Macron et Deschamps, preneurs d’otage légaux de la France

Emmanuel Macron et Didier Deschamps respectent tous deux l’Etat de droit. En sa qualité de président de la république française, l’époux de Brigitte avait le droit de dissoudre l’assemblée nationale et a le droit de désigner le prochain premier ministre et de demeurer à la tête de la France jusqu’en 2027. L’ancien coéquipier de Zidane est au bénéfice d’un contrat de travail non résilié et peut donc revendiquer de mener l’équipe de football à la prochaine Coupe du Monde de football en 2026. Personne ne peut les descendre de leur piédestal.

Didier Deschamps n’hésite pas à dire aux journalistes qui l’interrogent et aux auditeurs des diverses chaînes d’information que les téléspectateurs ont tout à fait le droit de ne pas regarder la France jouer s’ils n’apprécient pas le jeu présenté. Emmanuel Macron écrit aux Français qu’il entend que les parlementaires s’accordent avant qu’il ne prenne les devants et s’oppose à s’aventurer auprès du Nouveau Front Populaire pour dénicher le successeur de Gabriel Attal.

Les deux situations, me direz-vous, sont tout à fait distinctes. Mais n’empêche tant Macron que Deschamps sont décriés dans leur approche de la gestion des hommes, des stratégies et des tactiques à mettre en place avant que tout ne se délite.

Macron ne veut ni d’une politique d’extrême gauche, ni d’une politique d’extrême droite. Il veut la sienne et rien d’autre, nonobstant le fait qu’il ne parvient pas à trouver une majorité. Deschamps ne veut pas quitter sa fonction ni faire jouer la France de manière plus joyeuse. Jouer moche et gagner, tel est son leitmotiv. Personne ne fera changer la musique intérieure qui anime Emmanuel et Didier. Ces deux personnalités fortes de leurs succès antérieurs et bien passés ne s’inquiètent pas des critiques qu’ils n’écoutent jamais et regardant droit dans les yeux leurs interlocuteurs ne comprennent pas qu’ils puissent être considérés objectivement comme des preneurs d’otages de la France, la leur et rien d’autre.

Que les deux tiers de l’électorat a dit NON à Macron n’inquiète pas le président. Que les deux tiers des amis de l’équipe de France souhaitent un changement de sélectionneur n’indispose pas Deschamps. Macron et Deschamps ont été investis en toute légalité, sont parvenus par leur stratégie à certains résultats et sont convaincus que leur pragmatisme empreint d’une rigidité presque cadavérique est la seule voie raisonnable pour la France, la leur.

Le président ne veut ni Mélenchon ni Marine; le sélectionneur ne veut pas que lui succède Zinedine Zidane. Alors bien attachés à leurs prérogatives, Macron et Deschamps imaginent sans ciller que tous deux défileront sur les Champs-Elysées en 2026 au retour des Etats-Unis portant la prochaine Coupe du Monde de football.

Dans l’intervalle, les citoyens, politiques et sportifs, auront été confrontés à d’autres grèves, à d’autres éclats, à d’autres batailles défensives indigestes et très moches et à d’autres critiques qui glisseront sur leur peau : « si vous êtes pas contents, changez donc de chaîne ».

Plus besoin de rhétorique, plus besoin d’arguments, plus besoin de débat. Simplement accepter l’autorité de ces deux braves incapables d’envisager un collectif duquel ils seraient exclus.

C’est pas simple de redevenir simple citoyen ou simple spectateur sportif lorsque l’on est convaincu d’être porteur de la seule et unique bonne parole.

Ce qui unit Macron et Deschamps est très simple à comprendre : la qualité de leur faculté à ne pas écouter.

Stéphane Riand

Licencié en sciences commerciales et industrielles, avocat, notaire, rédacteur en chef de L'1Dex (1dex.ch).

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