre, parmi lesquels se meuvent, par exemple, ces avocats qui ne se préoccuppent plus de juste et de l’injuste (3).

Arrivé au terme du livre, on a envie de lire Faulkner, car « ce sont des truands de cette espèce qui ont fait de la justice un objet de risée, au point que, même quand on obtient une condamnation, chacun sait parfaitement qu’elle ne sera pas maintenue ».

Ce « vrai roman » (4) est un travail de professionnel, car Jérôme Meizoz, en écrivain de la vérité, a brisé, un à un, les membres de la justice, en épargnant sagement la nuque et les testicules des magistrats (5). Car l’autre titre de ce magnifique livre aurait pu être Le Val des Sans-Loi, ce qu’eût pu apprécier ce membre du gouvernement qui sut, à l’insu de son plein gré peut-être, approcher la vérité : « Ici, on n’est pas comme nos voisins du Lac, on n’a pas l’amour aveugle des lois … »

Ce « Haut Val des Loups » est une réussite littéraire proche de cette perfection déconstruite qu’a recherchée Jérôme Meizoz.

 

 

(1) p. 84

(2) p. 87.

(3) p. 119

(4) Sous-titre du Haut Val des Loups

(5) Un détournement d’interprétation du premier paragraphe du livre

 

Post Scriptum : il n’y a pas de hasard. La preuve ? Voir ou revoir Pétain raconté par Henri Guillemin ou le magnifique Benicio del Toro dans le Che de Steven Soderbergh

Stéphane Riand

Licencié en sciences commerciales et industrielles, avocat, notaire, rédacteur en chef de L'1Dex (1dex.ch).

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