15 juillet 2025

« Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie » (Jacques Prévert)

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« Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie » (Jacques Prévert)

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Église. Jean-Marie Lovey en mode démission et Narcisse Praz sur la voie de la canonisation


Défenseur de la liberté d’expression en Valais, j’ai été appelé dès après la création de L’1Dex le 1er mai 2011 à m’interroger : ce premier texte transmis à mon bureau par Narcisse Praz doit-il, peut-il, être publié sur ce blog/média nouveau ? Le propos, vous le supposez déjà, était iconoclaste, anti religieux, féroce et libre. J’ai réfléchi : est-il concevable de refuser un article empreint d’une formidable sincérité, je dirais aujourd’hui de vérité, d’un anarchiste sans dieu ni Maître, si à la première objection il fallait nier la possibilité à Narcisse Praz de participer à cette aventure naissante ? J’ai publié Narcisse Praz, sans débat interne associatif à l’époque, et cet homme de plume a continué à produire au gré de ses humeurs de nombreux textes pour L’1Dex.

Que de critiques ai-je reçu de la bien-pensance bourgeoise sédunoise : mais comment peux-tu accepter Narcisse dans les colonnes de L’1Dex ? Ses critiques contre l’église catholique sont ignobles, insultantes, outrageantes, et j’en passe; ce ne sont qu’actes de vengeance et de ressentiment d’une victime sans importance d’actes résiduels ?

Je me retourne aujourd’hui vers hier, avec ce sentiment intime d’un joueur qui se remémore un moment décisif et je me dis à moi-même simplement : « Bien joué, Steph ». Et surtout merci à Narcisse d’avoir librement choisi L’1Dex.

Attablé au Panetier après un croissant et un renversé, je lis l’édition du Nouvelliste dès samedi 21 et dimanche 22 juin 2025, « Rapport accablant sur les violences sexuelles » commises au sein de l’abbaye de Saint-Maurice entre 1960 et 2024, soit tout au long de la vie de mon frère Nicolas. C’est édifiant :

– agressions sexuelles répétées et récurrentes

– dissimulation des abus

– protection des chanoines incriminés

– négligence des victimes

– viols récents

– accueil de criminel persévérant dans ses agissements honteux

– relations sexueles avec des jeunes filles

– avortements forcés

– systématisation des schémas

– absence de sanctions et simples déplacements des auteurs des actes

– désinformation au Conseil abbatial

– outrages publics à la pudeur

– réengagement d’un criminel

– comportements pernicieux

– actes de brutalité

– sadisme

– shootings photo

– masturbations de jeunes adolescents

– traitements humiliants

– châtiments corporels

– minimisation systématique des faits

– euphémismes sous la forme de touche-pipi, de bêtises ou de difficultés affectives

– dénigrement des victimes sur lesquelles est jeté le discrédit

– victime décrite comme charmeuse et tentatrice

– appréciation des gestes criminels par la victime

– invocation d’un éventuel inceste antérieur

– verdicts de non-culpabilité émanant du Vatican

– invocation d’une cabale pernicieuse

Chers Lecteurs, après la lecture de ces mots non exhaustifs, imaginez les commentaires de Narcisse Praz sur ce passage : « Le père abbé a discuté de la situation avec l’évêque de Sion, Jean-Marie Lovey, qui connaissait le clerc incriminé pour l’avoir également accueilli chez lui entre 2013 et 2017. Ils ont conclu qu’il ne fallait pas surinterpréter des faits objectifs ».

Préserver l’Église si abhorrée par Narcisse Praz ne devrait pas conduire seulement au départ inéluctable de Jean Scarcella comme le propose Justin Grept dans son éditorial mais la démission nécessaire communiquée urbi et orbi de l’évêque de Sion Jean-Marie Lovey, et du chanoine Antoine Salina, seule mesure à même de faire croire à un commencement de semblant de reconnaissance de la gravité de la chose.

Quelque qui aurait affaire avec le concept de responsabilité.

 

Le résumé du rapport complet transmis à L’1Dex

 

