Une réflexion sur le voile islamique au Québec

L’auteur nous rappelle que ce voile n’a pas existé de toute éternité (30 ans environ), donc qu’en tant que signe ostentatoire il est beaucoup plus politique que religieux. Et il rappelle une autre évidence : au Québec, jamais une communauté migrante n’avait demandé les « accommodements » que les islamistes exigent désormais quotidiennement.

 

 

La propagation du voile islamique – Les raisons historiques

René Tinawi, Ph.D., ing.

 

 

Le débat concernant la charte de la laïcité a fait couler beaucoup d’encre. J’ai suivi avec intérêt presque tout ce qui a été écrit et à mon humble avis, une question importante concernant la propagation du voile islamique n’a pas été abordée. Le pour et le contre des signes ostentatoires a fait l’objet de multiples échanges mais la question fondamentale demeure : si le voile islamique était inexistant il y a 20 ou 30 ans, on peut sans trop se tromper affirmer que depuis les vingt dernières années on remarque à Montréal, et ailleurs dans le monde, une recrudescence de ce signe ostentatoire. Pourquoi ? L’objectif de ce texte est de fournir une possible explication à cette question afin d’orienter le débat, concernant le projet de loi no. 60, sur des bases plus solides.

 

J’ai grandi en Égypte et j’ai quitté ce pays en 1960. Je ne me souviens pas d’avoir côtoyé ou connu des femmes ou des filles voilées avant de partir. Au centre sportif, les femmes musulmanes se baignaient à la piscine en maillot une-pièce et jouaient au tennis en short. Les mots burka, niquab, tchador ou hijab n’existaient même pas dans le vocabulaire. J’ai effectué une visite en Égypte en 1977 et là encore le voile était inexistant. Une autre visite en 1994 où là j’ai remarqué un changement. Je désire faire la chronologie des événements historiques, qui se sont déroulés ailleurs, pour la compréhension de la situation actuelle au Québec.

 

Une image vaut mille mots. Les photos de graduation de la Faculté des Arts (Département d’anglais) de l’Université du Caire sont éloquentes. Ces images, Mme Nonie Darwish, une égyptienne qui vit maintenant aux E.U., les a publiées sur Internet. Elle fait remarquer que les photos de graduation des années 1959 et 1978 sont très différentes des années 1995 et 2004. Elle ajoute : ‘cette différence provient du fait que l’Islam radical a maintenant dominé l’esprit des femmes éduquées dans le monde arabe’. Pourquoi cette domination de l’Islam intégriste pas seulement en Égypte mais partout dans le monde arabe? Le lien est bien sûr la confrérie des Frères musulmans (en arabe Al ekhwan el mousselémine).

Une réflexion sur le voile islamique au Québec
Une réflexion sur le voile islamique au Québec
Une réflexion sur le voile islamique au Québec
Une réflexion sur le voile islamique au Québec

 

Commençons par la définition des Frères musulmans. Selon l’Encyclopédie Larousse en ligne : ‘Mouvement politico-religieux sunnite fondé en Égypte en 1928 par l’instituteur Hassan el Banna. Les thèmes essentiels de la doctrine originelle des Frères musulmans sont la création d’un état musulman théocratique, le rétablissement du califat, la lutte contre toute tentative de rénovation ou de ‘modernisation’ de l’islam, la dénonciation d’une civilisation occidentale en décadence, l’anticolonialisme, le panislamisme et le panarabisme ainsi que l’anticommunisme’. Il est évident que cette vision n’a pas beaucoup changé à ce jour, sauf pour l’expansion de cette confrérie dans plusieurs pays arabes et autres.

 

