Collège des Creusets. Travail de maturité. La désobéissance civile

Liminaire

L’1Dex a l’honneur de publier ce TM (Travail de Maturité) signé par Maïté Roduit, accompagné dans le cadre de cet ouvrage par Marie-Hélène Papilloud, professeur de philosophie et de français au Lycée-Collège des Creusets à Sion. Ce TM a obtenu la note maximale de 6.

Les esprits éclairés voudront certainement poursuivre leur route en parcourant la bibliographie proposée par l’étudiante en fin de document, à laquelle j’ose rajouter le Séminaire VII de Jacques Lacan, L’Ethique de la psychanalyse, et Le Capital de Karl Marx.

Un grand merci et un grand bravo à Maïté Roduit !

(Par Maïté Roduit)

Travail de maturité, accompagné par Marie-Hélène Papilloud
La désobéissance civile
PHILO-23-1-PP-1
« Jean Tinguely a fait une machine qui représente l’injustice prisonnière de la justice.         Il a fermé la porte avec un cadenas » Niki de St-Phalle

La justice de Niki de Saint Phalle au jardin de Tarots, Toscane

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« Moi, je n’ai pas dit « oui » ! qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse, à moi, votre politique, votre nécessité, vos pauvres histoires ? Moi je veux dire « non » encore à tout ce que je n’aime pas et je suis seul juge. Et vous, avec votre couronne, avec vos gardes, avec votre attirail, vous pouvez seulement me faire mourir, parce que vous avez dit « oui ». »[1]

Voilà en quelques mots le sujet que nous allons traiter dans ce travail : le « non » d’Antigone que nous pourrions aujourd’hui appeler désobéissance civile. Ce « non » qui est aujourd’hui traduit par l’abandon d’un voile, par des mains collées au bitume ou par un jet de soupe sur les Tournesols de Van Gogh. Un « non » de rébellion qui préconise le changement.

Avant de comprendre la désobéissance il nous faut nous pencher sur l’obéissance. Il s’agit d’une notion commune, mais quelles sont les raisons de cet asservissement volontaire ?

Mis à part dans le cadre familial, qui représente le seul cas d’obéissance naturelle qu’on puisse trouver, et dans le cas particulier d’un accord total avec l’ensemble des décisions prises, l’obéissance découle toujours d’un rapport de force. Au sein de la société, ce rapport est garanti par des institutions telles que la justice, la police, l’armée. Ces entités sont facilement respectées, car elles ont non seulement le pouvoir de punir quiconque contourne la loi, mais elles représentent également l’ordre. Par ailleurs, la subordination est facilitée par la présomption générale que les ordres considérés seront vertueux et intègres, ainsi qu’agissant pour le bien commun. Les ordres dictés sont alors considérés comme raisonnables, justes et bien fondés. Rousseau en parle dans son traité philosophique qui présente l’instauration d’un ordre social au service de l’intérêt général : « Celui qui fait la loi sait mieux que personne comment elle doit être exécutée et interprétée »[2]

Ainsi, si l’on accorde sa confiance aux dirigeants, il est beaucoup plus facile d’obéir et il n’apparait pas nécessaire de remettre en question le système. La tranquillité que permet la compétence des supérieurs est un confort que certains ne veulent pas abandonner. En effet, laisser le pouvoir ainsi que les décisions importantes aux mains des personnes compétentes allègent du poids des responsabilités. Par ailleurs, l’angoisse de ne pas être à la hauteur, de faire le mauvais choix ou encore l’indécision sont évitées. 

De plus, il arrive parfois qu’une forme d’humilité entre en jeu : “Je ne suis pas légitime pour prendre cette décision. Le gouvernement fera le bon choix et je m’y soumettrai.” La peur de la punition que peut engendrer la désobéissance conforte souvent l’idée de subordination. Cela est possible grâce aux pouvoirs qu’a le dirigeant entre ses mains. Tout d’abord le pouvoir sur la vie personnelle qui peut être limitée avec une peine de prison. Ensuite le pouvoir sur la vie professionnelle qu’un casier judiciaire peut réduire à néant. Et finalement, uniquement dans les sociétés où la peine capitale est légale et appliquée, le pouvoir sur la vie.

Dans une démocratie, les entités directrices maintiennent un ordre dans le système, ce qui habitue les individus à une certaine tranquillité que la désobéissance pourrait questionner. Si nous reprenons le postulat que les dirigeants agissent pour le bien commun de leurs subordonnés, obéir, pour le peuple, devient tout simplement une marque de respect et de gratitude envers eux.

En somme, les raisons de l’obéissance ne sont pas toujours conscientes : obéir aux lois est normal. Cela implique que la remise en question de la législation, la désobéissance, est un travail compliqué qui nécessite de la confiance et une réflexion sur ses valeurs morales personnelles.

Cependant si, dans une démocratie, le gouvernement prend une décision inique, une décision qui manque gravement d’équité, qui est manifestement injuste ou qui ne met pas tous les citoyens sur un pied d’égalité, une division du peuple sera inévitable.

D’un côté ceux pour qui l’ordre est prioritaire, ceux qui sont aussi iniques que leur gouvernement mais aussi ceux qui sont manipulés, qui ne réfléchissent pas, qui ne remettent pas en question les ordres, ceux qui ne se posent pas la question de ce qu’ils trouvent juste ou injuste.

De l’autre côté, ceux pour qui la justice importe plus que l’ordre, ceux qui se font confiance et qui savent quand une décision gouvernementale ne respecte pas leurs valeurs personnelles, ceux qui prennent l’initiative de se lever et de désobéir. La résistance commence alors.

La désobéissance civile a été pensée pour se rebeller contre une entité tout en respectant son pouvoir, et afin de ne pas tomber dans une forme d’anarchie. Tout d’abord par Henry David Thoreau qui publie en 1849 un essai intitulé Résistance au gouvernement civil (renommé de façon posthume La Désobéissance Civile), cette notion a été reprise de nombreuses fois durant les siècles suivants. Rosa Parks, ainsi que Martin Luther King, notamment, ont été inspirés par l’œuvre de Thoreau : il s’agit d’une nouvelle façon de résister, de manière non-violente, pour faire émerger et pour désigner un problème au sein d’un système politique. Encore aujourd’hui, avec le groupe Extinction Rebellion, la désobéissance civile est utilisée dans un but d’insurrection des consciences au sujet de l’urgence climatique.

Ce mode d’action change en fonction de l’époque et des revendications ; pourtant une base est commune à tous ces actes : la désobéissance civile, pour avoir ce statut, doit être un acte public, non-violent, réfléchi en conscience et contraire à la loi.

Ce moyen de contestation a pour but de pointer un problème, une injustice afin de la rendre visible pour qu’elle soit prise en compte par le politique. Cependant il ne fait pas l’unanimité : dans un système démocratique, la désobéissance civile ne respecte pas les processus de revendication habituels. Il existe pourtant les référendums, qui permettent de modifier une loi en vigueur, et les initiatives populaires qui laissent la possibilité à la population de proposer une nouvelle loi en récoltant des signatures. De plus, un grand nombre de citoyens désapprouvent ce mode d’action : la désobéissance civile ne serait pas justifiée dans toutes les situations.

Si ce mode d’action n’est pas toujours justifié nous pouvons tout d’abord nous demander s’il est compatible avec la démocratie et quelles sont les conditions à respecter pour qu’il soit légitime. Les valeurs morales prônées par la démocratie sont-elles en opposition avec celles de l’individu qui a recours à la désobéissance civile ? Si l’illégitimité d’une action peut aller jusqu’à un résultat contre-productif, quelles sont les limites à la désobéissance civile ?

Ce sont ces questions qui constituent notre problématique et que nous nous poserons tout au long de notre travail, afin d’évaluer la compatibilité de ce mode d’action minoritaire avec la démocratie, la collectivité et le gouvernement tel que nous le connaissons. Nous analyserons quelques exemples d’actes concrets de désobéissance à l’aune des questions de moralité, de confiance, de non-violence et enfin d’acceptation des sanctions. Nous déterminerons ensuite nos résultats dans le système démocratique afin d’évaluer une possible compatibilité. Enfin, nous questionnerons la place des rebelles dans la société actuelle et la vision qu’ont leurs concitoyens sur leurs actions.

