Etat du Valais et Charles Dickens. Les errements judiciaires sont parfois hallucinants

Le plafond blanc devient noir et les gens à l’intérieur du salon lèvent les yeux vers le ciel découvrant une couleur bien différente de celle dessinée dans un jugement.

Voici dans un dossier hallucinant une lettre d’un administrateur indiquant que l’actionnaire de la société Barbara est dame Rose.

Voici dans le même dossier une autre lettre du même administrateur indiquant que l’actionnaire de la société Barbara est dame Marguerite.

Dame Rose est pleine aux as, dame Marguerite est sans le sou.

Le juge – valaisan – analyse les chances de succès, fait fi d’une tonne d’autres arguments en faveur de la dame sans ressources et s’exprime dans son impeccable sagesse ainsi : dans la lettre jointe, il est démontré que l’administrateur affirme que l’actionnaire est la riche dame Rose. Donc, l’action de la pauvresse est sans chance de succès. L’assistance judiciaire ne lui sera ainsi pas octroyée.

Qu’advint-il de l’autre lettre du même administrateur ? Elle a disparu du raisonnement mais point du dossier.

La plaisanterie dure depuis près de vingt-cinq ans sans qu’aucun jugement final n’ait été rendu. L’avenir plus ou moins rapproché dira ce que le tribunal cantonal fera de ce dossier aux milliers de pages.

Pragmatisme et bon sens devaient conduire à l’octroi de l’assistance judiciaire au simple motif que l’une et l’autre, à la fin du jeu, recevront pas mal de pépites et devront donc rembourser les émoluments à l’Etat du Valais, serviteur de justice, quel que soit le résultat final attendu avec impatience par le fisc. Est-il dans ces conditions acceptable que s’engraissent jusqu’à plus soif avocats, mandataires, experts, administrateurs, puisque l’affaire demeurera ainsi en l’état pour des années et des années d’insolente indigence intellectuelle ?

Quand on ne réfléchit pas plus loin que le bout de son nez, on lève les yeux vers le plafond et on s’aperçoit qu’un tremblement de terre dans l’intervalle a rendu l’espace et le temps si gris que les grisonnants sont devenus chauves et bobets et ne distinguent que du vide au-dessus d’eux.

Ainsi vogue la vérité procédurale vers des terres si éloignées de la plus élémentaire équité que le bas peuple choisit parfois de se faire lui-même justice à coups de barillets.

Un dossier aux multiples infractions pénales non poursuivies, par paresse ou par copinage, s’enlise dans des séquences que Charles Dickens eût ajoutées à sa Maison d’Âpre-Vent s’il était encore de notre monde. Les attaques dirigées par l’auteur contre l’appareil judiciaire s’appuient sur l’expérience que l’écrivain en avait acquise en tant que clerc. Sa mise en scène sans complaisance des lenteurs, du caractère byzantin de la loi et de la cour de justice reflète l’exaspération montante de son époque vis-à-vis du système, nous murmure Wikipédia.

Nous sommes chanceux, Bleak House se situe en Angleterre.

Stéphane Riand

Licencié en sciences commerciales et industrielles, avocat, notaire, rédacteur en chef de L'1Dex (1dex.ch).

Une pensée sur “Etat du Valais et Charles Dickens. Les errements judiciaires sont parfois hallucinants

  • 14 septembre 2023 à 5 h 32 min
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    La justice et la politique inerte vendent le peuple trente deniers a l enfer ! Faites vos jeux ..

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