Pourquoi Rima Hassan a été entendue pendant plus de 11 heures par la police
(PAR THE HUFFPOST)
La députée européenne a été entendue en audition libre pour des tweets publiés il y a un an en soutien à la Palestine.
POLITIQUE – Elle aurait pu faire valoir son immunité parlementaire mais a préféré se rendre à sa convocation. La députée européenne de La France insoumise Rima Hassan a été entendue par la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP) le mercredi 17 avril.
Pendant près de onze heures et demi, sans pause, la juriste de formation a été questionnée sur les mots qu’elle choisit pour affirmer son soutien à Gaza, alors que l’armée israélienne continue d’y mener une guerre de tous les instants. Selon ce qu’a révélé son avocat sur les réseaux sociaux, cela faisait suite à une première audition qui s’était tenue en avril 2024. Il rappelle que « depuis plusieurs mois, de nombreuses convocations de personnes (militants, syndicalistes…) du chef d’apologie du terrorisme interviennent dans le contexte de l’offensive menée par Israël ».
Rima Hassan a d’abord été interrogée sur l’un de ses tweets, rédigé il y a un an, qui appelait à venir manifester à Sciences Po Paris pour soutenir la Palestine, insistant sur le fait que « l’heure est au soulèvement ». Un mot qui, traduit en arabe, veut dire « intifada » et renvoie à une histoire bien précise du conflit israélo-palestinien. Rima Hassan a-t-elle ainsi voulu appeler à la violence, se demandent les enquêteurs ? « C’était essentiellement un débat sémantique, basé sur des suspicions », relate l’élue à la sortie de sa convocation, expliquant qu’il lui a été demandé si elle appelait « à la révolution ou à l’insurrection ».
Les policiers ont ensuite cherché à savoir si elle était liée, de près ou de loin, à la séquence des mains rouges. Des étudiants de Sciences Po s’étaient en effet affichés les mains couvertes de peinture rouge, pour dénoncer ceux qui « ont du sang sur les mains », avaient-ils déclaré à l’époque. Mais ils s’étaient aussitôt vus accuser de reprendre à leur compte un symbole antisémite. Ce que tous ont contesté. « Les mains rouges sont une référence dans le militantisme anti-guerre et dans la dénonciation de crime commis. Elles ont notamment été utilisées sous la dictature de Pinochet au Chili », assure aujourd’hui Rima Hassan.
François-Xavier Bellamy avait porté plainte
Deuxième affaire pour laquelle elle était entendue le 17 avril : un tweet jugé menaçant à l’égard de son collègue François-Xavier Bellamy. Alors qu’elle espérait être nommée vice-présidente de la commission Droits de l’Homme au Parlement européen, le député Les Républicains avait tout fait pour l’en empêcher. « Pour le moment, Bellamy et ses petits copains, proches du régime génocidaire israélien, dorment bien la nuit. Ça ne va pas durer », avait alors écrit Rima Hassan. « Je faisais bien entendu référence au fait qu’ils ne pourraient pas avoir la conscience tranquille en défendant l’indéfendable », se justifie l’élue européenne. S’estimant menacé de mort, François-Xavier Bellamy avait porté plainte.
La militante franco-palestinienne « s’est montrée particulièrement coopérante, en dépit de ce qu’elle considère comme étant un acharnement judiciaire à son endroit, précisément parce qu’elle conserve confiance en la justice », assure son avocat Vincent Brengarth, pour qui « l’intensité de ces poursuites atteste d’une criminalisation des soutiens à la Palestine ». « La cause palestinienne est plus que jamais un test pour nos propres démocraties et l’effectivité de nos droits », affirme aussi savoir Rima Hassan. Elle n’en a pas fini avec la justice, puisqu’elle doit encore être auditionnée pour quatre affaires ayant également trait à son soutien à la Palestine.