Nous allons en premier lieu développer le champ de légitimité de la désobéissance civile : dans quel contexte peut-elle prendre place ? Qu’est ce qui justifie l’utilisation de ce mode de protestation ?  Dans un second temps nous présenterons les critères qui doivent être respectés par l’individu qui utilise la désobéissance civile. Nous étudierons aussi les caractéristiques qui placent une action particulière dans le concept de désobéissance civile.

Contexte de légitimité 

La désobéissance civile ne peut pas être justifiée dans n’importe quelle circonstance : la raison de cette désobéissance doit être fondée. Afin de comprendre au mieux les contextes de légitimité de la résistance civile nous allons nous appuyer sur une analyse de la théorie de la justice[3] faite par Jean-Marie Muller.

Il faut tout d’abord que la raison de la désobéissance soit justifiée par un écart entre les valeurs gouvernementales théoriques et les valeurs gouvernementales concrètes qui apparaissent au travers des lois en application. Par exemple, un despote au pouvoir exerce une autorité arbitraire qui ne repose que sur sa volonté personnelle, il n’y a donc aucune valeur morale qui est prônée par son régime et donc aucun écart possible. De toute évidence, il peut y avoir des mouvements de protestation et de rébellion dans ce type de régime politique, pourtant ceux-ci ne s’ancrent pas dans la désobéissance civile mais dans un mouvement de révolte qui vise l’entièreté du pouvoir ainsi que sa législature. On retrouve donc, la plupart du temps, ce mouvement contestataire dans des contextes démocratiques. Nous détaillerons par la suite ce système politique.

Ensuite il faut que le but de la désobéissance ne repose pas sur les seules valeurs propres à une personne, mais plutôt sur une conception commune de la justice, car l’objectif est de réunir un maximum de citoyens d’une part afin d’exercer une pression suffisante sur le gouvernement, et d’autre part afin de montrer la légitimité de la revendication, ce qu’un individu seul aurait de la peine à faire. Le rassemblement de nombreux activistes est donc un moyen d’échapper à la violence, car la pression à laquelle est soumis le gouvernement est une force encore plus puissante.

Enfin, la désobéissance civile vise à maintenir l’ordre de la société à long terme en dénonçant les faiblesses du gouvernement. « Le recours à bon escient à la désobéissance civile protège davantage les libertés fondamentales des citoyens que l’obéissance passive à une loi injuste. »[4] En effet, se battre contre une injustice rend l’amélioration du système possible. Si toute la population reste passive, les opprimés restent opprimés et l’Etat demeure partial.

En conclusion, la légitimité de la désobéissance civile repose sur des valeurs morales, que nous allons développer plus en détail ensuite, mais aussi sur un intérêt commun de justice et d’ordre.

Démocratie

La démocratie fait entièrement partie du contexte de légitimité car il s’agit d’un système politique qui prône de nombreuses valeurs. Nous allons nous pencher sur ces valeurs afin de pouvoir, dans un second temps, les comparer à celles de l’individu qui a recours à la désobéissance civile et, enfin, évaluer une possible compatibilité entre la démocratie et la résistance civile. Avec l’aide du dictionnaire de philosophie politique et de l’encyclopédie Universalis, nous allons définir en détail ce système politique.

La démocratie représente une aspiration profonde à la liberté, à l’égalité et à la participation active des individus à la prise de décision politique. En tant que telle, la démocratie incarne un idéal politique qui cherche à établir un système de gouvernance légitime et juste, basé sur la souveraineté du peuple. De fait, la démocratie repose sur l’idée fondamentale que chaque individu possède une valeur égale et une capacité inhérente à participer à la prise de décision politique. Sur le plan philosophique, elle repose sur plusieurs principes interconnectés.

Tout d’abord, elle reconnaît la dignité et les droits inaliénables de chaque être humain, tels que la liberté d’expression, la liberté de pensée, le droit à la vie privée et l’égalité devant la loi. La démocratie favorise l’autonomie individuelle et l’autodétermination, permettant aux citoyens d’exercer leur volonté politique sans oppression.

Ensuite, la démocratie cherche à instaurer un système de gouvernance où les citoyens participent activement aux décisions politiques. Cela se réalise par le biais d’élections libres et équitables, où chaque individu a le droit de voter et de se présenter aux fonctions politiques. La démocratie encourage également la liberté d’association, permettant aux citoyens de se regrouper et de former des organisations politiques pour exprimer leurs intérêts et leurs préoccupations.

Enfin, la démocratie ne se limite pas à la simple majorité des voix. Elle protège également les droits des minorités, reconnaissant que la diversité des opinions et des perspectives est essentielle pour une société équilibrée. Les droits fondamentaux ne peuvent pas être violés ou supprimés par la simple volonté de la majorité, et les droits des individus et des groupes marginalisés sont protégés par des principes de justice et d’égalité.

À travers l’histoire, de nombreux penseurs et philosophes ont débattu de la nature et des principes de la démocratie, contribuant ainsi à son développement et à sa compréhension. Parmi les premiers penseurs à aborder le concept de démocratie, nous trouvons les philosophes grecs de l’Antiquité, notamment Platon et Aristote.

Platon, dans son célèbre ouvrage « La République », remet en question la capacité du peuple à prendre des décisions éclairées et propose plutôt un gouvernement dirigé par des philosophes rois. Il soutient que la démocratie, dans sa forme pure, est sujette à la tyrannie de la majorité et à l’instabilité. Selon lui, la véritable sagesse politique réside dans un gouvernement juste et rationnel dirigé par des individus qualifiés. « Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités ou que ceux que l’on appelle aujourd’hui rois et souverains ne seront pas vraiment philosophes […] il n’y aura de cesse aux maux des cités. »[5]

Aristote, quant à lui, reconnaît la valeur de la participation du peuple, mais insiste sur l’importance de la vertu et de l’éducation pour une démocratie réussie. Il soutient que la démocratie ne devrait pas être basée sur les intérêts particuliers ou les passions momentanées, mais plutôt sur le bien commun et l’intérêt général. « Quand le monarque, le petit nombre ou le plus grand ne cherchent, les uns ou les autres, que le bonheur général, le gouvernement est nécessairement juste. Mais, s’il vise à l’intérêt particulier du prince ou des autres chefs, c’est une déviation. »[6]

Au fil du temps, d’autres penseurs ont enrichi la réflexion philosophique sur la démocratie. L’un des contributeurs majeurs fut Jean-Jacques Rousseau, dont l’ouvrage « Du contrat social » a influencé profondément la pensée politique moderne. Rousseau affirme que la démocratie véritable est une démocratie directe, où les citoyens participent directement à la prise de décision, plutôt qu’une démocratie représentative où les décisions sont prises par des représentants élus. « Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi. »[7]

Dans le cadre de la philosophie contemporaine, des penseurs tels que John Rawls[8] ont approfondi la réflexion sur la démocratie en mettant l’accent sur la justice sociale et l’équité. Rawls propose une théorie de la justice comme équité, dans laquelle les principes de base de la démocratie sont vus comme garantissant l’égalité des chances et la protection des libertés fondamentales. « Dans une société juste, les libertés de base sont considérées comme irréversibles et les droits garantis par la justice ne sont pas sujets à des marchandages politiques ni aux calculs d’intérêts sociaux »[9] 

En résumé, la démocratie en tant que concept philosophique incarne une vision idéale d’un système politique qui vise à garantir la liberté, l’égalité, la participation et la justice pour tous les membres d’une société. Elle repose sur des principes tels que la souveraineté du peuple, la participation citoyenne, la protection des droits individuels et collectifs et le respect des minorités. La démocratie est un processus en constante évolution qui nécessite l’engagement et la vigilance des citoyens pour maintenir et enforcer ses valeurs fondamentales.

