Musk attacks! L’ultime folie

(PAR ANDRE CRETTENAND)

Les petits hommes verts ont du souci à se faire. Les Terriens aussi. Il a décidé de conquérir la planète Mars et de la coloniser. On devrait se réjouir que le milliardaire s’intéresse à l’infini et au-delà plutôt qu’au destin de Donald Trump qu’il finance à coup de millions et dont il partage les errements.

L’argent ne fait pas le bonheur, et on voit bien que Musk n’est jamais content, toujours irrité, en colère contre le monde, fâché que son fils ait choisi de devenir une fille, tué, dit-il, par le wokisme. La faute à cette Californie trop libérale et si honnie qu’il a décidé de déménager les sièges de ses sociétés SpaceX et X au Texas, cocon conservateur qui le rassure et le protégera des mauvaises influences. De quoi le porter désormais vers les Républicains les plus radicaux et leur gourou. Le techno s’essaie à la politique comme une nouvelle façon d’expérimenter le pouvoir. Une transition de genre en quelque sorte.

Après avoir inventé le paiement en ligne, développé la voiture électrique, dopé l’Internet à haut débit par satellite, racheté Twitter, fumé des joints en direct à la télévision, joué à l’influenceur, envoyé des touristes dans l’espace, et gagné beaucoup d’argent, Elon Musk s’ennuie. Aller embêter nos voisins de planète n’est que l’ultime marotte.

C’est un projet fou, mais l’homme a tant réussi à surprendre le monde que l’on n’est pas aussi sceptiques que nous devrions l’être. Musk fascine et irrite. C’est lui qui fournira les fusées qui conduiront les astronautes sur la Lune et les planètes alentour. C’est encore lui qui se porte au secours des deux naufragés de la station spatiale internationale, que la compagnie Boeing a imprudemment envoyés là-haut et est incapable de ramener sur Terre. Mais c’est lui aussi qui diffuse sur son réseau des messages nauséabonds. Un monstre à deux têtes qui s’ébroue et se réjouit des frayeurs qu’il suscite.

“On se passionne pour ce qui est lointain et on dédaigne ce qui est tout près.”

Sa fortune, prodigieuse, lui ouvre toutes les portes et contraint ses interlocuteurs, les politiques notamment, à une réserve prudente. Entrepreneur autrefois adulé, le voilà le plus souvent moqué et haï. Musk a besoin d’un coup d’éclat pour briller à nouveau et balancer à ses détracteurs qu’il est bien le meilleur. Il veut de l’attention, il veut qu’on l’écoute, qu’on l’aime, qu’on l’admire. S’il doit passer par Mars, il le fera. Il y accueillera un jour les humains fuyant une Terre devenue inhospitalière. Il sera le Sauveur de l’humanité. Il sera heureux, enfin. « C’est une sorte de maladie. On se passionne pour ce qui est lointain et on dédaigne ce qui est tout près », dit l’académicien Érik Orsenna, dépité de voir tant d’énergie dépensée en futilité. Paradoxalement, Bill Gates qui, lui, veut faire le bien pour ses proches, sur Terre, n’est pas plus aimé alors qu’il consacre des milliards à la lutte contre les maladies et à la diffusion des vaccins dans les pays défavorisés. On le soupçonne de noirs desseins comme d’implanter des puces espionnes dans nos veines. Spleen de milliardaires.

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