RAW SHOTS #2 – Pap N’Diaye

Pour voir l’article de présentation du projet, et la première vidéo, c’est par ici: https://1dex.ch/2020/02/raw-shots-1-gaspar/#.XjW4pS17RQI

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La deuxième vidéo de ce projet a été tournée à Dakar, plus précisément dans la décharge de M’beubeuss, située dans la périphérie de la mégapole sénégalaise.

La décharge de M’beubeuss est une décharge de déchet, sans doute une des plus grande d’Afrique subsaharienne. En effet, la décharge est grande de plus d’une centaine d’hectares, où s’entassent quotidiennement quelques 2000 tonnes de déchets. L’économie sénégalaise est majoritairement informelle ; beaucoup de personnes y ont trouvé un moyen de se faire de l’argent, en vendant du plastique récolté dans les déchets à l’entreprise de recyclage située sur le site.

A priori bon pour l’environnement, par le recyclage, le phénomène est en fait un désastre écologique, et social. L’absence de gestion des produits toxiques a engendré, par exemple, la pollution de la majorité des nappes phréatiques alentour. De plus, il est fréquent de voir s’échapper de la décharge des fumées blanches : celles-ci viennent du fait que certains récupérateurs (la plupart n’ont pas de masques) mettent feu au plastique pour mieux en extraire les matières premières réutilisables. Outre le fait que ces pratiques engendrent régulièrement des incendies relativement dangereux, le problème est aussi que les vapeurs toxiques rendent malades les poumons de celles et ceux qui habitent à proximité. Il en résulta plusieurs manifestations, dont la dernière en date a éclaté le 14 décembre 2019, et ce pour fermer la décharge ; selon un contact sur place, la police est encore présente sur les lieux à ce jour, mais l’Etat ne se résigne pas à la fermer.

Un autre problème majeur, ici intrinsèque à la culture sénégalaise, est celui des talibés ; Pap N’Diaye en fait mention (~1min45). Dans l’absolu, un talibé (du mot talib, signifiant étudiant, en arabe) est un enfant de 5 à 14 ans qui est sous la protection d’un maître spirituel, appelé ‘’marabout’’. Au Sénégal, une grande partie de ceux-ci sont corrompus, et demandent aux enfants assignés à leur Daarade leur ramener une certaine somme par jour, souvent sous peine d’être puni. Les enfants sont censés recueillir cet argent par l’aumône : c’est pour cela qu’on peut voir beaucoup de ces enfants dans les rues de la capitale. Dans les régions plus défavorisées, comme la banlieue par exemple, certains trouvent dans le revenu facile (mais dangereux) de la décharge de quoi subvenir aux ordres des marabouts.

C’est dans ce contexte que vit Pap N’Diaye ; lui y travaille, depuis ses douze ans. Il avait du reste déjà été interviewé par le CRDI canadien dans cet article (https://www.idrc.ca/fr/recherche-en-action/la-decharge-de-mbeubeuss-creuset-dexperiences). Il est le porte-parole de ceux qu’on appelle les ‘’récupérateurs’’. Cette interview est la plus courte des quatre du projet. En effet, Pap N’Diaye semble sur la défensive ; lors des questions, un certain agacement a été palpable, notamment lorsque je lui demandais si la fermeture de la décharge est une solution. Lui est de l’avis que ce serait une ‘’catastrophe’’, pour différentes raisons qu’il cite dans cette vidéo.

Réalisation: Luca Gillioz

 

Lien vers la vidéo:

https://youtu.be/arm8mzkP6Rg

 

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