Cependant, « ce régime peut fonctionner uniquement si les citoyens sont vertueux, dédiés et agissant pour le bien commun »[10]. Dans le cas d’une inadéquation entre les idées du peuple et celles du gouvernement ou du non-respect des principes démocratiques fondamentaux, l’équilibre se transforme en déséquilibre et la désobéissance civile est une solution.

Maintenant que le contexte de légitimité est posé, nous allons nous pencher sur les critères individuels qui doivent être respectés par l’individu pour ancrer une action de désobéissance civile comme telle.

Critères individuels de légitimité

Un individu qui veut faire recours à la désobéissance civile ne peut pas simplement faire une action illégale publiquement et espérer obtenir ce qu’il désire sans que cela ne génère de conséquences pour lui. Il y a certains critères à respecter individuellement. Il s’agit des fondements de la désobéissance civile que nous allons détailler ci-dessous.

La morale

Il est évident que si la démocratie repose sur des principes moraux et éthiques, les individus aussi. Cette morale représente le principe de la désobéissance civile, le moteur de l’action.

En sachant que l’enfant à une conscience morale qui est en lui dès les prémices de son éducation nous partons du postulat qu’il existe une distinction entre la morale spontanée et la morale réfléchie. La morale spontanée est acquise dès l’enfance par les prémices de l’éducation. Nous entendons par là une morale sociétale fondée depuis des siècles dans la civilisation occidentale moderne. Les fondements de cette morale viennent d’un certain bon sens guidé par la religion. Parmi les dix commandements nous retrouvons des principes moraux de base admis autant par les croyants que par les athées : « tu ne tueras pas », « tu ne voleras pas » ou encore « tu ne porteras pas de faux témoignages ni ne mentiras »[11]. Ces règles, en plus de sortir d’un contexte religieux, relèvent également de la raison de chacun.

Un autre jalon de cette morale diffuse nous vient de la philosophie Kantienne[12]. Ce dernier développe le concept d’impératif catégorique et défini la dignité humaine. L’impératif catégorique est une théorie séparant l’acte moral de l’acte immoral. La première formulation qui va nous permettre de comprendre ce concept est la suivante : « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature »[13]. La maxime représente ici le fondement sur lequel est basée l’action. Prenons un exemple concret : le mensonge. S’il représentait un impératif catégorique cela voudrait dire que le menteur souhaite que tout le monde mente. Or cela n’est pas possible car si toute l’humanité mentait plus personne ne croirait les autres et le principe même du mensonge n’existerait plus, ce serait totalement contradictoire. La deuxième formulation de l’impératif catégorique est la suivante : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen »[14]. En d’autres termes, tout être humain est libre et capable de se définir, de se donner à lui-même ses propres fins. C’est aussi un être capable d’agir moralement, d’être rationnel. De cela découle un respect mutuel, le respect de la dignité humaine. On ne peut donc pas réduire autrui en esclavage, ce serait utiliser des humains comme moyen uniquement. Au contraire, le travail salarié respecte la dignité humaine, car l’ouvrier accepte le travail, même s’il est utilisé comme moyen, sa liberté et sa capacité à se donner une fin sont respectées.

En somme, la morale spontanée correspond aux mœurs de la société, elle est commune à tous. Cependant cette morale n’est pas toujours considérée comme le critère le plus important : même si les lois des systèmes démocratiques sont érigées à partir de cette morale, elle n’est pas toujours mise en application. En effet, certaines lois peuvent ne pas respecter certains principes moraux. Par exemple, la notion d’égalité entre les citoyens est dans le fondement de la démocratie et de la morale spontanée, cependant les salaires entre les hommes et les femmes ne sont pas égaux.

La morale réfléchie, quant à elle, relève d’un sentiment intérieur, elle nait d’une réflexion, d’une confrontation de la morale spontanée au monde réel. Cette confrontation amène à une  conviction personnelle de ce qui est bien ou mal. Une réévaluation des lois en découle alors naturellement et le sentiment de justice comme d’injustice s’en suit, car une loi juridiquement juste n’est pas forcément moralement bonne.

En somme, la morale réfléchie est plus précise que la morale spontanée. Elle représente une maxime propre à chacun inspirée des mœurs sociétales contemporaines, elle est un œil aiguisé qui se porte sur le gouvernement et sur les concitoyens. Ces mœurs correspondent à une morale spontanée, innée chez l’humain. La différence majeure entre ces deux formes de morale est que la réflexion engendre une appropriation de la morale et celle-ci devient alors plus importante, elle acquiert une raison d’être défendue. Elle se mue en des valeurs personnelles qui ont des bases bien plus solides qu’une série de dogmes moraux. Ces valeurs se placent donc à la base de l’engagement, c’est-à-dire de l’action.

La confiance

Un autre critère essentiel pour avoir recours la désobéissance civile est la confiance. La confiance en soi et en sa propre capacité à raisonner est fondamentale dans le processus de désobéissance et donc de désobéissance civile. La plupart des individus sont inactifs face à une injustice flagrante. « On tergiverse, on exprime des regrets, parfois on signe des pétitions ; mais on ne fait rien de sérieux ni d’effectif. On attend avec complaisance que les autres remédient au mal pour ne plus avoir à le déplorer »[15], c’est ce que dit Thoreau au sujet des habitants du Massachussetts du 19e siècle à l’heure de l’esclavage et de la guerre du Mexique. C’est là que la confiance entre en jeu : si un individu a confiance en lui et se considère comme légitime pour trouver injuste une certaine action, alors il y a plus de chances que cet individu soit actif et non simplement passif. « La désobéissance se fonde sur un principe moral, la confiance en soi, qui encourage l’individu à refuser une loi commune et acceptée par les autres, en se fondant sur sa propre conviction qu’elle est injuste et ne lui convient pas. »[16]

En somme, la confiance, qu’on pourrait aussi qualifier ici de courage, est une valeur essentielle pour la mise en œuvre d’une rébellion. Sans elle, pas de moteur à la lutte, pas de mise en action et donc pas de désobéissance civile. 

La non-violence

La non-violence est une des valeurs fondamentales de la désobéissance civile et nous allons voir pourquoi. Tout d’abord, elle découle souvent d’une conviction morale profonde selon laquelle la violence est intrinsèquement injuste et contraire aux principes de justice et de respect de la dignité humaine. Les adeptes de la désobéissance civile non violente croient en la valeur de chaque être humain et s’opposent à l’utilisation de la force physique ou de la violence pour atteindre leurs objectifs. Selon eux, la désobéissance a pour but de pacifier les relations humaines ainsi que les sociétés afin de les rendre plus fraternelles et justes. Elle représente aussi un moyen d’unifier l’exigence morale et la politique. Concrètement, la non-violence vise à exercer une pression suffisante sur l’oppresseur afin de le priver du soutien et de l’obéissance qui fondent son pouvoir.

Ce principe éthique est donc non seulement une philosophie mais aussi une stratégie : « En tant que principe philosophique, la non-violence est une requête de sens, en tant que méthode d’action, elle est une recherche d’efficacité »[17]. Elle représente un bon moyen de faire pression pour le changement social et politique, en attirant l’attention sur une cause et en suscitant le débat public. En évitant la violence, les acteurs de désobéissance civile peuvent souvent susciter plus de sympathie et de soutien de la part du public et des médias. Etant donné que la visibilité et la publicité des actes de désobéissance civile sont des caractéristiques essentielles de ce mouvement, le refus de violence est presque essentiel au bon déroulement des actions mises en œuvre.

Par ailleurs la non-violence n’est pas synonyme de passivité, de résignation ou encore de lâcheté. Gandhi la défend en disant « La non-violence est la plus grande force que l’humanité ait à sa disposition. Elle est plus puissante que l’arme la plus destructrice inventée par l’homme. »[18] La force principale de la non-violence est le nombre et cette méthode attire un plus grand nombre de participants, ce qui suscite un soutien important qui favorise l’émergence et la mise en place de solutions politiques aux conflits.

