Sweet justice

1.

La Riante

La salade riante de L’1Dex incluant un avocat, de la pistache concassée, de la pastèque catalane, du poivre assaisonné, de l’olive du Liban, de la doucette, de l’orange au gros sel, de la tomate séchée et marinée, deux noix curieuses et du rouge fruité.

Comme pour les feuilletons, le plus rébarbatif est de décortiquer les éléments avant de les présenter aux regards des vrais gourmands de saveurs différentes.

Avec des toasts grillés à la minute.

2.

La Mathilde

Salade du chef à la sauce Mathilde : lit de doucette, tomates ciselées, buratta italienne, pistaches concassées, abricot découpé, melon charentais, thon et oignons, tome d’Ayent. Accompagnée de toasts bien grillés. Eau plate et ristretto servi par George Clooney avec une tête de choco.

Avec cette interrogation : comment des organes de l’AI peuvent-ils digérer un rapport d’expert sans avoir pris soin d’écouter l’enregistrement de l’audition de l’assurée dont les paroles disent le contraire de ce qui est retenu dans l’écrit ? En s’abstenant d’écouter ? En faisant aveuglément confiance à l’autorité expertale ? En se convainquant qu’une erreur causée à une femme des Balkans, c’est pas bien grave ?

La sauce Mathilde, disponible chez Del Genio Artisans Bouchers SA, permet de garder l’esprit clair et de ne pas craindre les folies de l’injustice institutionnelle et psychiatrique.

Bon appétit.

3.

La Pastèconcons aux gens bons

La salade des « pastèconcons aux gens bons » : poivrons rouges, pastèque mûre, jambons, du vieux, concombre, oignons rouges, champignons dépoivrés, pistaches concassées légèrement humides ».

En l’honneur de la prochaine présidente de Val de Bagnes qui apprécie le vin de la Côte Rôtie et qui devra offrir un peu de miel à un Ours très cool si on sait l’apprivoiser et lui reconnaître quelque légitimité.

Oh Bagnards, sachez voter avec un brin d’intelligence en automne.

4.

L’avocat et la nana

Salade « L’avocat et la nana » : cornettes rafraîchies à l’eau de Sion, avocat, ananas, kiwis, petites tomates, oignon rouge, noix, huile d’olive de Platja d’Aro, poivre assaisonné, vinaigre ambré de mangue (merci ma fille !) et copeaux de jambon d’ici.

Préparé dans la bonne humeur après avoir interrogé le Conseil d’État sur son incapacité à avoir digéré l’Affaire de l’Ours du Châble qui anime Gabriel Luisier depuis huit années. Peut-être notre gouvernement privilégie-t-il le remplacement de la cheffe démissionnaire de la santé publique. Personnellement, je sais que l’employé communal licencié a de vraies compétences comptables, juridiques et administratives que ne possédait pas celle que Mathias Reynard présentait comme la meilleure candidate il y a deux ans. Mais imaginer que je puisse avoir eu raison contre l’avis de nobles autorités compétentes ne plaît pas. Je me réfugie dans l’assaisonnement de curiosités savoureuses. Bon appétit.

5.

La Piccolini muchas gracias

La « Piccoloni muchas gracias » : ces petites pâtes italiennes assorties d’un demi oignon blanc ciselé à la mode de La Planta, ail coupé avec un couteau orange, un cinquième de poivron jaune, des moitiés de tomates naines, du piment d’espelette, un zeste de Alpine Swiss Whiskey, un chouia de crème légère.

Idéal pour digérer la monumentale file du Verbiergate, dont les failles grandioses et célestes ne laissent plus assez de temps aux procureures pour cuisiner à midi tant l’ami d’Alicante déborde d’inventivité à mon égard. Je dois avouer que dans un état sain, qui croquerait davantage dans mes piccolini, la digestion se passerait aussi agréablement qu’avec les cousines de ces nouilles. Le féminin de nouilles c’est nouillettes. Qui peut m’en trouver pour ma prochaine recette ? À bientôt.

6.

