La dure réalité des lanceurs d’alerte valaisans

(PAR LE TEMPS DU 25 NOVEMBRE 2019)

«Le Conseil d’Etat ne punit pas les lanceurs d’alerte!» Président du gouvernement valaisan, Roberto Schmidt semble obligé de confirmer, fin août dans Le Nouvelliste, que les employés d’Etat qui dénoncent des anomalies au sein de l’administration cantonale n’encourent aucun risque. Depuis plusieurs années les affaires se multiplient dans le canton, ébranlant les autorités. A la base de plusieurs de ces révélations, des lanceurs d’alerte qui dénoncent des dysfonctionnements.

Dernier exemple en date, qui a provoqué les déclarations de Roberto Schmidt: l’affaire Rossier, du nom de l’ancien chef du Service cantonal de l’environnement, qui, en marge de son départ, a transmis de nombreux documents à l’Inspection cantonale des finances et à la Commission de gestion du parlement, pour mettre en lumière des dysfonctionnements au sein du Département de la mobilité, du territoire et de l’environnement. A l’interne de l’administration, nombreux sont ceux qui ne prennent pas les propos du président du gouvernement au pied de la lettre, mais font tout le contraire. Et l’attitude du Conseil d’Etat semble leur donner raison.

Fin octobre, la volonté du gouvernement a visiblement changé. On apprend qu’il étudie la possibilité de déposer une plainte pénale contre son ancien chef de service. «Joël Rossier a remis, à plusieurs reprises, de nombreux documents à différentes instances, dont certains ont été copiés d’un serveur de l’Etat. Cette façon de faire doit être analysée afin de déterminer si elle est conforme au droit», détaille Roberto Schmidt, soulignant toutefois «qu’aucune décision n’a été prise à ce sujet».

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Les contradictions du gouvernement

Cette attitude du Conseil d’Etat valaisan est contradictoire. Des précédents continuent de semer le doute sur la réelle volonté du gouvernement valaisan de protéger les lanceurs d’alerte. Plusieurs d’entre eux nous ont fait part de leur expérience au sein de l’administration cantonale. Léonard Dorsaz, l’ancien adjoint du chef du Service de l’agriculture, est l’une des personnes qui ont accepté de nous parler. Nommé en août 2016, cet ancien cadre de Syngenta, à Bâle, quitte son poste en mai 2018, à la suite d’un accord à l’amiable.

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Il raconte que, dans le cadre de sa fonction et au vu de son expérience à l’international, il lui a été demandé de réaliser un rapport sur le service auquel il est rattaché. Son analyse met au jour plusieurs dysfonctionnements. «Le lanceur d’alerte ose dire tout haut en interne ce que tout le monde, en externe, dit tout bas», souligne-t-il. Mais le document demeure lettre morte. «Ni le chef de service, ni les ressources humaines, ni même le Conseil d’Etat n’a prêté d’importance à ce rapport. Plutôt que de m’écouter, on m’a demandé de partir», souligne Léonard Dorsaz. Il ajoute: «A l’Etat du Valais, les gens qui voient des choses, on les déplace ou on leur demande de s’en aller.»

«Quand on touche au système, c’est dangereux»

Une vision partagée par Christophe Dussex, un ancien employé de l’Office cantonal de la viticulture. «Quand quelqu’un tire la sonnette d’alarme, on s’intéresse à sa personne plutôt qu’aux problèmes qu’il dénonce», affirme-t-il. Dans un rapport remis à son chef, il a dénoncé les irrégularités constatées au sein du domaine viticole de l’Etat du Valais. «J’ai touché à des personnes auxquelles il ne fallait pas», analyse-t-il aujourd’hui. Pour lui, c’est sa volonté de vérité qui lui a notamment valu son changement d’affectation – il a été muté auprès de l’Ecole cantonale d’agriculture – puis son licenciement à la fin de son congé maladie, sans qu’il en ait été averti au préalable. «Quand on touche au système, c’est dangereux», lâche-t-il.

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