En effet, une étude récente a été faite par deux chercheuses américaines de Harvard.                   M. Stephan et E. Chenoweth ont comparé plus de trois cents campagnes armées et non-violentes entre 1900 et 2006 afin de remettre en cause l’idée reçue de l’efficacité de la résistance armée. Les résultats ont démontré que 53% des campagnes non-violentes ont atteint leurs objectifs alors que le taux de succès pour les campagnes armées est de 26%. De plus, la fréquence et la réussite des luttes non-violentes sont une tendance en hausse depuis ces cinquante dernières années.

Cette tendance est due au fait que la violence engendre la violence et que « ce que tu gagneras par la violence, une violence plus grande te la fera perdre »[19]. De plus, le 10 novembre 1998, l’Assemblée générale des Nations Unies proclamait « la période 2001-2010 Décennie internationale de la promotion d’une cuture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde » afin de favoriser le respect de la vie et de la dignité de chaque être humain. Ce projet met en place des programmes d’enseignement mettant en avant l’éducation à la non-violence et à la résolution positive des conflits. Concrètement, les stratégies alternatives à la violence sont nombreuses, on retrouve notamment parmi elles la négociation, l’auto modération et l’humour.

La non-violence est donc une valeur qui doit être respectée pour qu’un mouvement de désobéissance civile puisse s’ancrer, en tant que tel, dans un système démocratique car ce dernier prône le respect de la dignité humaine.

Accepter les sanctions

Accepter les conséquences de ses actes, accepter la punition de l’Etat fait pleinement partie de la désobéissance civile. « Sous un gouvernement qui emprisonne les gens injustement, la place d’un homme juste est aussi en prison. »[20]

De plus, en acceptant la sanction l’activiste témoigne de sa fidélité envers l’esprit de la loi et ainsi protège son efficacité. Cette valeur fondamentale du respect, même dans la désobéissance, est importante : le but n’est pas de remettre en question tout le système mais uniquement les zones d’ombres qui s’y trouvent.

Les limites

Si la légitimité est reconnue et que les moyens utilisés respectent les valeurs de la désobéissance civile, c’est-à-dire que l’action n’est pas violente et qu’elle a un but d’intérêt général, nous pouvons nous questionner sur les limites de ce mouvement contestataire et de ses modes d’actions.

Selon Marc Münster, écrivain suisse de l’article « J’ai un problème avec la désobéissance civile »[21], la désobéissance civile, en matière de climat en particulier, pourrait être contreproductive à long terme. En effet l’utilisation de ce mode de protestation est particulièrement remise en question au sujet de la bataille écologique.

Tout d’abord, l’essence même de la démocratie est que toute la population puisse donner son avis, ce système politique fonctionne avec des négociations, des discussions et des compromis. Si on ne prend pas le temps nécessaire pour trouver une solution acceptable aussi bien dans les villes que dans les campagnes, pour les jeunes et les générations futures comme pour les personnes âgées, les bases des solutions pour freiner le réchauffement climatique ne seront pas solides.

Ensuite, il avance que le changement climatique ne se fera pas sur la base d’une seule décision, c’est une bataille sur le long terme pour laquelle il faut se fixer des objectifs atteignables afin de pouvoir, une fois que les premiers sont atteints, les renforcer, aller plus loin.

Par ailleurs : « la majorité ne se met pas en marche sous la pression d’une morale externe. Elle se met en marche lorsque les premiers avancent déjà. »[22] Cette phrase exprime la contre-productivité des mouvements radicaux : il arrive que l’exagération ou les actions coup de poing éloignent la population de l’idée initiale. Les citoyens, les passants, les spectateurs des actions ne sont pas forcément informés des raisons des actes et encore moins du lien entre l’action et l’idée, la réelle bataille est sous-jacente.

Au contraire, l’humain a tendance à reproduire ce qu’il voit. Ainsi, selon lui, c’est par mimétisme que la population va, petit à petit, se mettre en marche vers une façon de vivre plus durable.

En définitive, les principales limites de la désobéissance civile sont les suivantes : ce mode d’action ne peut pas proposer de solutions universelles aussi rapidement. Au contraire, la démocratie prend le temps pour les compromis et pour laisser la parole au peuple. Ensuite, la stabilité et l’efficacité des décisions prises sous la pression d’un mouvement contestataire peut être questionnée. Et enfin, la désobéissance civile, par ses actions, peut mettre une distance entre les idées défendues et le peuple et donc être clairement contre-productive.

Des actes concrets

Nous allons donc étudier certains actes concrets de désobéissance civile. Tout d’abord penchons-nous sur des situations dans lesquelles le pouvoir en place exerce une oppression inique sur une part de la société et voyons comment certains acteurs se battent pour mettre fin à ce système qu’ils jugent partial et immoral.

Henry David Thoreau[23], le théoricien de la résistance au gouvernement civil[24], est incarcéré en 1848 pour avoir refusé de payer les impôts de l’Etat du Massachusetts. Pour cet acte, il voulait protester contre la politique esclavagiste en vigueur dans tous les Etats Unis. Thoreau a agi seul, prônant l’importance de la conscience individuelle. En effet, à son sens, “nier l’autorité gouvernementale n’est rien par rapport à celle de la conscience.”[25] De plus, ne prétendant pas avoir le pouvoir d’éradiquer les maux de la société, il n’a jamais lancé de mouvements incitant le peuple à le suivre. Cependant, en ne payant pas l’impôt, il ne soutenait pas les actions qu’il jugeait injustes. Lors de sa nuit passée en prison, il dit ne jamais s’être senti enfermé, car seul son corps était emprisonné : « Ne pouvant m’atteindre, ils avaient résolu de punir mon corps ; ils étaient comme des gamins qui dans l’incapacité d’attaquer quelqu’un à qui ils en veulent, maltraitent son chien. »[26] Thoreau, soucieux de la perfection de sa conscience individuelle, a été le précurseur de la désobéissance civile en résistant au gouvernement : « cela me coûte moins à tous les égards d’encourir le châtiment qu’entraîne la désobéissance à l’Etat qu’il m’en couterait de lui obéir »[27]

A sa suite, de nombreux militants ont utilisé la désobéissance civile afin de se battre pour l’insurrection des consciences face à l’injustice. La désobéissance civile évolue au cours du temps, ses principes ainsi que ces modes d’actions changent, pour devenir peu à peu une action collective, toujours non-violente, qui rassemble les minorités et les rend visibles face au gouvernement.

Rosa Parks[28] devient également une figure de désobéissance civile à la suite de son refus de céder sa place dans un bus en 1955. Alors que les lois ségrégationnistes[29] sont bien ancrées dans la société des Etats-Unis, Rosa Parks décide de résister au gouvernement afin de soulever un problème de grave injustice. Assise à une place réservée aux personnes de couleur, elle refuse de laisser son siège à une personne blanche. Le chauffeur du bus appelle donc la police et Rosa Parks est arrêtée et inculpée pour violation des lois ségrégationnistes. Son acte non-violent de protestation a été suivi d’un boycott total des bus par les personnes de couleur. L’acte de désobéissance en lui-même n’aurait pas suffi à faire changer les lois, mais il a permis d’éveiller les consciences, de sensibiliser la population et, par-dessus tout, de faire comprendre au gouvernement que sans le peuple, il n’est rien. Rosa Parks sera emprisonnée pour son acte, mais après un an de boycott, les lois ségrégationnistes deviennent illégales au Montgomery. Cela représente une avancée considérable dans la lutte pour l’égalité raciale.