Bref historique

Après sa création, la confrérie multiplie, grâce à ses commandos, les attentats contre le pouvoir égyptien dans les années 1945 à 1948. La révolution de 1952, orchestrée par les officiers de l’armée, a mis fin à la monarchie et à la présence britannique en Égypte. Nasser, le leader de ces officiers, s’est dissocié des Frères musulmans lorsqu’ils lui ont demandé d’instaurer la Sharia en Égypte. Son refus en 1954, lors d’un célèbre discours un peu cynique concernant les Frères musulmans, a été suivi par des attentats sur sa vie. Nasser emprisonne alors les leaders islamiques et déclare le mouvement interdit. Ceci a par contre favorisé l’expansion de la confrérie à l’étranger. Nasser, qu’on pourrait qualifier de visionnaire, voulait il y a soixante ans, dans un pays musulman à 90%, la séparation de l’état et du pouvoir religieux. Après sa mort, Sadate lui succède en 1970. Il entreprend la restauration des relations diplomatiques avec Washington, signe un traité de paix avec Israël et libère les Frères musulmans emprisonnés. La confrérie des Frères musulmans devient active, appuie fortement les associations étudiantes au sein des universités, organise le mouvement du Djihad (lutte) islamique qui s’attaque aux touristes étrangers en Égypte, condamne la paix avec Israël, et accentue les discours des Imams dans les mosquées. En 1980, ils assassinent celui qui les a libérés. Moubarak prend la relève et lors des élections subséquentes les Frères musulmans deviennent politiquement actifs et obtiennent lors des élections de 1987, 10% des sièges au parlement égyptien. Par la suite, lors des élections législatives de l’an 2000, ils forment l’opposition officielle. Lors des élections de 2006, ils deviennent encore plus présents et actifs. Mais, depuis 2008, la situation économique et sociale se détériore, le prix des denrées de base augmente considérablement ainsi que les taxes et le mécontentement social. Des attentas contre les églises et la communauté copte sont perpétrés par les Frères musulmans et c’est le début de la grogne populaire contre le régime Moubarak. Les tensions religieuses s’accentuent en Égypte et en 2011, c’est la grande surprise avec la révolution tunisienne d’abord, puis la chute de Moubarak peu de temps après. Le reste est connu, avec l’élection du président islamiste Morsi en 2012 et sa chute en 2013.

 

Quelques pistes

Revenons à nos images et les raisons de la propagation du voile. À cause de la situation économique désastreuse, des milliers d’Égyptiens sont partis travailler en Arabie Saoudite dans les années 1960 et 1970 avec des salaires extrêmement élevés. Leur contact avec l’Islam extrémiste en Arabie a certainement influencé leur croyance religieuse. À leur retour, le fossé entre riches et pauvres s’est accentué et les Frères musulmans ont capitalisé sur ces Égyptiens déjà endoctrinés en Arabie, et instruits, pour les recruter. En parallèle, la confrérie a commencé à s’occuper des œuvres caritatives et à combler le vide social que le gouvernement était incapable de fournir. Les œuvres sociales de la confrérie (banque alimentaire, soins médicaux, présence morale, éducation religieuse, etc.) ont entraîné plusieurs musulmans à adhérer au mouvement. Cette charité bien organisée, et financée par des sources externes, a fidélisé au mouvement les plus vulnérables et les plus pauvres, mais néanmoins instruits. En parallèle, les Imams ont commencé à prêcher l’importance de la renaissance de l’Islam, le retour à la prière, le port du voile, l’adhésion à l’Islam fondamentaliste et à la Sharia.

 

Selon l’auteur du livre ‘Inside Jihad – Understanding and confrontant radical Islam’, le Dr. Tawfik Hamid écrit : ‘…Outre les Imams, les disciples des Frères musulmans ont commencé à prêcher dans les amphithéâtres des facultés pour accélérer le recrutement d’hommes et de femmes qui ne se côtoyaient pas socialement. Les femmes étaient voilées et ne priaient pas dans la même salle que les hommes’. Toujours selon Hamid, les étudiants avaient comme prédicateur Ayman el Zawahiri, un brillant médecin, qui est devenu par la suite le chef du Djihad Islamique et subséquemment s’est joint à Al-Qaeda pour en devenir le numéro 2 auprès de Ben Laden. Un autre sermonneur était le Dr. Abdel Aziz el-Rantisi qui s’est joint par la suite au mouvement Hamas. En bref, l’objectif de la confrérie étant de recréer un Califat Islamique (disparu après la chute de l’Empire Ottoman) et d’unir le monde arabe sous un même prince qui aurait les pouvoirs politiques, religieux et militaires. Une phrase de Tawfik Hamid qui demeure importante :‘…Les Frères musulmans utilisent la démocratie comme tremplin pour détruire la démocratie’.