La Kaka Thaï

Cette savoureuse salade étendue est connue sous le syntagme « Kaka Thaï » : 4 rouleaux aux légumes chevauchant une salade mêlée à la sauce cacahuètes. Disponible sous le siège de L’1Dex à l’Avenue de la Gare à Sion au prix raisonnable de vingt francs.

Le nom du plat n’a pas été donné par un supporter du Milan AC ou du Brésil en l’honneur du footballeur Kaka, ni en référence aux cacahuètes agrémentant la sauce. Il provient du bourbier laissé au Châble par quatre hommes qui imprègneront tout bientot les allées du Palais de justice dans la mesure où ils ont refusé de nettoyer les excréments sans savoir que la puanteur des lieux parfumerait jusqu’aux roses de leur salon. Le choix du jardinier n’est pas sans lien avec le ressenti des odeurs par les promeneurs. Il eût fallu être moins gourmand.

7.

L’Octo Cheese

À La Cave La Pleine Lune, à Saint-Pierre-de-Clages, une « Octo Cheese », soit une raclette Bagnes I, donc de Verbier, je n’invente rien, avec cornichon et petits oignons. Témoin : Robin Udry. Pas de vin, mais une boisson ricaine dont je tairai le nom (trop de sucre !).

Pourquoi huit ? Selon L’Ours, joint par téléphone, ce pourrait être le nombre a minima de Bagnards punis.

Je vous le dis formellement, ce fromage de Verbier est une tuerie. Magnifique. Et mérité après l’envoi d’une douceur aux endormis.

8.

La Violet

Salade « La violet », suggérée à L’1Dex féminin par Lydia : petites tomates jaunes, petites tomates oranges, avocat, melon, mozzarella, épices, huile.

« La violet » est une sorte de néologisme résultant d’un cafouillage volontaire entre LA salade et le syntagme « VIOLER la loi ». « La violet » est délicieuse et rappelle donc aussi les dessous du Val de Bagnes, puisq’au Châble allègrement on viole les lois sur les constructions avec une aisance qui rappelle Borsalino, quoique le duo à la tête du gang sont moins sympathiques que Belmondo et Delon. Il faut aussi dire que « La violet » est une dédicace à la performance livresque réalisée par une fille de Bagnes, Maeva May, qui propose dans un livre en anglais de choisir des recettes qui s’accordent avec les luttes environnementales. Je suggère aux dominants municipaux de suivre les recommandations alimentaires de Maeva.

Et de suivre celles de Gabriel Luisier dans le champ légal et judiciaire.

Reconnaître ses torts en savourant « La violet » serait très intelligent.

9.

La Burratine florentine

Une « Burratine florentine » : doucette de Chez Sylvain & Co, demi oignon blanc ciselé, tomate coupée en quatre tranches, quatre bouts d’ananas, oeuf dur bien centré, deux merguez grillées, deux mini burratines, huile d’olive, vinaigre balsamique, fondor, graines et une pincée de miel d’acacias sur le noeud de chaque mini burratine.

Le nom de l’assiette, la douceur de celle-ci, les couleurs des aliments ont leur source dans la certitude que mon travail d’avocat peut parfois irriter un Florentin. Mais aujourd’hui, je lui ai réservé deux écrits délicats, feutrés et robustes dirait un membre du barreau vaudois, qui, accompagnés de cette salade de fin d’été lui permettront de comprendre en souriant qui il convient aujourd’hui de favoriser une victimedans le seul souci de respect de la loi.

10.

La Pivoine bleuette dans le filet

La « Pivoine bleuette dans le filet » est un délice juste pas végétarien et un peu coquin dans son inspiration : entrefilet mi-bleu de quelque 120 grammes, poivré et salé, pommes de terre pré-cuites et grillées, tranche de melon orangé, tomates débridées, doucette coloriante, barratine un brin enduite de miel d’acacias.

Être dans le filet, c’est être coincée, telle une dame qui veut bouger sur un échiquier mais sait devoir provoquer le mat de son roi qui sait que ce foutu pion l’a coincé alors même que le joueur avait annoncé que le coup était très mauvais. Mais entêtée tu as été, entêtée tu es, entêtée tu seras, à moins d’imaginer un pat connu de celui à qui la dame préfère ne pas parler. Mais pour parler il faut être parfois courageux et inventif. Si tu es née pieuvre fuyante tu fuis outre là-bas; si tu es né en riant non seulement tu mourras en riant mais dans ton assiette de la pivoine tu apprécieras.