Aux côtés de Rosa Parks, Martin Luther King[30] était un fervent défenseur du changement social pacifiste. La première étape afin de mener à bien son combat est d’organiser des marches de protestation ou de lancer des appels au boycott ; ces actions ne sont pas considérées comme de la désobéissance civile, car elles entrent dans le cadre légal. Leur but était de sensibiliser le plus possible la population afin d’obtenir du soutien. Ces actions publiques posaient les revendications et conduisaient parfois à des négociations. Dans le cas contraire, le passage à l’étape supérieure était nécessaire : la désobéissance civile. Ce mode d’action a valu de nombreuses arrestations à King. Durant un séjour à la prison de Birmingham, Martin Luther King écrit une lettre pour défendre sa stratégie d’action non violente. “L’obéissance aux lois justes n’est pas seulement un devoir juridique, c’est aussi un devoir moral. Inversement, chacun est moralement tenu de désobéir aux lois injustes.”[31] King se bat pour l’égalité entre les Blancs et les Noirs, pour qu’ils aient les mêmes opportunités et les mêmes possibilités, mais également pour les droits des travailleurs ou encore l’accès à l’éducation. Au cours de sa vie, le pasteur recevra de nombreuses menaces de mort, sa maison sera attaquée à la bombe et il mourra assassiné par balle. Cependant, sa lutte portera ses fruits, car en 1964 les lois ségrégationnistes deviennent illégales dans tous les Etats-Unis et les portes de l’éducation et de l’emploi s’ouvrent aux Afro-Américains.

Nos contemporains ont toujours recours la désobéissance civile, notamment le groupe d’activistes pour le climat : Extinction Rébellion[32]. A Londres, en 2019, des routes sont bloquées et des sites très fréquentés du centre-ville sont rendus inaccessibles. Les manifestants tentent de sensibiliser la population au dérèglement climatique, mais ils protestent aussi contre l’inaction du gouvernement face à l’urgence climatique qui menace le monde. Durant cet évènement, qui s’est étendu sur une semaine, de nombreuses arrestations ont eu lieu et quelques poursuites ont suivi. Plusieurs groupes d’Extinction Rébellion se sont formés peu à peu dans de nombreux pays du monde pour propager cette lutte. Depuis 2023 le groupe d’action initial (celui de Grande-Bretagne) a annoncé changer de mode d’action afin de faciliter l’annexion de nouveaux membres. En particulier les personnes qui n’ont pas la nationalité du pays dans lequel elles sont car elles se mettraient en danger en participant aux actions.

De plus, « Le mouvement reconnaît que sa méthode tactique a eu un fort écho médiatique, mais pas assez d’effets politiques concrets. »[33] Ce changement de méthode est également dû à un changement de cible. La population n’est plus la proie des manifestations. C’est à présent le pouvoir central et son inaction qui sont visés. Ce changement de stratégie fait réfléchir les autres sections et en Suisse aussi cette idée fait son chemin.

Nous traitons d’un mode d’action qui change et évolue au cours des siècles ; nous avons en effet pu remarquer que la désobéissance civile de Thoreau et celle des activistes d’Extinction Rebellion n’ont pas grand-chose en commun. Nous allons donc comparer les principes, les finalités et les modes d’actions des actes présentés ci-dessus à l’aide d’un tableau qui sera détaillé, analysé et commenté ensuite afin de relever les aspects changeants de ce mode de protestation ainsi que les valeurs qui transcendent les actes.

Analyse des actes

Le tableau suivant présente les principes, les finalités et les modes d’actions des actes commis par Henry D. Thoreau, Rosa Parks, Martin Luther King et le groupe Extinction Rebellion.

 ThoreauParksKingXR
PrincipesInjusticeInjusticeInjusticeInjustice  
FinalitésConscience individuelleInsurrection des consciencesInsurrection des consciencesInsurrection des consciences
Modes d’actionConfiancePulsion rebelleConfianceConfiance
Non-violenceNon-violenceNon-violenceNon-violence
Refus de payerRefus de soumissionProtestationEntrave à l’ordre publique
Cadre privéCadre publicCadre publicCadre public et recherche médiatique

Les principes

Selon le centre national de ressources textuelles et lexicales[34], la notion de principe se réfère à la cause première, fondamentale ou initiale d’un phénomène, d’un processus ou d’une action. Elle indique la raison sous-jacente ou l’élément déclencheur d’un évènement. En d’autres termes, lorsque l’on parle d’un principe, on se réfère à une idée, une force, une règle ou une vérité inhérente qui est à l’origine de la manifestation observable. Ces principes relèvent de considérations morales et ils interrogent fondamentalement les valeurs inhérentes à la société et aux normes sociales de celle-ci. En bref, c’est la cause fondamentale qui explique pourquoi quelque chose se produit, le moteur qui met en marche la machine et qui pousse les hommes à agir comme ils le font. Il s’agit de la dissonance entre les valeurs morales de l’individu et celles de la société.

Pour Thoreau comme pour de nombreux cas de désobéissance civile, le principe initial est l’injustice. L’esclavage n’est pas une institution juste qui respecte la dignité humaine. Au contraire, cette pratique repose sur une hiérarchie entre les hommes qui ne se base que sur la couleur de peau, l’égalité n’est donc en aucun cas possible et les conditions dans lesquelles les esclaves travaillent sont inhumaines.

De leur côté, Rosa Parks et Martin Luther King ont agi à la suite d’une injustice. Le moteur de leur lutte est une recherche de considération face à l’apartheid qui, même dans un contexte démocratique, ne laisse pas de place à tout le peuple. La démocratie est censée être un système dans lequel le peuple est souverain ; « un bon gouvernement démocratique est le gouvernement qui est le nôtre, le mien, qui m’exprime. […] la désobéissance est la solution qui s’impose lorsqu’il y a une dissonance »[35]. La population noire n’était pas représentée dans la société américaine et Rosa Parks ainsi que Martin Luther King (parmi beaucoup d’autres) se sont levé et battus pour leurs droits.

En ce qui concerne Extinction Rebellion, il s’agit d’une injustice concernant les générations à venir, les animaux et la nature.  Les activistes de XR soutiennent le fait que les gouvernements, comme les populations, ne prennent pas de mesures suffisamment drastiques pour qu’elles aient un véritable impact sur le climat. Le principe, dans ce cas, est l’injustice causée par l’inaction gouvernementale au sujet de l’urgence climatique dans laquelle nous sommes tous.

Les finalités

Etymologiquement, le terme finalité vient du mot fin, il représente le but d’une action, ce à quoi elle tend. C’est la destination finale vers laquelle un effort est dirigé, l’objectif à atteindre, elle correspond à la mise en œuvre de l’intention la plus profonde d’un mouvement. Comprendre la finalité d’une action peut aider à prendre des décisions éclairées, à prioriser les efforts et à maintenir la motivation. Cela permet également de relier les actions individuelles à des objectifs plus larges et à l’intérêt porté par l’acteur.

En effet, l’intérêt peut être personnel, commun ou encore général. Un individu agissant dans son intérêt personnel fait une action qui ne vise et qui n’engage que lui-même. Par ailleurs, un individu agissant pour un intérêt commun vise un groupe, son intérêt est partagé avec d’autres. Enfin, un individu agissant pour l’intérêt général fait une action qui concerne et profite à toute l’humanité.

Nous allons donc distinguer les différentes finalités des actes présentés précédemment.

En ce qui concerne Thoreau, il croit en « la toute-puissance de son individualité, en l’efficacité de la perfection morale absolue »[36]. Cette conviction le pousse à agir « selon ce qu’il considère comme le bien »[37] , en refusant une loi communément admise qu’il ne considère pas comme juste. Son acte s’inscrit alors dans « l’expression souveraine du désir perfectionniste d’être en accord avec le meilleur de soi-même »[38]. Le but ultime de Thoreau est donc une cohérence parfaite entre ses actions et ses valeurs. Il ne va donc pas participer financièrement, même de façon indirecte, aux actions injustes de son gouvernement. La finalité de l’action de Thoreau se place donc dans l’intérêt de sa conscience individuelle car l’intégrité de celle-ci ne concerne que lui-même. Il a d’ailleurs agi seul et n’a jamais cherché à sensibiliser ses contemporains.

Dans le cas de Rosa Parks et de Martin Luther King, la finalité était l’insurrection des consciences, que la population prenne conscience de l’injustice des lois ségrégationnistes en vigueur. Le but était de rallier suffisamment de personnes à la cause pour pouvoir avoir une chance d’être impactant. Nous verrons ensuite que les modes d’action non-violents nécessitaient un grand nombre de participants afin d’être efficace. Ils ont tous deux agi pour l’intérêt commun des afro-américains qui étaient opprimés. « […] notre destinée commune est un vêtement sans coutures. Ce qui affecte directement l’un de nous nous affecte tous indirectement »[39]. Dans cette citation, King souligne l’importance de l’union face à l’injustice.

