CATALOGNE. L’ESPAGNE DE FRANCO ET LEON DEGRELLE, NAZI ET NEGATIONNISTE

(PAR WIKIPEDIA)

 

Le résumé

Léon Degrelle, né le  à Bouillon (Belgique) et mort le  à Malaga (Espagne), était un journalisteécrivain, et directeur de presse engagé dans la mouvance catholique belge. Il entama ensuite une carrière politique, en fondant le mouvement Rex, au départ parti nationaliste proche des milieux catholiques, qui devint rapidement un parti fasciste, puis durant la Seconde Guerre mondiale, se rapprocha du national-socialisme, pour finir dans la collaboration avec l’occupant allemand. Combattant sur le front de l’Est avec la 28e division SS Wallonie, il termina la guerre en tant que SSSturmbannführer et Volksführer der Wallonen. Exilé en Espagne en 1945 et naturalisé en 1954, il y vécut près de cinquante années en construisant sa propre légende et s’érigeant comme un ardent défenseur du nazisme et des thèses négationnistes. Il s’imposa comme une référence de l’extrême droite.

 

L’exil

Condamné à mort par contumace par le Conseil de guerre de Bruxelles, le 128, Degrelle gagne, fin avril 1945, le Danemark puis la Norvège, deux pays toujours sous contrôle allemand ; il atteint Oslo où il réquisitionne un bombardier bimoteur Heinkel 111 et finit, après avoir survolé une grande partie de l’Europe, par atterrir en catastrophe sur une plage de Saint-Sébastien dans le nord de l’Espagne125. Sa présence embarrasse le régime de Francisco Franco, qui héberge déjà Pierre Laval125. Un correspondant de guerre belge, R. A. Francotte, lui rend visite à l’hôpital où il constate qu’il est sévèrement gardé. Lors de cette rencontre, Degrelle affirme qu’il est prêt à revenir en Belgique pour y être jugé, à condition qu’une amnistie totale soit accordée aux anciens combattants du front de l’Est, qu’il puisse s’y présenter « revêtu de son glorieux uniforme à cocarde belge, porteur des décorations gagnées au front » et qu’il assure sa défense lui-même, le procès devant recevoir une large publicité dans la presse et à la radio129.

Le chargé d’affaires de Belgique en Espagne, Jacques De Thier, entame dès 1946 des négociations avec les autorités espagnoles pour le refoulement de Degrelle vers la France ou Gibraltar, sa livraison aux Nations unies ou aux autorités d’occupation en Allemagne, alors qu’une demande d’extradition doit encore être examinée par la justice espagnole. Ces tentatives échouent en raison du manque de soutien des gouvernements et diplomates britanniques et américains et des réticences du ministre espagnol des affaires étrangères qui estime « que depuis l’affaire Lavalm, nous ne devons plus livrer d’autres prisonniers politiques130 ». Le , les autorités espagnoles font savoir à De Thier que « le Conseil d’État est opposé à l’extradition, [parce que] les crimes qui sont imputés à Degrelle sont politiques ou connexes à une activité politique ». Cette réponse suscite un violent discours du ministre belge des affaires étrangères, Paul-Henri Spaak, le , au cours duquel il réitère sa demande d’extradition et menace de porter l’affaire devant le Conseil de sécurité des Nations unies, ce qui est fait dans les jours qui suivent. Dans un climat de plus en plus tendu, le gouvernement espagnol accepte de régler l’affaire Degrelle à trois conditions : la Belgique doit retirer sa plainte devant l’ONU, donner l’assurance que Degrelle serait jugé conformément aux lois et déclarer que le règlement de l’affaire Degrelle contribuerait à rétablir des relations diplomatiques normales avec l’Espagne. Pour Spaak, ces trois conditions sont inacceptables : « il est indécent de nous demander une assurance que Degrelle sera jugé conformément aux lois » et il n’accepte « pas de marchandage entre la livraison de Degrelle et la reprise des relations normales avec l’Espagne »131.