À bientôt.

11.

La Pas de quartiers et des rondelles

La salade « Pas de quartiers et des rondelles » assagit les colères : rondelles de cervelas soigneusement réparties, bouts de fromage du pays recouvrant le rose, restes de pommes de terre grillées à l’huile d’olive sans épices, quatre quarts d’abricots découpés avec un couteau au manche orange, poivre assaisonné.

Arrive alors ce moment où il ne s’agit plus de faire de quartiers, il faut trancher à la hâche, écarteler, éviter de penser à la souffrance de la vilaine et espérer qu’elle saura faire pénitence le temps finalement très court où vous savourez après Nobs du Montreux Festival une magnifique salade dépourvue d’abricotine parce que vous avez l’ambition de rester sobre et de boire du presque naturel, de l’Evian (en verlan, naïve).

12.

La Sweet justice

Une nouvelle salade, nommée « Sweet justice » : de la doucette délicatement posée sur une assiette, avec un brin de fondor, un mélange de graines variées, du poivre assaisonné, de l’huile d’olive de Catalogne et du vinaigre de vin blanc. Et j’ai osé : du miel d’acacias. Simple et doux.

Une douceur qui rapproche de ces instants très rares où l’avocat des causes perdues sait que cette magistrate voudrait tant rendre une décision qui vous chagrinerait mais qui se sait contrainte de devoir à l’insu de son plein gré admettre que votre flèche a si bien ciblé le centre que vous donner tort confinerait à un abus si outrancier que sa carrière pourrait se briser avec autant de fracas qu’une corde de violon se cassant au début du premier mouvement d’un concerto de Chopin. Alors, sur votre terrasse, vous berçant d’illusions vous savourez ma « Sweet justice » avec ce plaisir sublime d’avoir provoqué au moins une fois un acte d’équité.

Bon appétit.

13.

La Cornichons au gala

La « Cornichons au gala » à travers ses couleurs et sa saveur permet de résister face à l’idiotie insensée : rondelles de tomates aux herbes de saison, maïs éparpillé, doucette cachée, cornichons bien verts, merguez protégeant du Gala nature, huile d’olive du Liban ou d’ailleurs, accompagné d’un petit pain aux céréales de chez Zen.

Les cornichons parfois il faut leur expliquer à coups de mails bien pesés à quel point ils devraient prier pour que l’Ours résistât à la tentation de retrouver sa cible au fond d’un parking un soir de pantalonnade, faisant semblant d’être aviné et maniant un gourdin bien pesant. Ne savent-ils pas ces cornichons vinaigrés que les sceaux municipaux n’effraient que ceux qui croient qu’un sot n’est jamais autorisé à enduire d’encre cet outil d’un pouvoir incontrôlé. Bon heureusement que tout cela ne soit que de la fiction. On ne veut pas d’un Valais trahi par la Confrérie des valets décervelés.

L’automne s’annonce lourd.

À vos fourchettes.

14.

A La Noix

« À la noix » est une salade qui magnifie cette place proche de là-bas : un demi concombre épluché et découpé en tranches délicatement placées sur une assiete grise et blanche (décisive la couleur !), avec des feuilles de salade mêlée, des épis de maïs et une noix au top, mouillée à l’huile d’olive grecque et au vinaigre de mangue.

De là-bas, L’Ours et moi avons reçu un lot de décisions « À la noix » qui laissent pantois. Peut-être devrait-on pour la postérité doctrinale nous lancer dans une anthologie des écrits à la noix que nous découperions dans la joie pour sanctifier les « concons » qui, épluchés, avant même d’être arrosés s’interrogeront : comment a-t-on pu être si con ? Cette salade bien digérée permet de comprendre qu’à cette interrogation il n’y aura nulle réponse.

Très important : le couteau doit être bleu ou orange pour sublimer au mieux le concombre.