Le groupe Extinction Rebellion agit lui aussi dans le but de sensibiliser et d’alerter la population. Il est nécessaire que chacun prenne conscience de l’urgence climatique et que chacun fasse son possible à son échelle pour éviter ou atténuer l’effondrement écologique et sociétal qui est inévitable si rien ne change. « Aujourd’hui, les citoyennes et citoyens de ce pays, du monde entier, ont le droit et le devoir de se rebeller pour protéger leurs vies et celle de leurs enfants – quelle que soit leur orientation politique. »[40] L’intérêt de leur bataille est général car elle concerne la planète sur laquelle vit toute l’humanité. Malgré cela ce mouvement de désobéissance civile est largement contesté.

Les modes d’action

La désobéissance civile peut être mise en place de différentes façons ; en effet, les modes d’action changent et peuvent être propres à un mouvement de protestation en particulier. La non-violence est la valeur transcendante, commune à tout acte, pour des raisons d’efficacité et de moralité. Comme expliqué précédemment et du point de vue de l’engagement des individus, la confiance en soi et en ses idées est essentielle pour passer de la réflexion à l’action.

C’était le cas de Thoreau, intellectuel et instruit, il avait pleinement confiance en son individualité et en la valeur de ses réflexions. De la même façon, Martin Luther King avait confiance en ses propos de paix et d’égalité car il était guidé par une foi inébranlable. Son message était porté par la religion et ses fondements moraux. Pour Extinction Rebellion c’est la science, les chiffres, les études concrètes, les preuves indéniables qui amènent la confiance et la légitimé des actions.

Au contraire, Rosa Parks a agi sous le coup d’une pulsion rebelle. Elle n’avait pas de stratégie préméditée et réfléchie pour défier l’autorité oppressive. Il s’agissait plus de l’extériorisation d’un refoulement trop longtemps contenu, de l’effet de la « goutte de trop ».

Les modes d’actions sont choisis en fonction de la finalité, du but recherché. Thoreau avait comme objectif de toujours agir de façon à être en accord avec le meilleur de lui-même. En ne payant pas l’impôt qui finance les institutions injustes, il ne participe pas à l’injustice et donc il respecte ses idéaux moraux. De plus, il agit pour son intérêt personnel, cela n’implique personne d’autre alors son acte de désobéissance se situe dans un cadre privé, personnel.

A l’inverse, Parks et King ont agi dans un espace public afin d’obtenir un soutien plus qu’essentiel dans leur lutte. Refuser d’obéir publiquement, protester dans la rue, manifester… sont des façons de rendre une cause publique et de rallier toujours plus de monde. C’est absolument essentiel pour pouvoir parvenir à l’insurrection des consciences. De plus, un grand nombre de participants rend les stratégies d’action non-violentes plus efficaces. Le boycott à proprement parler n’est pas une stratégie de désobéissance civile, car il n’enfreint aucune loi, cependant il affaiblit considérablement le système et le prive d’un soutien financier essentiel. Dans le cas de la lutte de Martin Luther King, le boycott a permis d’entrer en négociations avec l’Etat et d’organiser des manifestations.

Aujourd’hui, avec le développement des réseaux sociaux et des médias en général, miser sur l’insurrection des consciences est plus aisé : internet facilite la propagation d’idées. Le groupe XR propose un accès à la conscience populaire en visant le grandiose, voire le choquant dans un cadre public plutôt que de simplement relayer le discours scientifique. En effet, depuis une cinquantaine d’années les discours scientifiques essayent de sensibiliser la population au réchauffement climatique, en vain. Cet accès à l’information ne touche que très peu la population. La recherche médiatique, essentielle pour se faire entendre rapidement, est donc la nouvelle stratégie choisie par les groupes d’activistes.

La vision des autres citoyens

Aujourd’hui les actions de désobéissance civile visent presque toutes à sensibiliser la population à l’urgence climatique. Cependant ce mouvement de contestation semble décrédibiliser le problème. En effet, l’entrave à l’ordre public donne une vision négative des activistes et de leur combat. Par exemple le blocage des routes pas Extinction Rebellion dans le centre-ville de Londres en 2019 est associé aux embouteillages et aux retards plutôt qu’à l’écologie. De plus certaines actions relèvent d’une violence symbolique relativement forte qui peut choquer et nuire à l’action elle-même : le groupe « Just Stop Oil »[41] a recouvert le tableau « les tournesols » de Van Gogh de soupe à la tomate. Cette action touche à l’art et peut être considérée comme violente pour les amateurs. Les actions sont donc jugées trop extrêmes, mal pensées et même inutiles. Par ailleurs, le combat écologiste ne vise pas seulement à signaler un problème au gouvernement mais aussi à sensibiliser la population. Cela implique que les actions doivent être suffisamment fortes pour qu’un maximum de personnes en entendent parler. Cependant, comme expliqué dans le chapitre des limites de la désobéissance civile, comme la bataille est sous-jacente, le réel message ne parvient pas forcément jusqu’au public ; il est donc probable que les actions de désobéissance civile ne fassent pas sens pour la plupart.

Pour conclure, les avis concernant la désobéissance civile actuelle sont partagés : pour certains l’urgence climatique a précipité la réflexion et le résultat est que les actions sont insensées et décrédibilisent le combat, qui est pourtant légitime. Pour d’autres, l’écologie est directement associée à des situations contraignantes alors se battre pour la planète l’est forcément aussi. Pour d’autres encore, les actions ont activé quelque chose en eux qui va les pousser à agir au quotidien, par des petits ou des grands gestes, en faveur de l’environnement.

Conclusion

Afin de conclure ce travail, nous allons rassembler tout ce que nous avons présenté précédemment dans le but de donner une définition, la plus complète possible, de la désobéissance civile et de répondre à la problématique du travail : « La désobéissance civile est-elle compatible avec la démocratie ? ». La désobéissance civile est une notion qui repose sur deux mots : d’abord la désobéissance. Désobéir, le fait de faire une action interdite, d’aller à l’encontre de la loi. Ensuite, la notion de civilité, de citoyenneté, l’adjectif relatif aux membres d’une société.  Ces deux notions peuvent paraitre divergentes cependant elles sont absolument indissociables dans ce concept. La désobéissance amène l’idée de désapprobation, de mécontentement, l’envie de faire remarquer, de faire du bruit. Elle touche directement le pouvoir, l’emprise du gouvernement sur la population et prouve que ce pouvoir n’est justement pas absolu ni incontestable. La civilité qui est ajoutée à cette désobéissance représente en même temps le but, les moyens et les limites du mode d’action. En effet, le but qui est derrière chaque action, intrinsèquement lié au but concret, est d’améliorer, toujours plus et tant que possible, le système politique, de renforcer la justice et l’égalité des chances. La civilité implique aussi une idée de respect des autres civils et d’unité globale. Ces notions se retrouvent dans les modalités des actions : la non-violence est incontournable tout comme l’aspect collectif et public. Enfin, le fait que cette désobéissance soit civile, montre un profond respect pour le système en place. La désobéissance civile est un mode de contestation qui repose entièrement sur le système. La démarche de désobéissance rejoint celle d’obéissance, à l’exception près qu’elle nie une partie de la législation. Les limites sont alors évidentes : la désobéissance civile doit être guidée par un engagement profond envers la justice et le droit des hommes, dans un but d’améliorer le politique et non de le remplacer.

