Ariane Manfrino a lu « J’aurais préféré Baudelaire heureux » (2)
Hommage à toutes les victimes
« J’ai depuis longtemps dépassé le stade de la honte. »
Cette phrase, puisée au creuset du livre de Béatrice Riand « J’aurais préféré Baudelaire heureux », est révélatrice. Révélatrice de la force surhumaine qui anime toutes les victimes de harcèlement. Il faut, effectivement, oser braver le regard des autres pour espérer défendre de justes droits.
Cette quête de reconnaissance, l’auteure nous la conte à travers 240 pages haletantes d’émotion. Un récit poignant, le sien, mais combien hélas ! pluriel, qui rend compte d’une réelle descente aux enfers.
Un véritable hommage rendu à toutes ces victimes de harceleurs !
En quelques lignes, ce témoignage retrace le parcours d’une femme qui, après des études universitaires, embrasse la carrière d’enseignante. Sa force, l’amour des mots, des textes, de la littérature, qu’elle souhaite, avec passion, transmettre à ses élèves.
Parcours d’une combattante, rapidement esquissé, qui a dû imposer son profond désir d’étudier dans un milieu familial plutôt réfractaire à cette orientation :
« Tu vas te marier, avoir des enfants, pourquoi étudier ? »
Dès lors, et au prix d’une belle dose de volonté, la jeune femme résistera et décrochera le titre tant convoité.
Un premier emploi, dans une zone reculée, et puis un poste en plaine, dans une école de commerce, où elle va pouvoir enseigner la littérature, monter une troupe de théâtre.
Certes, Béatrice Riand rêve du lycée-collège. Toutefois, consciente du chemin qu’il lui reste à parcourir , cette dernière va se donner pleinement à sa nouvelle tâche.
Un investissement apprécié par les élèves, par une bonne partie de ses collègues, mais qui, hélas ! n’aura pas l’heur de plaire à son directeur. Celui qu’elle surnommera « le borné » va s’ingénier à détruire cette femme. Jour après jour, on assiste à un harcèlement dont les contours sont sans fin.
Jour après jour, la jeune femme tient tête, appuyée par une solide poignée de professeurs et face à cette destruction, des plaintes sont déposées.
Tout aurait pu s’achever là si l’Etat, Dieu et Maître, avait joué son rôle. Hélas !, et c’est ce qui m’a interpellée, « le borné est protégé par les plus hautes sphères de la politique. L’Etat sauve la face du borné et permet à tous les autres de proliférer en toute impunité. »
Reste que ce directeur harceleur sera, finalement, sanctionné. Maigre consolation pour l’auteure épuisée, qui se sent amputée de son identité, malade et ne travaille plus. Et aussi pour bon nombre de ses collègues qui, à travers ce combat pour la justice, ont perdu leur confiance et leur santé.
L’autre volet de cet échec grandement imputable à l’Etat, est celui de la justice.
Impossible de résumer ces plaintes qui n’aboutissent pas, les plaintes du harceleur à son endroit que l’on accepte.
Impossible si ce n’est en un mot que la preuve du grave dysfonctionnement de notre justice est ici donnée!
« Après un premier barrage érigé par l’Etat lorsque je dénonçais les comportements de mon supérieur hiérarchique, la justice de mon pays en érige un second » constate Béatrice Riand.
« Je m’interroge dès lors sur la séparation des pouvoirs. »
Dernière tentative, avec les efforts incessants d’un avocat, qui aboutira à un demi-succès.
Condamné le borné, sanctionné le juge indélicat, mais c’est sans compter sur un recours qui va l’envoyer d’expertise médicale en expertise médicale.
Il est vrai qu’il y a de quoi devenir fou pour oser revendiquer la justice dans un monde où nos institutions sont plus que défaillantes.
Finalement, Béatrice Riand va bâcher. Elle se doit d’abandonner pour survivre !
« Le borné » ne sera pas condamné pénalement, mais il a payé.
Un bien maigre tribut si l’on considère la protection étatique et judiciaire dont il a bénéficié.
Un lourd tribut pour la victime qui sérieusement atteinte dans sa santé devra lutter pour ne pas sombrer et se reconstruire.
Avec en prime, la perte de son rêve plus que légitime : enseigner tout simplement.
Post Scriptum
Parvenue au terme de ce récit, je me dois de crier mon écœurement. Ecoeurement face à un harceleur certes, mais aussi et surtout dégoût envers ces institutions qui étouffent les cris pour ne pas faire de vagues.
Le cas de Béatrice Riand n’est pas un cas isolé, hélas ! Nombreux sont les individus, et principalement des femmes il faut le dire, qui subissent de telles manipulations perverses. Et ça, sous l’inertie dommageable des institutions qui ont pourtant pour mission de sanctionner les harceleurs.
LES CRITIQUES DU LIVRE A CE JOUR
Geneviève Levine a lu Béatrice Riand
Ariane Manfrino a lu « J’aurais préféré Baudelaire heureux »
« L’auteur sera à la librairie à Sion », quelle librairie ?
Je viens de faire les modifications : La Librairie LA LISEUSE, samedi 20 octobre 2018, dès 16 heures.
Je ne sais que dire ni que d y penser . j évoque la métamorphose d un autre
auteur connu . J encourage à lire Mme
Riand . Elle sera sans doutes une écriture pour bien des victimes que parfois même des enfants .