Emmenez-nous, Carine, Xavier, dans vos Cellules Poétiques !

(PAR SEVE FAVRE)

 

Le Festival Cellules poétiques, lancé en 2018 par Carine Antonio et Xavier Pitteloud, est consacré à la poésie. Il se déroule principalement à Martigny et accueille des événements durant une semaine au printemps. Cette année, le Covid-19 a eu raison du Festival. Les amateurs d’arts retrouveront Cellules poétiques en 2021, du 24 au 31 mars.

 Pourquoi avez-vous choisi d’associer cellules et poésie pour baptiser votre festival?

Au départ, nous nous sommes demandés si nous voulions lui donner un nom moins connoté, plus abstrait, mais la volonté d’inscrire le festival dans une orientation claire a dominé. Le terme “cellule” évoque à la fois une entité organique qui se multiplie, qui vit, et à la fois l’idée de la cellule dans laquelle on se retire. Ces deux aspects incarnent selon nous les multiples facettes de la poésie.

 

Comment est né votre intérêt spécifique pour la poésie ?

Notre intérêt pour les créations artistiques et la culture en général, est très marqué. La poésie est peut-être ce vers quoi tend le processus créatif.

D’un autre côté, esquisser sur une page les contours de quelques mots a toujours été un geste présent avec plus ou moins de force ou de nécessité pour chacun de nous.

C’est en collaborant avec le Printemps de la Poésie autour d’un projet de création de textes qu’est venue l’envie de mettre sur pied un festival. Aujourd’hui, nous sommes évidemment plus attentifs aux sorties littéraires du rayon poésie, et nous découvrons ou redécouvrons des auteurs et autrices avec beaucoup de plaisir. C’est très stimulant.

Votre organisation est une cellule bicéphale. Comment collaborez-vous à l’organisation du festival ?

Nous avons démarré le festival à deux et de manière plutôt instinctive. De ce fait, dès le début, tout a été réalisé avec une distribution des tâches définies au coup par coup selon les moyens et les envies de chacun. Nous avons essayé de garder le plaisir comme leitmotiv, même si l’organisation d’un événement public génère une dose de stress parfois éprouvante. En cela, nous nous complétons bien, car nous essayons, autant que faire se peut, d’être à l’écoute l’un de l’autre, de sentir nos limites.

Pragmatiquement parlant, nous réalisons ensemble la plupart des tâches administratives. Artistiquement, même s’il arrive qu’un événement soit plus porté par l’un ou l’autre, nous sommes souvent sur la même longueur d’onde et programmons des projets qui suscitent l’intérêt de chacun.

Pendant le festival, nous pouvons heureusement compter sur des personnes de notre entourage qui nous apportent une aide précieuse pour la coordination et le déroulement du festival. Certaines d’entre elles ont rejoint l’équipe cette année et nous prêtent désormais main forte en amont des festivités.

Quelles sont les cellules géographiques du Festival?

Nous sommes attachés à faire vivre le festival à Martigny, où nous vivons, et inscrivons la plupart des événements dans la Grange à Emile, à Martigny-Bourg. Ce lieu rustique se prête volontiers à des atmosphères intimistes. Nous aimons l’idée que la poésie se répande dans la ville, c’est pourquoi notre programmation s’ouvre aussi à des collaborations dans des lieux partenaires comme le Manoir, ainsi que leurs Caves, la Médiathèque Valais-Martigny, la Librairie du Baobab ou la cave de Christophe Abbet. Le dimanche matin, nous nous rendons à Fully, chez Marie-Thérèse Chappaz pour le désormais traditionnel café-croissant poétique réalisé avec Dominique Dorsaz, libraire indépendante.

Hors programmation, nous aimons nous retrouver ailleurs pour un “pré-event”. En 2019, notre soirée à La Cabine à Sion avait permis d’élargir notre public. Ces “exfiltrations” sont bienvenues et porteuses de riches rencontres.

 

Comment établissez-vous la programmation et la collaboration avec les auteurs et les artistes ?

