LAURE MI HYUN CROSET. DES SACREMENTS A LA LITTERATURE

Laure Mi Hyun Croset est une bonne chrétienne. Elle a suivi tous ses cours de religion. Elle a pleuré à son baptême, elle a savouré l’hostie à sa première eucharistie, elle n’a pas dit non à sa confirmation, elle s’est agenouillée plusieurs fois dans le confessionnal, elle a subi en rêve l’ordination en voulant courir après son âme et, un jour, le lecteur ne saura pas pourquoi, elle s’est mariée avec la littérature. Laure est une brave chrétienne, elle a dit oui à tous les sacrements.

 

Mais, avant de recevoir l’extrême-onction, elle aura beaucoup péché. Dans Le beau monde, elle a choisi, avec Louise, d’imaginer une mariée en robe blanche renoncer à participer à la cérémonie et s’en aller en jeans à travers champ. Les convives s’interrogent : mais pourquoi cette roturière a-t-elle décidé de laisser ses invités partager ce festin qu’elle avait, obsessionnelle du détail, minutieusement organisé ?

 

La haute bourgeoisie lyonnaise, abandonnée à ses méchancetés trop longtemps retenues, ne va pas pouvoir résister, apéritif et banquet aidant, à se triturer les méninges pour tenter de percer à jour la personnalité de l’absente. Mais, toi, prochain lecteur, ne crois pas une seconde que Laure aura poussé l’exercice jusqu’à donner la parole au fiancé délaissé, dont on ne saura donc jamais, ou presque, la nature des liens qui furent les siens avec sa dulcinée perdue. Mais, celle-ci ayant connu blbliquement d’autres mâles, poindront, au gré de l’avancement des sacrements, quelques facettes singulières de la dame en blanc (en jeans, in fact).

 

Je vous le dis, il faut se méfier d’une bonne chrétienne qui ne veut pas mourir trop tôt. Elle est capable, Pastis 51 ou Ricard aidant (les Lyonnais sont sensibles à la différence), de vous emberlificoter et de se payer votre tronche, dans un final qui annonce non point les funérailles de la mariée, mais la maîtrise littéraire tout du long du sujet.

 

Mais, au fait, quel est donc le sujet de cet objet littéraire ? Les réponses des critiques seront variées; la mienne est mienne : c’est la littérature.

 

Et c’est peut-être pour une bonne chrétienne un péché que cette littérature dans laquelle un faux mariage est transformé en bombance ?

 

Une chose est sûre : Laure Mi Hyun Croset péchera, encore et encore. Mais, elle sera sauvée, car le prêtre qui la confessera saura simultanément lui donner une magnifique extrême-onction. Peut-être même, avant son dernier souffle, l’aura-t-il mariée à un écrivain.

 

Bonjour à ceux qui aiment les très bons romans !

Stéphane Riand

Licencié en sciences commerciales et industrielles, avocat, notaire, rédacteur en chef de L'1Dex (1dex.ch).

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