Après une nouvelle proposition espagnole, qui réitère à peu de chose près les conditions fixées précédemment, mais cette fois sous la forme d’un communiqué commun publié par Bruxelles et Madrid, et qui essuie un nouveau refus de Spaak, De Thier est informé le  au matin que Degrelle a reçu un ordre de quitter le territoire et qu’il a été mis en liberté surveillée pour pouvoir s’y conformer. Pour De Thier, les complicités espagnoles dans la disparition de Degrelle ne font pas de doute : Degrelle quitte l’hôpital le 21 août à huit heures du matin dans un taxi à bord duquel l’attendent deux passagers, la police locale refuse d’entamer des recherches et le jour même, vers dix heures du soir, les ministères des affaires étrangères et de l’intérieur notifient à la police de Saint-Sébastien que l’affaire est terminée132. De nouvelles tentatives pour obtenir l’extradition de Degrelle sont effectuées en 1958, après la mort de son fils133, en 1970134, et en 1983, à l’initiative du député socialiste Willy Burgeon135, mais elles butent sur le fait qu’il a acquis la nationalité espagnole. En marge de ces démarches officielles, il fait l’objet de plusieurs projets de rapatriement de force en Belgique, en 19461958 et 1961, qui ne connaissent jamais le moindre début de concrétisation136.

Déchu de sa nationalité belge, Degrelle est naturalisé125 par adoption en 1954, sous le nom de Léon José de Ramirez Reina137. Dès 1947, il fait partie des fondateurs d’une association d’extrême droite, le Secours international pour les victimes du nazisme, aux côtés d’anciens membres de la Waffen-SS et de la Gestapo138. Il réapparaît en public lors d’une cérémonie organisée à la mairie de Madrid en décembre 1954 pour la remise de décorations à d’anciens combattants sur le front de l’Est et donne, à la même époque, une interview au journal El Español139. Si aucun élément n’atteste que Degrelle ait quitté l’Espagne entre 1945 et sa mort, on le voit ou l’imagine tour à tour en partance pour l’Argentine140, ou réfugié au Portugal ou en Équateur141, en Uruguay142, en Égypte143, voire en séjour en Belgique144. Sa naturalisation permet à Degrelle de multiplier les apparitions publiques : en 1962, il marie sa fille aînée, Chantal, en « grand uniforme de fantaisie, arborant ses décorations allemandes145 » ; en 1970, c’est au tour de sa cadette, Marie-Christine : Degrelle est cette fois en civil mais porte à la boutonnière les insignes de « feuilles de chêne »146. Dans la nuit du 22 au , Degrelle participe pendant deux heures à la veillée funèbre du corps de Franco, et est ensuite victime d’un malaise cardiaque147.

Degrelle se remarie, le  avec Jeanne Brevet Charbonneau, la nièce de Joseph Darnand divorcée d’Henry Charbonneau, avec laquelle il vivait depuis plusieurs années et connaît une vie prospère, notamment grâce à l’entreprise de travaux publics qu’il dirige et qui participe à la construction de bases aériennes américaines en Espagne148 après une tentative infructueuse d’importation de matériel agricole d’Argentine, une société de blanchissage, puis un commerce d’objets d’art149.

Dernier dirigeant en vie d’un mouvement pro-nazi d’une certaine importance, il devient une référence pour les mouvements néo-fascistes européens, les partis d’extrême droite et les mouvements intégristes, rôle qu’il cultive avec soin148,137. Il est proche du Front nationalet est « un admirateur et un ami de son dirigeant, Jean-Marie Le Pen »148. Lors d’une émission du Droit de réponse, sur TFI, le , Le Pen déclare : « je connais Léon Degrelle comme je connais un certain nombre d’hommes politiques mondiaux. […] C’est un monument de la seconde guerre mondiale et un personnage historique tout à fait extraordinaire. Mais c’est un vieux monsieur qui s’attribue une influence qu’il n’a pas150. » « Dans toute une série de livres et d’interviews, il tisse autour de ses faits de guerre toute une mythologie, racontant en détail ses relations privilégiées avec les dirigeants nazis et se présentant comme l’héritier de la tradition du national-socialisme européen. Les imprécisions historiques des récits historiques de Degrelle ne sont pas difficiles à relever »148. Certaines publications de Degrelle suscitent de vifs débats en Belgique. Les deux éditeurs belges de sa Lettre à Jean-Paul II à propos de Auschwitz, sont condamnés à un et deux ans de prison ferme151, et la publication de la série de Wim Dannau, Ainsi parla Léon Degrelle, entraîne un vif débat à la chambre où une interdiction est envisagée.

 

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