 

Tous les Frères musulmans ne sont pas nécessairement des terroristes, mais il est important de connaître quelques-uns des principaux acteurs, leur objectif, leur enseignement et de ne pas être surpris si l’influence des islamistes extrémistes s’étend continuellement en Europe, aux E.U. et au Canada avec des jeunes ou des étudiants, dans nos universités, prêts à commettre des actes terroristes au nom d’Allah et de l’Islam fanatique, tout en ayant la conscience tranquille, grâce à la Sharia, car ils considèrent tous les non-musulmans comme des infidèles.

 

Revenons à nos images. Le mouvement politico-islamiste, qui est maintenant bien ancré dans certains pays arabes et exporté dans plusieurs pays où des musulmans y sont présents, se fait remarquer par la visibilité de barbus intégristes et de femmes voilées. Ces femmes (selon les rares féministes musulmanes qui vivent à l’étranger) n’ont pas de choix et se montrent comme de bonnes musulmanes par obligation ou par pression sociale et familiale. En général, et en particulier dans le monde arabe, l’apparence est importante. Si ces femmes ne portent pas le voile, elles seront traitées de rebelles et risquent gros. Par conséquent, la majorité des femmes finit par céder, pour ne pas avoir à mener une bataille perdue d’avance. On a tous été témoins du traitement des femmes en Iran, en Arabie, en Algérie et ailleurs où l’Islam politique et l’intégrisme religieux sont présents. Dans ces pays, la femme ne sera jamais l’égale de l’homme. À titre d’exemple anodin, pour illustrer une de ces multiples inégalités, la Sharia indique que la femme, lors d’une succession, hérite de la moitié de la part de l’homme. En droit, une femme vaut un demi-témoin. Donc deux femmes doivent être présentes pour témoigner d’un incident civil ou criminel en cour. N’eut été de la position ferme de l’Assemblée Nationale contre la Sharia, l’Ontario aurait eu la sienne.

 

Questions importantes

Le Québec a favorisé l’immigration musulmane de l’Afrique du Nord pour des raisons linguistiques et la possibilité d’intégration rapide au Québec. Cependant, il est important de se demander, connaissant les visées de l’Islam politique et intégriste, si ces femmes musulmanes, dont l’identité passe par le voile, seraient les soldates de ce mouvement extrémiste. Cette farouche attache à ce symbole religieux, pour ces femmes intégristes, nous incite à poser la question : quel est le vrai motif derrière ce voile ? Si ces femmes voilées ne représentent pas une cause politique, enlever ce signe ostentatoire pour quelques heures de 9 à 5 ne devrait pas alors ébranler leur foi. Après tout, ce voile n’existait pas il y a 20 ans, même si l’Islam existe depuis 1400 ans.

 

Conclusion

On a souvent traité les québécois de racistes, de xénophobes, d’islamophobes, etc. Personnellement en tant qu’immigrant, maintenant confortablement intégré à la société d’accueil, je ne suis pas d’accord avec ces qualificatifs. Je pense plutôt que les québécois ont une attitude ‘bon-enfant’ et jugent les autres selon leur culture judéo-chrétienne en offrant un accueil chaleureux et le bénéfice du doute à toute personne qui désire s’établir et s’y intégrer. Par contre, les réclamations continuelles d’accommodements déraisonnables, de la part d’intégristes fanatiques, deviennent à la longue des irritants majeurs et perturbent la paix sociale. Après tout, des Italiens, des Grecs, des Latinos, des Vietnamiens, des Haïtiens et bien d’autres se sont intégrés ici sans problème et sans demande d’accommodement. J’ajouterai simplement que l’Islam politique et l’islam intégriste sont complètement incompatibles avec les valeurs et le mode de vie de la société québécoise.

 

Pour terminer sur une note moins sérieuse, mais néanmoins scientifique, vu que j’ai enseigné et effectué des recherches sur le génie parasismique pendant trente ans, je voudrais simplement citer l’Imam iranien Hajatosalem Hazem Sedighi qui prétend que l’habillement des femmes à l’occidentale augmente les risques de tremblements de terre. Je suis content d’avoir pris ma retraite du milieu universitaire car je n’aurai pas besoin de faire la mise à jour de mes notes de cours sur ce sujet. Il faut simplement dénoncer ces âneries et bien d’autres.

Le 12 décembre 2013

 

 

CECI ETAIT LE 5000EME ARTICLE PUBLIE DANS CE BLOG !!!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.