KANASI, Le moine rebelle

Il y a des livres qui vous frappent par la richesse d’une écriture baroque ou la fulgurance d’une formule. Il y a des livres qui content des destins aventureux, des livres qui insèrent la petite histoire dans la grande histoire, des livres qui vous éblouissent par leur brillance intellectuelle.

Et puis, il y a les petites voix qui tracent de grandes voies. Les livres qui font du bien. Qui réconfortent. Qui vous prennent par la main sans que vous y preniez garde et puis vous emmènent dans un ailleurs vague et mystérieux pour vous apprendre quelque chose sur la vie. Et sur vous. Il faut rendre grâce à ces perles de rosée. Et à la richesse intérieure de leurs auteurs.

Lou Ma Ho appartient à cette catégorie. Il ne triche pas. Ne sait ni ne veut tricher. Toujours couronné de son chapeau de paille, il vous écoute. Vous écoute vraiment. Et vous avez alors le privilège d’entrer dans la bienveillance majuscule. Cela paraît un peu bateau, un peu cliché, mais cela ne l’est pas lorsque c’est vrai. C’est le privilège des âmes rares.

Alors, voyez-vous, son Kanasi lui ressemble, c’est un livre doux, un livre tendre. Cet homme, qui est par ailleurs un grand maître, écrit un conte philosophique qui a tous les airs d’un roman d’initiation, une histoire simple qui ne l’est pas. Pas vraiment. Parce qu’elle nous délivre des vérités qui semblent évidentes mais que le monde semble avoir oubliées.

Kanasi est un jeune moine qui parcourt le Japon à la recherche de ses origines. Et qui s’interroge inlassablement. Qu’est-ce que la vérité si on ne peut la confondre avec la réalité ? Qu’est-ce que la vérité si ce n’est « mille visages dans lesquels chacun reconnaîtra le sien » ? Et où se cache-t-elle, sinon sous nos pieds ? Est-elle toujours bonne à dire ? Existe-t-elle aussi dans le mensonge de l’autre ? Existe-t-elle encore dans la mort ? Et puis, comment cohabiter avec la vérité quand elle nous dérange ? nous bouscule ?

Le parcours semé d’embûches de ce jeune moine lui permettra de rencontrer des personnes qui, à travers leur propre histoire, lui fourniront autant de réponses que de nouvelles pistes de réflexion. Que ce soit sur le bord d’une corniche, dans un monastère catholique, chez un calligraphe lettré, sur un sentier de montagne ou sur une plage de sable blanc, Kanasi prend le temps d’écouter ces hommes et ces femmes, qui souffrent dans leur humanité et cherchent des réponses à leurs questions. Les gens ne donnent-ils que pour recevoir ? Une goutte d’eau peut-elle contenir le monde ?  

Ce livre parlera à tout un chacun. Parce qu’il nous renvoie à notre condition d’êtres imparfaits, qui ne connaissent que ce qu’ils croient connaître. Chacun y trouvera donc à moissonner un peu de pain pour mieux vivre ses hivers. Et personne n’oubliera qu’ « on peut acheter un lit, mais pas le sommeil ». Parce que lorsque l’on croit tout savoir, l’on ne sait toujours rien.

Croyez-moi, ces petites histoires sont comme autant de graines de sagesse qui germeront ici ou là, et ce chapelet laïc vous fera découvrir ou redécouvrir un petit morceau de vous. Peut-être alors comprendrez-vous que Lou Ma Ho, sous son chapeau de paille, dissimule un trésor de bonté, qu’il cultive avec patience. En apprenant à s’aimer suffisamment pour ensuite pouvoir aimer son prochain. Lui le sait, seule la lumière « donne au monde mille mondes ».

Une pensée sur “KANASI, Le moine rebelle

  • 3 septembre 2024 à 6 h 34 min
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    Belle description de l’œuvre et de son auteur oui lou ma Ho est un bouillon de culture humble intelligent et aventurier

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