15.

Les mots rient

« Les mots rient » est un plat de spaghettis aux morilles à mille modalités. Ici : 30 grammes de morilles sèches trempées une nuit complète dans de l’eau (du lait aussi, de l’eau et du lait, de la double eau [on change l’eau]}. Aujourd’hui pas même de la récupération de liquide, ni même de « nettoyage » des morilles ! Faire revenir des oignons hâchés plus ou moins finement dans de l’huile d’olive, ajouter les morilles, un éclair de bouillon de boeuf, du poivre assaisonné, de la coriandre, ajouter de la Dame de Sion, du Säntis Whiskey, et de la demi-crème, sans oublier un double bon jet de sauce de rôtie liée. Cuire les pâtes à mi-cuisson, de la bavette, et les ajouter dans le plat de morilles pour achever une cuisson magnifiquement al dente. Le seul plat que je maîtrise ! Avec plein de variantes : uniquement de la crème, du basilic et d’autres épices, du cognac (une tuerie), du vin blanc d’ici ou d’ailleurs, des échalotes, de la ciboulette, du je ne sais quoi. Un seul conseil : être généreux en morilles. Ça a un coût, mais c’est gagné sans trop de risque.

Dans les plus hautes procédures, les mots rient aussi. On rit par exemple lorsqu’une autorité [communale] [bagnarde] refuse de statuer alors qu’elle y est contrainte et qu’elle statue ensuite lorsque la loi qui a dans l’intervalle changé le lui interdit. Faire tout et son contraire constitue un acte d’enseignement pour le citoyen qui comprend l’acuité de la versatilité humaine. Quand on ne peut plus rien prévoir, les mots rient alors dans notre bouche et on se régale comme si l’on gouttait pour la première fois des morilles riantes.

16.

L’en-cas de gens bons

« L’en cas de gens bons » est une facétie alimentaire d’un samedi soir à grignoter devant LCI, Netflix ou la Premier League : deux petits quarts de melon charentais, pruneau de pas loin tranché en quatre quarts, tome d’anniviers, rebibes et jambon de Parme, accompagné de pain tessinois.

Les gens bons seraient-ils dans les palais de justice matraités ? La question n’est pas oiseuse dès l’instant où l’on comprend que les juges du siège n’entendent pas devoir supporter les coups des méchants. Alors s’incruste en eux peut-être, même inconsciemment, qu’il serait fâcheux de s’attirer la haine des mauvais. Alors peuvent-ils avoir la tentation d’échapper aux filets de ces importants qui n’hésitent que rarement à dévorer les jambons alignés dans leurs plats. En apprêtant cet en cas, « Les gens bons », le citoyen protège sans le savoir ses intestins et son estomac contre les tentatives dédordonnées des malfrats qui voudraient empoisonner du pain tessinois avec du miel félon.

J’aime tous les gens bons, fussent-ils des balafrés de procédures dilatoires iniques.

Un salut franc et sincère à mon Colargol préféré.

Bonne nuit.

17.

La bavette stricto sensu

« La bavette stricto sensu », c’est le plat sédunois phare du restaurant de L’1Dex. Dans sa version minimaliste, ça donne : oignons rouges déchiquetés et émincés que l’on fait revenir dans une poêle imbibée d’huile d’olive de la Costa Brava, région de Platja d’Aro de préférence, viande hâchée choisie par la bouchère avenante en tablier blanc, une demi cuillère de bouillon de boeuf, du poivre assaisonné retrouvé dans ses réserves puisque Manor déstocke trop souvent, du harissa, du piment d’espelète, de la coriandre, bientôt rejoint par du stricto sensu de la maison Varone, – on sera généreux – et du whiskey de Säntis. On ajoute de la purée de tomate à votre goût (tu n’as pas mis assez de tomates, nom d’une pipe, papa !), et de la demi-crème. Dans l’intervalle, quel crétin je suis, j’avais ajouté du poivron jaune coupé finement. Si le temps de cuisson vous importe peu, préparez des carottes et laissez les cuire deux à trois heures dans du bouillon de boeuf, leur tendresse sera irrésistible. À mi-cuisson, la bavette de pâtes est déposée dans la sauce bolognaise à la mode – décisif ce point ! – al dente. Mélangez et servez.

