L’ESPRIT DE WALSER

(PAR INFOMEDUSE)

 

Au pied de son château-fort en bois qui tutoie les colonnes doriques de la gare de Bienne, un homme balaie, cocole des pots de fleurs à demi-fanées, déplace des godasses, aménage une sorte de jardin du souvenir. Cet homme, c’est Thomas Hirschhorn, l’architecte et animateur de « Robert Walser – Sculpture » à Bienne. Un événement dont seule la Suisse allemande a le secret. Comment imaginer pareil concept de ce côté-ci de la Sarine? La Suisse romande a beau disposer de municipalités roses-vertes, la mentalité y demeure cloîtrée dans des schémas petits-bourgeois.

Hirschhorn est un artiste provocateur. Sa spécialité est la mise en scène d’objets d’intérieur dans une sorte de parodie du consumérisme. A l’époque, son exposition à l’hôtel Poussepin à Paris, avait créé la polémique. Des chaises enrobées de rubans d’emballage étaient censées symboliser la Suisse. Qu’allaient faire les subventions de Pro Helvetia dans cette galère? On aimait ou on détestait, reste que l’ambassade de Suisse à Paris servait à quelque chose. Aujourd’hui on se demande pour qui roule l’Office de la culture.

A Bienne, Hirschhorn a aménagé un bourg iconoclaste où cohabitent poètes, dessinateurs, artisans, libraires, espérantistes. Une joyeuse communauté d’utopistes de tous bords. N’en faut-il pas dans ce monde où tout brûle sous la calotte glaciaire? Le moteur spirituel de cette expérience de 80 jours est un immense auteur littéraire, Robert Walser. L’équivalent de Frisch et Dürrenmatt, une icône en Allemagne, pourtant snobé en Suisse où il mourra dans une clinique psychiatrique en 1956, le sort de tant d’anti-conformistes de ce pays.

Pas sûr que la situation ait tant évolué si l’on en juge l’état des priorités en haut lieu politique. Comme cette initiative du président de la Confédération, qui aimerait accorder la nationalité suisse à l’animateur du Forum économique de Davos, l’Allemand Klaus Schwab. Une très mauvaise idée qui n’a aucune légitimité constitutionnelle. Et témoigne du désert civique dans lequel s’enfonce la Suisse.

Christian Campiche

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