Abbaye de Saint-Maurice : 64 ans de silence brisé, l’institution face à ses démons
L’Abbaye de Saint-Maurice, fleuron spirituel du Valais, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une onde de choc historique. Un rapport indépendant, fruit de plusieurs mois d’enquête minutieuse, dévoile l’ampleur et la constance des violences sexuelles commises au sein de cette institution sur plus de six décennies. Ce document, d’une rigueur implacable, met à nu non seulement les faits, mais surtout les mécanismes de déni, d’omerta et de gestion défaillante qui ont permis à ces crimes de prospérer dans l’ombre.
Derrière les murs séculaires de l’Abbaye, la réalité est glaçante : des dizaines de situations de violences sexuelles attribuées à des religieux ou membres du personnel, au moins autant de victimes recensées, dont la grande majorité étaient mineures au moment des faits. Mais ce chiffre n’est qu’un reflet partiel d’une réalité probablement bien plus vaste, tant la culture du silence et la destruction des archives ont entravé la pleine révélation des faits. Les témoignages recueillis, souvent pour la première fois, révèlent une souffrance durable, des vies brisées, des familles marquées par le soupçon et l’indicible, et une institution plus soucieuse de sa réputation que du sort des victimes.
Le rapport met en évidence la dimension systémique des abus : loin de se limiter à quelques individus isolés, les violences sexuelles se sont inscrites dans un contexte de cléricalisme, d’autorité sans partage, de promiscuité et d’absence totale de débat sur la sexualité. Les auteurs ont pu agir en toute impunité, protégés par une hiérarchie défaillante, des procédures internes opaques, et une société longtemps dominée par le poids de l’Église et le tabou.
Les réponses institutionnelles, lorsqu’elles existent, oscillent entre déplacement des abuseurs, camouflage des faits, et communication aseptisée. La justice civile n’a été saisie que dans une poignée de cas, la plupart des situations ayant été étouffées ou prescrites. Les archives révèlent une gestion interne marquée par l’euphémisation, l’absence de sanctions réelles et une priorité donnée à la préservation de l’image de l’Abbaye sur la reconnaissance des victimes.
Ce rapport fait voler en éclats le mythe d’une institution exemplaire. Il appelle à une prise de conscience radicale, à l’application stricte des directives de prévention, à un travail de mémoire et de reconnaissance, et à la fin du règne du silence. L’Abbaye de Saint-Maurice, confrontée à son passé, ne pourra plus se contenter de demi-mesures. L’heure est venue de regarder en face ses responsabilités et d’entendre, enfin, la voix de celles et ceux qui, trop longtemps, ont été condamnés au silence.

Stéphane Riand

Licencié en sciences commerciales et industrielles, avocat, notaire, rédacteur en chef de L'1Dex (1dex.ch).

9 thoughts on “Église. Jean-Marie Lovey en mode démission et Narcisse Praz sur la voie de la canonisation

  • Je vous annonce la parution prochaine du dernier roman autobiographique de Narcisse Praz intitulé «Stigmates d’enfance». Cet ouvrage, dont la rédaction fut terminée à fin 2023, relate la dure réalité vécue vers 1940 par les habitants de Nendaz. Une large place est également consacrée à ses années d‘enfance passées sur les bancs du Collège St-Michel, à Fribourg, avec à la clef les abus sexuels subis dans cette institution. L’auteur ne pourra malheureusement pas assister à la réalisation de cette publication puisqu’il est décédé en mars 2024.

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  • Silence fissuré

    L’ombre des clochers a caché des êtres brisés,
    Des enfances volées dans l’or pieux des églises,
    Et nul cri n’échappait aux murs sanctuarisés,
    Car le clergé couvrait les coupables en déguise.

    Valais catholique auteur de violentes blessures,
    Hommes de prêtrise prédateurs en habit saint,
    Mille douleurs habitées ont été tues en parjure,
    Souillant l’autel offert de leurs gestes malsains.

    De l’évêché en place au curé en presbytère,
    Nièrent les soupirs et étouffèrent les pleurs,
    Plutôt le secret des abus à la justice acère,
    Pour servir leur pouvoir d’adorer leur seigneur.

    Combien d’enfants perdus par vile abjection,
    Combien de vies violées sous couvert sacré,
    La foi vacille à Rome point de pardon à Sion,
    La honte enfin scellée aux échos étouffés.

    Mille voix se soulèvent fissurant le silence,
    Victimes qui osent briser leur sombre passé,
    Et face à leur lumière vive s’écroule l’arrogance,
    D’un clergé coupable trop longtemps encensé.

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  • … je l’attends avec impatience … j’espère que l’IDEX nous en parlera
    bon week end
    Gd. Ayent

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  • Merci du lien, ce rapport clinique est rédigé avec mesure et poids des faits minutieusement décrits. Impressionnante lecture.

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  • Si tu fait du mal a un enfant c est a moi que tu le feras *
    Qui serait t il ? Le pire a venire …

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  • Tu fais ; il fait ; nous faisons …
    Voici un correctif en langues ; tel serait un nombre d or ? Ou une porte de l enfer , qui croit que la Jerusalem céleste est sur terre ? Donald ? Encore ….

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  • Je ne sais pas comment Jean-Marie Lovey ose encore rester à son poste. C’est honteux!

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  • Je suis enceinte de la justice ! Mais j ai l idée de l avortement …
    Est ce l adoration , sois tu la pomme , le serpent , ou l arbre ?
    Serais tu Sion , fille de Judas ? Engendrée de ceux de la bas . .

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