L’interprétation stricto sensu est une lecture littérale des textes de loi. Une magistrate ne peut pas inventer la loi, ce n’est pas son rôle. Elle ne peut pas faire dire noir à une paroi qui est blanche. Elle ne doit pas imaginer ce que la lettre d’une norme pourrait signifier. Elle doit appeler un chat un chat, et un rat, un rat. Une plainte est une plainte, une absence de plainte est une absence de plainte. Stricto sensu, dit l’avocat causeur portant bavette [ce tissu blanc « décorant » la robe noire, des yeux bleus ne sont pas des yeux bruns. Stricto sensu, au sens strict, n’est pas à interpréter comme distributeur de largesses sémantiques infinies. Au sens strict, de la viande de boeuf hâché n’est pas du saumon norvégien. Et du stricto sensu n’est pas de l’amigne flétrie de Fabienne Cottagnoud. Un vigneron lettré est à même de contribuer à un meilleur éclairage des récoltes de chasselas, surtout si le contrôleur des vendanges a oublié de rectifier les mélanges des vins, faisant trop confiance à sa capacité à surmonter l’ivresse. En fait, stricto sensu, soyez convaincus par mes mots, et fuyez ceux tenus par des fans des incohérents habillés d’une robe noire et d’une bavette blanche.

Et puis taisez-vous et laisser vous bercer par les odeurs de ce rouge de chez nous qui peut ne pas être du Stricto sensu.

18.

La Dali Cheese

La « Dali Cheese » : sortir les plaques du four, préchauffez à 200 degrés en mode chaleur tournante, chronomètre à neuf minutes depuis ce moment-‘à, se saisir d’une assiette de soupe, y verser de la Dame de Sion acquise dans un Migrolino avec un paquet de dix tranches de pain de mie et dix tranches de Raccard du pays. Tremper chaque morceau de pain de mie dans le vin une après une, la poser sur la plaque à cuisson, les surmonter d’un carré de Raccard, mettre au four. Au bip final, sortir la plaque du four, ajouter du poivre assaisonné. Appréciez, avec une salade de rampon à l’huile d’olive du Maroc, poivre, vinaigre balsamique et miel d’acacias.

Pourquoi diront les plus attentifs dix tranches et pas huit ou six. Peut-être que le petit paquet de pain de mie contient dix pièces de même que l’emballage de Raccard. Et bien non ! Dix tranches parce que la commune préférée de Gabriel Luisier doit rendre 10 décisions qu’elle refuse de prononcer depuis plusieurs années. Alors dix tranches de fromage pour anticiper par enpathie les dix décisions qui devront nécessairement compenser les maux subis par cet homme qui n’aime pas les salades (on le comprend !), ni les légumes. Mais je prends le pari que le fromage fondu cet homme l’aime même avec du pain de mie.

Rien de surréaliste dans ce « Dali Cheese », car tout est vrai : « la vérité est un processis » (Bernard Williams, philodophe, Vérité et véracité, Gallimard).

19.

Les Spaghs de Marion

« Les spaghs de Marion » : ma maman cuisinait tous les jours. Et je retiens ici cette assiette si simple que j’essaie d’imiter depuis si longtemps et que je partage avec moi-même, souvent en fin d’après-midi lors de mes longs retours de la Catalogne. Une simplicité qui me renvoie toujours à ces repas du soir. Souvent, il y avait du fromage, mais pour moi jamais râpé. Plus tard, du thon, avec huile et vinaigre blanc. Alors voici ces spaghettis Barilla, de la purée de tomate dans une cassetole séparée, du fondor et du poivre, en y ajoutant un bon bout de beurre. Et c’est tout. Ce soir, j’ai ajouté une loupe d’eau des pâtes. On mélange le tout. Et me voici tout seul renvoyé dans le passé. Ce soir, je me suis appliqué et c’était fabuleux. Et toujours sans fromage râpé. J’avoue avoir triché pendant la cuisson, je me suis découpé de la tome d’Anniviers. Je n’imagine pas mangé ces pâtes rouges avec ceux qui m’indiffèrent et avec qui les liens sont distendus. Toutes celles et tous ceux qui ont partagé avec moi Les spaghs de Marion, je vous aime.