De manière assez classique : soit ce sont des artistes que nous avons eu la chance de découvrir sur scène ou au détour d’une lecture et à qui nous proposons une collaboration, soit les artistes nous envoient des dossiers que nous étudions. Dans tous les cas, au-delà des critères liés à l’intérêt que nous portons pour tel ou tel projet, nous cherchons à établir des lignes de convergence pour chacune de nos éditions plutôt que d’inscrire le festival dans une thématique annuelle. Cellules poétiques est un petit festival, aux moyens modestes, à taille humaine comme on dit, qui va le rester avec comme ambition d’être une forme de laboratoire. En effet, les jeunes artistes, ou les projets en cours de développement, ont une fragilité et une audace qui servent l’énergie du festival.

Une de nos volontés est d’étendre au maximum les modes d’expression de la poésie. A ce titre, nous mélangeons volontiers les genres et proposons, outre des lectures musicales, des concerts, des performances de danse, des projections cinématographiques, etc…

 

Votre édition 2020 a été directement impactée par le confinement. Aviez-vous envisagé de proposer quelque chose sur le web en remplacement ?

Au vu des mesures prises par les autorités, nous avons reporté l’édition en 2021. L’idée de proposer quelque chose online nous a d’abord effleuré l’esprit, et puis nous nous sommes vite rendu compte de la charge de travail supplémentaire que cela allait impliquer. Une fois la déception digérée, nous nous sommes rapidement mis à rêver à la prochaine édition.

Comment voyez-vous l’avenir du Festival ?

Les événements qui peuvent l’être seront reportés en 2021 et dans une certaine mesure, de nouveaux projets seront programmés.

S’agissant de notre vision à long terme, nous rêvons d’un festival qui fasse résonner la poésie dans les moindres recoins de la ville. Nous sommes conscients qu’à l’heure actuelle la poésie reste un univers hermétique pour bon nombre de personnes. Nous travaillons justement à imaginer des passerelles conviviales pour rappeler que la poésie vibre en chacun de nous.

 

Vous collaborez également avec des artistes plasticiens pour des performances ou des expositions liées au travail d’un auteur.

L’année dernière nous avons travaillé avec Cécile Giovannini, Stéphanie Lathion et Renée Chappaz-Peiry pour l’exposition intitulée Printemps je te bois autour de l’écrivaine S. Corinna Bille.

Cette année, nous avions choisi d’accueillir le projet de la plasticienne Christel Voeffray et l’écrivaine Anaïs Carron, dont les univers singuliers et énigmatiques donnent à la poésie une fraîcheur et une modernité que nous affectionnons particulièrement. Une création que nous suivons depuis le départ, et comme à chaque fois, nous sommes très reconnaissants du travail réalisé par les artistes qui créent avec talent et générosité.

Vous avez à cœur de toucher un public aussi large possible. Quels projets avez-vous mis en place afin d’atteindre cet objectif ?

L’identité du festival se veut multiple et bigarrée. En 2019, le projecteur mis sur S. Corinna Bille avait suscité beaucoup d’intérêt.

À cette occasion, plusieurs artistes issues de différents domaines avaient participé avec enthousiasme à des actions de médiations en milieu scolaire. En parallèle, un projet d’appel à poèmes en lien avec l’exposition de la Médiathèque Valais-Martigny avait titillé la plume d’une trentaine de visiteurs.

Nous proposons également des activités créatives pour les enfants en collaboration avec des professionnel.le.s de l’animation et de l’écriture durant le Festival mais également à d’autres occasions comme le Village de Noël à Martigny. En effet, l’association Cellules poétiques s’active et noue des collaborations pour mettre sur pied des événements poétiques en dehors du Festival. En 2021, nous espérons pouvoir lancer des invitations pour de nouveaux rendez-vous.

www.cellulespoetiques.ch

https://www.facebook.com/cellulespoetiques/

https://www.instagram.com/cellulespoetiques/?hl=fr

 

 

 

ILLUSTRATIONS

[1] Cellules Poétiques, Concert Projet XVII, Caves du Manoir, Crédit Photographique: Marine Valloton

[2] Cellules poétiques, Concert Aurélie Emery, Crédit Photographique: Marine Vallotton

[3] Cellules Poétiques, Concert Aurélie Emery, Crédit Photographique: Marine Vallotton

[4] Cellules Poétiques, Correspondances Bille-Chappaz par C.Epiney et O.Lambelet, Crédit Photographique:Léa Dorsaz

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