La compatibilité entre ce mode d’action et la démocratie ne fait plus de doutes : il s’agit de deux concepts étroitement liés. Ils sont vitaux l’un pour l’autre. Sans désobéissance civile, la démocratie pourrait verser dans l’injustice sans que les citoyens ne fassent quoi que ce soit pour l’améliorer et l’aider à respecter ses propres valeurs. A l’inverse, sans système politique dans lequel s’inscrire, la désobéissance civile n’aurait aucun lieu d’application, aucune légitimité et même aucune raison d’être. De plus, elle rappelle que la démocratie ne se limite pas à voter lors des élections, mais qu’elle implique également la participation active des citoyens pour défendre leurs droits et leurs valeurs.

En fin de compte, ce travail offre une opportunité d’explorer un domaine riche en histoires, en controverses et en actualité. En comprenant mieux les motivations, les méthodes, les conséquences et les implications éthiques de la désobéissance civile, nous pouvons contribuer à une discussion constructive sur le rôle crucial qu’elle joue dans la société moderne et sur son potentiel pour le changement social.

Références

LECTURES

  • Anouilh, Jean. Antigone. Paris : Bordas, 1968.
  • Aristote. Les politiques. Paris : Flammarion, s. d.
  • Gandhi. Tous les hommes sont frères. Consulté en ligne. Folio essais, 1990. Disponible à l’adresse : https://www.cairn.info
  • Gros, Frederic. Désobéir. Champs essais, Paris : Flammarion, 2019
  • King, Martin Luther. Autobiographie, textes réunis par Clayborne Carson. Consulté en ligne. Paris : Bayard, 2000.
  • King, Martin Luther. « Lettre à la prison de Birmingham ». Consulté en ligne, 1963.
  • Laugier, Sandra. Désobéir en démocratie. Consulté en ligne. Le Seuil, 2014. Disponible à l’adresse : https://www.cairn.info
  • Muller, Jean-Marie. « John Rawls : la justification de la désobéissance civile dans une démocratie ». En ligne, Résistance pédagogique pour l’avenir de l’école, novembre 2008. https://resistancepedagogique.blog4ever.com/.
  • Müller, Jean-Marie. Le principe de non-violence. Consulté en ligne. Paris : Marabout, 1999. Disponible à l’adresse : https://www.cairn.info
  • Ogien, Albert et Sandra Laugier. « Pourquoi désobéir en démocratie ? » en ligne, la Découverte, 2011. Disponible à l’adresse : https://www.cairn.info
  • Platon. La République. Paris : Flammarion, s. d. Consulté en ligne
  • Rawls, John. Théorie de la justice. Paris : Seuil, 1971. Consulté en ligne
  • Rousseau, Jean-Jacques. Du contrat social, ou Principes du droit politique. Vol. 1. Collection complète des œuvres. Genève, 1762. Disponible à l’adresse : https://www.cairn.info
  • Thoreau, Henry David. La désobéissance civile. Les essais de Thoreau. Barcelone : le mot et le reste, 1866. S. d.

SITES

  • Biographie de Martin Luther King, Rosa Parks, Henry D. Thoreau, définition simple de la désobéissance civile trouvées sur : https://wikipedia.org

VIDEO


[1] ANOUILH, Jean, 1968. Antigone. Bordas, Paris, ISBN : 2-04-016002-7

[2] ROUSSEAU, Jean-Jacques, 1762. Du contrat social, ou Principes du droit politique. In Collection complète des œuvres, Genève, 1780-1789, vol. 1, in-4°

[3] En anglais Theory of justice est un ouvrage de philosophie morale et politique rédigée par l’américain John Rawls (1921-2002)

[4] MULLER, Jean-Marie. John Rawls : la justification de la désobéissance civile dans une démocratie. Résistance pédagogique pour l’avenir de l’école. [En ligne] 12 novembre 2008, consulté le 17 août 2023. Disponible à l’adresse : https://resistancepedagogique.blog4ever.com/

[5] Platon, 2016. La République. Flammarion, ISBN : 9782081386693

[6] Aristote, 2015. Les politiques. Flammarion, ISBN : 9782081358775

[7] Aristote, 2015. Les politiques. Flammarion, ISBN : 9782081358775

[8] John Rawls est un philosophe américain né en 1921 à Baltimore. Il a enseigné dans les universités de Princeton, Oxford, Cornell et Harvard. Sa théorie de la justice (A Theory of Justice) le rend célère. Il meurt en en 2002 à Lexington.

[9] RAWLS, John, 1971, Théorie de la justice. Paris : Seuil (1987) traduit de l’anglais par Catherine Audard

[10] Rousseau et la démocratie, La-Philo [en ligne], [consulté le 27 avril 2023] Disponible à l’adresse : https://la-philosophie.com/rousseau-democratie

[11] Les 10 commandements trouvés sur le site : https://opusdei.org/fr/article/quels-sont-les-10-commandements/ consulté le 27.07.2023

[12] Emmanuel Kant est un philosophe des lumières allemandes né en 1724 et mort en 1804. Il étudie entre autres la métaphysique et les questions morales. Il est à l’origine de la théorie de l’impératif catégorique.

[13] KANT, fondement de la métaphysique des mœurs citation tirée du site : https://www.universalis.fr/encyclopedie/fondements-de-la-metaphysique-des-moeurs/2-les-maximes-de-l-imperatif-categorique/

[14] Idem

[15] THOREAU, Henry David, 1866. La désobéissance civile, Barcelone : le mot et le reste, les essais de Thoreau. ISBN 978-2-36054-551-3 p.27

[16] LAUGIER Sandra, 2014. Désobéir en démocratie Le Seuil, Pouvoirs n°155 ISBN 9782021232684

[17] MULLER Jean-Marie, 1999. Le principe de non-violence. Paris : Marabout. ISBN : 2501031520

[18] GANDHI, 1990. Tous les hommes sont frères. Folio essais.

[19] GANDHI, 1990. Tous les hommes sont frères. Folio essais.

[20] THOREAU, Henry David, 1866. La désobéissance civile, Barcelone : le mot et le reste, les essais de Thoreau. ISBN 978-2-36054-551-3 p.35

[21] MÜNSTER, Marc. Climat : j’ai un problème avec la désobéissance civile. Le Temps. [En ligne] 21 octobre 2019, consulté le 7 juillet 2023. Disponible à l’adresse : https://blogs.letemps.ch/marc-muenster/2019/10/21/desobeissance/ 

[22] MÜNSTER, Marc. Climat : j’ai un problème avec la désobéissance civile. Le Temps. [En ligne] 21 octobre 2019, consulté le 7 juillet 2023. Disponible à l’adresse : https://blogs.letemps.ch/marc-muenster/2019/10/21/desobeissance/ 

[23] Il naît en 1817 au Massachusetts sous le nom de David Henry Thoreau. Il devient philosophe, naturaliste et poète. Son œuvre majeure : “Walden ou la Vie dans les bois” est une réflexion sur une vie vécue à part de la société. Dans son essai “la Désobéissance civile” il explique son opposition aux lois esclavagistes de l’époque. Il mourra en 1862 dans son Etat natal et représentera une grande source d’inspiration pour Gandhi et Martin Luther King dans leur lutte respective contre la ségrégation raciale.

[24] Résistance au gouvernement civil est le titre original donné par Thoreau à son essai de 1849. A sa publication en 1866, cette théorie a été renommée « La désobéissance civile ».

[25] THOREAU, Henry David, 1866. La désobéissance civile, Barcelone : le mot et le reste, les essais de Thoreau. ISBN 978-2-36054-551-3 p.11 (introduction de GRANGER Michel)

[26] Idem p.41

[27] Idem, p.39

[28] Nait en 1913 en Alabama sous le nom de Rosa Louise McCauley. Surnommée “mère du mouvement des droits civiques” à la suite de la lutte qu’elle a menée pour les droits civiques. Elle décède en 2005 dans le Michigan.

[29] Les “Jim Crow Laws” sont les lois nationales et locales issues des Black Codes, qui représentent les lois américaines qui avaient pour but de limiter les droits fondamentaux et civiques des personnes noires. Ces lois ont été édictées par la législature des Etats du Sud en 1877 afin de perpétuer l’entrave aux droits constitutionnels des Afro-Américains à la suite de la guerre de Sécession et à l’abolition de l’esclavage qu’elle a engendrée. Les lois Jim Crow les plus importantes concernaient la ségrégation dans les services publics : dans les établissements scolaires, dans les transports, dans les restaurants… elles avaient aussi pour but de limiter au maximum les interactions sociales entre les Blanc et les Noirs. Ces lois ont été abolies en 1964.