La justice devrait être un acte d’amour. Elle est presque toujours un acte de haine. On fait croire que l’arbitre des litiges est la loi, mais l’arbitre des litiges c’est l’arbitraire. Parfois, on applique le VAR et on essaie d’expliquer. Mais le plus souvent le justiciable est précipité dans l’incompréhension, il est sidéré, et son avocat est aux abonnés absents, il a trop sué et il n’en peut plus. Pour lutter contre cette indifférence, en sus d’un vrai travail de connaissance du dossier, je n’ai qu’une recette pour plus d’harmonie : que juges, procureurs et avocats se lancent dans le combat le jour suivant celui où ils auront savouré leur Madeleine de Proust. Ils apporteront au dossier plus de bienveillance, plus de vérité et plus de sincérité, moins d’aigreur et d’animosité.

Il arrive pourtant que la stratégie d’autrui est de faire exploser l’adversaire. C’est en ces temps où le président du tribunal devra avoir très bien mangé avant le prononcé de son jugement.

20.

L’Avocat

L’entrée « L’avocat » exige la résolution d’une difficulté réelle : le choix du fruit. Ce n’est pas simple. Chacun l’a expérimenté, trop vert, trop mûr, avarié. Mais de l’avocat al dente, c’est possible. Puis vous le découpez au juste milieu. Vous plongez une cuillère à soupe à même l’écorce et vous le posez sur une petite assiette. Vous le poivrez. Moi, c’est avec du poivre assaisonné. Puis du gros sel de la Camargue. Et enfin, de l’huile d’olive, votre préférée. Très simple et très bon (sans le cuire naturellement).

Choisir un avocat en procédure ou pour éviter un procès, c’est aussi la principale difficulté. Ce qui est à éviter, c’est assurément de choisir un avocat qui utilise ses clients pour servir de gourdins contre ceux qu’il n’apprécie pas. Dans ce cas, fuyez avant qu’il ne soit trop tard. Et préférez vous réfugier dans votre cuisine en avalant un magnifique avocat qui vous préservera d’une mauvaise rencontre.

Ce que vous venez de lire, ce ne sont pas des salades.

21.

La Franca

« La Franca », c’est du verlan, c’est franc ça : je veux faire du riz et me voilà sans réserve, le ménage de fin d’été (merci Béa [Béatrice Riand] ayant mis à mal mon stock. Je me rabats, je suis franc, sur des cornettes pour mon riz au safran : oignons fins, blancs de poulets émincés, huile d’olive honorant votre casserole de cuisson, un zeste de whiskey, de la Dame de Sion, du safran, un brin de bouillon d’Oswald, poivre, – assaisonné évidemment -, de la demi crème et de la ciboulette. Tout ça, c’est franc.

Un avocat franc est celui qui annonce avant même l’encaissement du premier franc que le droit est tout sauf franc. Le droit, c’est visqueux, peu goûteux, pas crémeux, tout baveux. L’Ours du Châble [Gabriel Luisier] s’y délecte, parce que l’adversaire y est si peu heureux qu’il peut y être franc et joyeux. Cuisiner en sa compagnie, avec mon talent, celui des mots, rend joyeux comme ce riz au safranc et cornettes sans beurre.

Les feux d’artifices, multiples et variés, s’annoncent, pour le dire en homme franc, assez insolites et superbes. Les Bagnards surtout vont se régaler.

22.

L’Ambre à la menthe

23.

La Flemmette

« La flemmette » est une riposte à ma légendaire paresse : de la demi crème dans une poêle ronde (une rectangulaire, m’a-t-on dit, fait l’affaire), un zeste de bouillon, poule ou boeuf, du poivre noir (exceptionnellement j’ai ignoré l’assaisonné), de la ciboulette séchée. On y plonge à feu moyen les tortellini aux épinards et à la ricotta achetés dans une grande surface ne maltraitant pas ses employées. Et on n’oublie pas avant de servir du fromage râpé italien.

