AU QUEBEC, PIERRE METRAILLER A LU « J’AURAIS PREFERE BAUDELAIRE HEUREUX »

« Pourtant, il faut une histoire comme la mienne pour écrire, écrire vraiment, non ? Parce que sans une histoire particulière, Les Fleurs du Mal n’existeraient pas. Le psychiatre la regarde au fond des yeux, oui, peut-être, mais j’aurais préféré Baudelaire heureux. »

Béatrice Riand nous livre son histoire particulière,comme un long cri de douleur. On ne sort pas indemne de cette lecture qui claque au visage. Encore moins, quand, comme moi, on aime autant le milieu de l’école où l’on a exercé que son coin de pays où l’on est né. La blessure livrée est bien plus que le spleen, la tristesse profonde exprimée par Baudelaire. Elle est douloureuse, encore vive, même si l’on sent vers la fin une cicatrisation qui s’amorce.

En 1857 Les Fleurs du Mal ont scandalisé la société contemporaine, conformiste et soucieuse de respectabilité, comme le disent les manuels de littérature. À l’heure de #MeToo, plus personne n’est surpris que des comportements inavouables existent, mais de là à en tirer les conséquences, la marche est encore haute. Même si 5 femmes occupent de hautes fonctions politiques de manière éphémère, le chemin est encore long pour que la vallée quitte son paternalisme séculaire.

Dans le cri de Béatrice Riand, le soleil est omniprésent. Autant salvateur qu’accusateur, il règne en maître sur la plupart des scènes du drame. Parti du sud, de cette Catalogne belle et souffrante comme l’héroïne, il se fixe dans sa Cité où le drame se noue. De retour dans le sud, il aidera à la cicatrisation de la blessure. Si l’on évite la vanité d’Icare, le soleil est un très bon allié.

Puis, il y a les personnages. La tragédie se noue autour du « borné » qui l’accable, de la « pierre » qui l’oublie, du « voleur de mots » qui la recueille et du « petit juge » qui la fait attendre. On trouve encore le  « serpent, Maria, Lam, Loup »et bien d’autres qui construisent ce cri de douleur. Tout commence avec Eulalia, l’arrière-grand-mère, et tout finit à Eulalia, la nouvelle maison.

« C’est une maison blanche, entourée d’une végétation disparate, qui s’écroule lentement, victime de l’indifférence générale. » Personne ne voit le champ de ruine silencieux qui voudrait hurler. Il lui faudra un long chemin pour renaître. « La Vila Eulalia aujourd’hui, resplendit. Dans la petite pinède, des lampions. Et puis quelques tables, recouvertes de lin coloré. »

« Lorsque vous écrivez un livre, mettons, sur l’horreur de la guerre, vous ne dénoncez pas l’horreur, vous vous en débarrassez ». Romain Gary, Chien blanc (1972). Ce n’est qu’à la fin de la lecture que la dédicace apparaît comme une évidence. Le cri est libération. Si les mots sortent douloureusement, ils possèdent une intensité prenante.

Baudelaire a guidé cette amoureuse de la littérature, arrivé au terme de la lecture de J’aurais préféré Baudelaire heureux, un autre poète maudit me trotte dans la tête:

C’est un trou de verdure où chante une rivière


Accrochant follement aux herbes des haillons


D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,


Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.           

Rimbaud et son Dormeur du val reflète une partie de l’image de ma région qui est étendu dans l’herbe sous la nue. Moi aussi, J’aurais préféré Baudelaire heureux pour que plus personne n’ait à vivre d’enfer.

 

 

LES CRITIQUES DU LIVRE A CE JOUR

Geneviève Levine a lu Béatrice Riand

Ariane Manfrino a lu « J’aurais préféré Baudelaire heureux »

Au Québec, Pierre Métrailler a lu « J’aurais préféré Baudelaire heureux »

 

 

LE LIVRE EST DISPONIBLE DANS TOUTES LES LIBRAIRIES ET PAR COMMANDE DIRECTE A L’1DEX(LIVRAISON DES LE 15 OCTOBRE)

L’auteur sera à la librairie LA LISEUSE à Sion le samedi 20 octobre 2018, dès 16 heures

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