[30] Nait en 1929 en Géorgie sous le nom de Michael King Junior. Devenu pasteur baptiste et militant non-violent pour le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis il gagne le prix Nobel de la paix en 1964. Il organise notamment le boycott des bus du Montgomery en 1955 à la suite de l’arrestation de Rosa Parks ainsi que la marche sur Washington pour l’emploi et la liberté qui sera suivie de son célèbre discours : “I have a dream”. Il meurt assassiné à l’âge de 39 ans (1968) dans le Tennessee.

[31]  KING, Martin Luther, 2000. Autobiographie, textes réunis par Clayborne Carson, Bayard, Paris : ISBN 9782227436800

[32] Extinction Rébellion, souvent abrégé par XR, est un mouvement social écologiste qui utilise la désobéissance civile non violente afin d’inciter les gouvernements à agir pour la biodiversité et pour éviter le risque d’effondrement social et écologique. Cet organisme a été fondé en 2018 en Grande Bretagne et a aujourd’hui grandi jusqu’à toucher 56 pays dans le monde.

[33] DEMAY, Clémence, 2023. Le mouvement Extinction Rébellion veut renoncer à la désobéissance civile. RTSinfo [en ligne]. 16 janvier 2023. [Consulté le 27 avril 2023]. Disponible à l’adresse : https://www.rts.ch/info/monde/13684138-le-mouvement-extinction-rebellion-veut-renoncer-a-la-desobeissance-civile.html

[34] Il s’agit du dictionnaire en ligne CNRTL disponible à l’adresse : https://www.cnrtl.fr/

 [35] OGIEN Albert et LAUGIER Sandra, 2011. Pourquoi désobéir en démocratie ? La Découverte. ISBN 9782707169754

[36] THOREAU, Henry David, 1866. La désobéissance civile, Barcelone : le mot et le reste, les essais de Thoreau. ISBN 978-2-36054-551-3 p.12 (introduction de GRANGER Michel)

[37] Idem p.11

[38] OGIEN Albert et LAUGIER Sandra, 2011. Pourquoi désobéir en démocratie ? La Découverte. ISBN 9782707169754

[39] KING Martin Luther, 1963. Lettre de la prison de Birmingham

[40] Site d’extinction Rebellion, consulté le 15 aout 2023, consultable à l’adresse : https://www.xrebellion.ch/fr/

[41] Just Stop Oil est un groupe de résistance civile fondé en 2022 au Royaume-Uni. Leur but est que le gouvernement britannique arrête l’utilisation d’énergies fossiles. 

9 pensées sur “Collège des Creusets. Travail de maturité. La désobéissance civile

  • 10 décembre 2023 à 7 h 36 min
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    Dans mon expérience pédagogique de haut-niveau (bachelors, masters, CAS, DBA) face à des jeunes du même âge et qui utilisent les outils informatiques de rédaction, ce genre de composition doit être confronté au témoignage oral de la rédactrice étudiante. C’est à cela que servent notamment des examens ou des discussions ou une discussion ouverte d’une demi-heure ou de 45 minutes sur ledit texte. Ceci pourrait éclairer le contenu élaboré et voir de quelle manière il a réellement été rédigé.

    C’est évidemment une bonne dissertation scolaire, apparemment irréprochable, avec une bonne qualité de choix de sujet et des citations. sa lecture laisse tout de même un peu pensif et y étant revenu à deux reprises, avec un jour d’intervalle, j’éprouve ce sentiment d’ennui à sa lecture qui finalement donne l’impression que l’autrice balade le lecteur ou la lectrice. S’il n’est pas très facile de remettre en question le fil général du déroulé du texte, voyons peut-être certains détails. Je trouve à titre personnel que les références sont trop américaines trop ‘americanisées’ même (Martin Luther King, Rosa Parks, etc).. De façon très nettement déséquilibrée d’ailleurs pour la vision d’une adolescente suisse et européenne. Alors que ces sources existent en Europe, France, Allemagne, Italie ou même en Suisse. Cette déviation ‘US’ ressort très clairement aussi la liste biographique. En outre avec les poncifs prénommés (tant qu’à faire pourquoi ne pas citer Angela Davis ou Spike Lee ?). Qui comporte d’ailleurs curieusement des intrigantes fautes d’orthographe (les circonflexes de ‘naît’ 2x oubliés). Résumé des courses : c’est un excellent thème, un bon texte hélas filandreux, ce qui justement attire un peu l’attention sur l’intelligence artificielle qui émet typiquement ce genre de glose (citant justement dans ce cadre thématique de la désobéissance civile les adeptes récupérés au sens sartien), avec ces boucles tautologiques. Donc une dissertation d’une source un peu douteuse. J’espère me tromper.

    Cela ne remet absolument pas en question mon engagement pour l’1dex ni pour les valeurs représentées par l’1dex parce que je pense que ce genre de questions sont fondamentales.

    Également les questions du mélange des sources, c’est-à-dire de déterminer au fond ‘qui est vraiment l’auteur de quoi ?’

    – Ce sont des questions ultra contemporaines et pointues de notre époque.

    Merci de les poser.

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    • 19 décembre 2023 à 0 h 25 min
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      Bien vu Antoine, ma fille est une AI dont le prénom est l’acronyme de Materialized Artificial Intelligence Teenager Experiment. Elle est tellement aboutie que les experts n’y ont vu que du feu lors de la défense orale de son travail de maturité, obligatoire en Valais.
      Blague à part, merci pour ta lecture attentive de son travail et tes remarques fort pertinentes. Merci aussi de veiller à ce que la paresse ne supplante pas la réflexion.
      Salutations

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      • 19 décembre 2023 à 4 h 15 min
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        Je profite de cet échange perrinent et ironique, donc courageux (vis comica) pour recommander vivement la lecture des trois premières publicstions de ces trois étudiantes du Collège des Creusets ayant donc produits leurs efforts vers la connsissance de Céline, de la désobéissance civile et du courage. Le travail de Maïté, du fait de mes inclinations personnelles, m’a vraiment plu et je suis honoré de pouvoir le compter parmi les archives de L’1Dex. Le responsable de ce blog média, assez bien connu de moi, m’a assuré qu’il cherchait à publier d’autres excellents travaux particulièrement et légizimrment bien notés, l’un sur le ressentiment, l’autre sur Goya et l’inquisition. Ces documents ont aussi été réalisés sans l’aide de l’IA. Bravo à elles.

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  • 10 décembre 2023 à 12 h 24 min
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    Mon espoir est que Maïté Roduit accepte plus tard mon invitation à MPCM pour démontrer l’erreur du commentaire !

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    • 10 décembre 2023 à 13 h 50 min
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      Excellente réponse. Oui. C’est exactement ce que je voulais suggérer : je pense qu’un grand interview approfondi type MCPM éclairerait de façon complémentaire ce texte d’exception.

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  • 10 décembre 2023 à 16 h 46 min
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    Tous les étudiants ont été obligés de filtrer leur travail à travers un programme qui détecte tout plagiat.

    Personnellement, pour diverses raisons, je n’ai pas même imaginé une seule seconde un quelconque plagiat.

    Qui voudrait comparer à ce niveau les atrêts du TF !?!!!!

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  • 11 décembre 2023 à 13 h 20 min
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    Merci de vos réponses,
    – je connais et utilise professionnellement ces filtres de détection AI : ils ne fonctionnent pas,
    – votre idée d’une conversation filmée MPCM est une excellente idée. Je me réjouis de la suivre,
    – c’est ce débat contemporain qui est captivant, pas que l’un, l’une ou l’autre ait raison.

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  • 11 décembre 2023 à 21 h 00 min
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    Aïe maintenant tout le monde sait qui est chance Chalcedon !! 8P

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