« La flemmette » en droit correspond à cette écriture d’un confrère point désargenté qui, s’adressant au tribunal fédéral, ne sachant absolument pas comment ne pas acquiescer à des évidences d’un recourant maltraité par sa mandante, de sa plus belle plume déconfite, traduit à la perfection la pensée de sa cliente : « elle n’a pas d’observations particulières à déposer ». À ce stade, l’histoire ne dit pas le coût de l’écriture, ni le temps de réflexion pour aboutir à ce moment procédural intense.

La recette eût pu se nommer « Pavillon blanc ».

24.

Les boules de l’Ours

« Les boules de l’Ours », c’est un dessert valaisan pour les sobres : un sorbet abricot, un sorbet poire, et son biscuit non maison. En ces temps de sobriété, on évitera l’adjonction d’un alcool fort.

Les qualités naturelles d’un ours sont son flair, sa force, sa détermination, sa résilience (hibernation), sa détermination, son indépendance et son calme. À ces traits essentiels de cet animal, l’Ours du Châble, et ce sont ses pires ennemis qui l’ont dit à une tenace procureure, en ajoute une autre, une acuité visuelle extraordinaire. Il détecte son voisin à cinq cents mètres (pas moins !) même dans le brouillard et sur une piste très noire.

Ce jour-là, lorsqu’il a su être né avec ce talent supplémentaire, Gabriel Luisier s’est offert ce dessert à un pas de L’1Dex, à la Bodega (La bodega sion), pas loin de la Rue des Vergers, que j’ai baptisé dans un élan intuitif « Les boules de l’Ours ». Et c’est incroyable, je l’ai constaté, quand un ours est en colère, il reste calme. La colère froide, l’arme de la patience inoxydable, tempérée par deux boules de glace. Sans miel d’acacias.

Raphaël chante « Sur la route » : « la justice, pas la vengeance ». On a toujours (il était une fois le 10 novembre 2015 !) fait confiance à la justice, non ?

25.

L’Avalanche

« L’Avalanche » est le nom donné à L’1Dex à un dessert sans flonflon : une boule de glace chocolat, une seule, recouverte d’un flux inspiré de crème fouettée accompagnée de son biscuit industriel arrimé à la colère blanche.

Car, oui, cette douceur est conseillée pour rendre plus suave cette divine colère décrite dans la Bible qui est la garante d’une lutte mesurée contre les injustices et qui rétablit dans l’état de droit le plus inabouti une éthique qui,sans cette avalanche d’inutiles procédures, eût à jamais disparu. À la dernière cuillère, on perçoit l’espace d’un instant lumineux cette vérité du caractère insolent mais proportionné des coups portés à leurs bourreaux à la volée dans les tribunaux par ces victimes à qui presque par surprise une procureure reconnaît qu’est venue cette heure où le glas de la loi répare (oh le gros mot !) l’inadmissible.

Un silence intime fugace saisit alors l’avocat qui devine un avenir flamboyant.

Cet accord entre la blanche et la chocolatée devient inoubliable.

26.

La Complète

À La Crêperie de la Rue de Lausanne 10, à Sion, dit Béa, on mange les meilleures crêpes d’ici. En habitué conservateur, je choisis « La Complète » et celle au citron. La première, celle de ce jour, inclut du jambon, du fromage et un oeuf au plat. La seconde du jus de citron. « La complète », j’adore.

« La Complète » dans le monde de la justice valaisanne est une rareté. Elle inclut un parcours en droit civil, en droit public, en droit pénal, en droit procédural, en droit constitutionnel, en droit médiatique, en droit disciplinaire, en droit des fonctionnaires et en politique. C’est une affaire tout-terrain où les angles de vues sont multiples. Tout y existe, surtout le pire.

Au milieu de « La Complète », il y a l’oeuf. Au centre du Verbiergate, il y a un Ours. Le premier doit être poivré. Le second sait pimenter.

Stéphane Riand

Licencié en sciences commerciales et industrielles, avocat, notaire, rédacteur en chef de L'1Dex (1dex.ch).

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