LA ROUTE DU LEVANT DE DOMINIQUE ZIEGLER
Dominique Ziegler : un condensé de l’histoire humaine à travers le théâtre
I
THEÂTRE COMPLET 2011 – 2017
Les éditions Slatkine publient « Théâtre complet 2011-2017 » de Dominique Ziegler, à savoir sept pièces de théâtre recouvrant la période mentionnée dans le titre : a) Le rêve de Vladimir; b) La route du levant; c) Ombres sur Molière; d) Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?; e) Le trip Rousseau; f) Patria Grande.
II
EXTRAIT DE LA ROUTE DU LEVANT LUE PAR L’AUTEUR
III
LA CONFRONTATION VERTIGINEUSE DE DEUX VISIONS DU MONDE
Comment traiter cette incompréhension abyssale qui est mienne, celle de la confrontation entre deux visions du monde « viscéralement antagonistes », l’islamisme radical d’obédience terroriste et la conception du fonctionnaire républicain ? La réponse de Dominique Ziegler est simple : par le théâtre. Et voici le penseur genevois, présenté sur son site comme un auteur et un metteur en scène, tenter l’aventure impossible par l’écriture de « La route du levant », conçue et commencée avant les attentats de Charlie Hebdo.
Présent ce dernier mardi à la Soirée littéraire, organisée au Creux-de-Genthod notamment par Laure Mi Hyun Croset, auteure chez Albin Michel avec Le beau monde, Dominique Ziegler, qui jouait au football, enfant, avec l’éditeur Slatkine, a tenté l’aventure de mettre des mots sur ce combat à mort opposant les jihadistes aux gouvernants occidentaux, avec la volonté de « purger les passions néfastes du monde par le biais de la représentation publique ».
Dans son avant-propos, Jean Liermier, directeur du Théâtre de Carouge, affirme que le texte écrit de Dominique Ziegler est fait pour être dit à voix haute. Je dirais que les mots de Dominique Ziegler, certainement agencés pour être énoncés sur scène, peuvent aussi être lus simplement dans le silence d’une nuit d’automne. Méconnaissant gravement le théâtre, je ne connaissais pas même le metteur en scène. Je peux dire aujourd’hui que je connais un tout petit peu l’homme qui s’est inséré dans le logiciel ultra crypté, non pas d’un mafieux ou d’un pédophile, ni même dans celui d’un banquier, mais dans l’âme d’un terroriste radical, adepte de baskets coraniques. La catharsis, à la mode grecque, choisie par l’écrivain, s’est immiscée dans un polar, dont l’énigme ne sera point « spoilée », parce que je vous conseille de vous jeter sur le Théâtre complet de Dominique Ziegler.
Et je dois avouer qu’avant même la lecture de toutes les pièces du livre, je me suis imaginé partager un repas (spaghettis ou fondue à la tomate) avec ce penseur, qui nous aurait immanquablement mené à évoquer des « pubs de merde », de « fausses gonzesses lifées au silicone », l’art de créer des « structures clandestines », la qualité tennistique du « service d’Allah », les méthodes acérées pour « tuer des journalistes dans des salles de rédaction », la nécessité de s’abonner au Courrier, et le meilleur moyen pour ne pas prendre l’autre pour un con. Une discussion « sans queue ni tête », de laquelle on extrairait « des caractères codés », avec la certitude de n’avoir pas perdu une seule seconde de son temps précieux, dans une déconnade très sérieuse qui rendrait tous les participants un peu moins cons.
Et puis, au moment de savourer avec Ziegler un cigare cubain, on aurait bu assez de cognac pour répondre à cette question essentielle : « C’est quoi pour toi une femme digne de ce nom ? ».
Le lecteur, à la dernière ligne, est interloqué, ayant compris que le fonctionnaire républicain avait pris « la bouteille » au goulot et l’avait vidée. Mais comment l’auteur a-t-il osé me laisser imaginer ce qui pouvait bien y avoir dans cette putain de bouteille bue par le « héros » « comme un forcené » !
Concluons avec sérieux : lire Dominique Ziegler, même à voix basse, rend moins con. Et ça, c’est pas rien.