Dites-nous, Julien, Fabienne et Nicolas, comment CONTREVENEZ-vous artistiquement à L’espace ContreContre ?

(PAR SEVE FAVRE)

 

Fabienne Samson, Julien et Nicolas Marolf nous content aujourd’hui leur Espace ContreContre situé à St-Maurice, non loin du Château, presque en contrebas. Un espace qui, sans nul doute, mérite visites et contre-visites afin de saisir l’esprit des lieux.

–       L’espace ContreContre est le nom de votre espace d’exposition. Pourriez-vous tout d’abord nous raconter l’origine de cette appellation ainsi que les avis et contre-avis qui ont motivé sa naissance ?

Julien Marolf, Président de l’association ContreContre :

L’Espace ContreContre que j’ai imaginé et créé avec le sculpteur Edouard Faro a été inauguré en 2016. Le lieu se compose d’un espace d’exposition entouré de deux ateliers de sculpture, l’un sur pierre et l’autre sur bois. La restauration du bâtiment a duré environ quatre ans.

 

Les samedis de travail se terminaient souvent par des discussions sur l’art, la politique, enfin, sur le monde en général ! N’ayant souvent pas le même avis, nous campions chacun sur nos positions.

Pourtant, le jour d’après, réflexion faite, nos avis s’inversaient et nous nous mettions à défendre la position de l’autre. Les discussions redevenaient tout autant tumultueuses, mais toujours dans un profond respect réciproque. C’est ainsi que le nom de ContreContre est né.

–       Le logo de votre Espace est une sorte de contretype. Expliquez-nous ce qu’il représente et pourquoi ce choix ?

Julien Marolf :

Le logo vient d’une de mes cartes de vœux de bonne année : une gravure sur laquelle un corbeau amenait un rameau d’olivier. Le corbeau, soi-disant symbole de mauvais présage, tient dans son bec le rameau, soi-disant espérance de paix.

–       La conduite de cet espace est également liée à l’Association ContreContre. Comment cette association joue un rôle de contrefort dans le développement de l’Espace ?

Julien Marolf :

L’association ContreContre a été créée par un collectif d’artistes qui ont réuni leur savoir-faire et leur expérience artistique et administrative dans une idée commune de promouvoir la création sous ses différentes formes. L’envie est là : explorer les diverses disciplines artistiques, anciennes et contemporaines, en proposant à un large public les travaux d’artistes valaisans et d’ailleurs.

 

  • Pour cette exposition vous aviez prévu un vernissage commun avec le Château, la galerie Oblique et l’Abbaye. Est-ce synergie habituelle, une collaboration qui ne va pas l’encontre des buts de chacun ?

 

Julien Marolf :

La synergie s’est faite très rapidement, au commencement, par une collaboration avec le Château et l’Abbaye de St-Maurice. Puis, plus tard, avec la galerie Oblique. Il est prévu que la Fondation Ateliers d’Artistes nous rejoigne en 2022.

Chacun de ces lieux aspire au même but qui est celui d’attirer le maximum de personnes, dans sa programmation respective. Nous savons la profusion de projets de toute sorte. Pour ne pas saturer en évènements, nous avons décidé de nous regrouper, ponctuellement, et de donner ainsi la possibilité d’un parcours culturel différent tout en nous soutenant mutuellement.

 

 

  • Si vous jetez un regard en arrière sur l’ensemble des expositions que vous avez présentées jusqu’à présent. Comment imaginez-vous le futur de l’Espace, malgré ce contretemps actuel ?

Nicolas Marolf, curateur :

Il paraît nécessaire, au vu des secousses violentes, physiques, que traversent la planète et les êtres, au vu de ce retour de manivelle évidemment prévisible, de resituer le rôle poétique de l’Homme, son regard sur ses duperies, et sa façon d’avaler le déni.

Notre futur est d’abord la recherche d’un rythme.

Je crois qu’il nous est important, au vu du bordel actuel, de cesser de vendre cet « à venir » comme le fait une banque, un parti politique, ou encore une assurance-vie.

ContreContre mise sur un esprit de conduite plutôt qu’une ligne.

  • Pour la prochaine exposition comme pour l’ensemble de la saison, vous exposez le travail de deux artistes. Comment rencontrez-vous et choisissez-vous les artistes qui vous allez exposer ?

Nicolas Marolf, curateur :

Pour cette saison 2020, nous avons choisi de proposer 3 expositions en binôme – nous l’avions remarqué en exposant Marc de Bernardis & Alexandre Loye en 2018 : la confrontation ou l’association d’œuvres et d’artistes d’horizons différents enrichit les possibilités de débats et amène un public hétéroclite. Cela nous paraît toujours important : découvrir et s’étonner, s’inviter et oser un regard neuf, secouer les habitudes. Peut-être. Nous tentons cette formule : l’expérience de solidariser les plasticiens devant l’aventure commune qu’est l’exposition.

Le choix des artistes ? Après vue des dossiers en commun avec le collectif, je programme des visites d’atelier. C’est là que tout se passe.

 

  • Pouvez-vous nous expliquer plus précisément dans le cas des deux artistes, Catherine Liechti et Eric Sansonnens, pourquoi leurs travaux se répondent et s’articulent de manière optimale, en harmonie et/ou en contrepoint, pour cette exposition commune ?

Nicolas Marolf, curateur :

Ces deux artistes cherchaient une occasion de créer quelque chose ensemble. Lors de notre visite à l’atelier d’Eric, celui-ci nous a fait part de cette envie. Aussi simple que cela.

Il n’en est pas de même pour d’autres expositions prévues, qui mettent en relation des caractères et des œuvres antinomiques : quels points communs trouverons-ils /elles dans l’aventure ?

La seule chose d’importance est de se reconnaître. Pas forcément de s’apprécier, mais de reconnaître l’autre. Je m’occupe en général des divorces, mais aussi du mariage des œuvres.

  • Aujourd’hui cette exposition est repoussée en raison de la situation sanitaire mondiale. Comment votre travail de promotion se trouve impacté par cette actualité ? Avez-vous prévu des activités spécifiques pour contrer cette période (communication digitale renforcée…) ?

Nicolas Marolf, curateur :

Comme pour tous : l’expectative. Même si des subventionneurs sensés être au courant des difficultés actuelles nous demandent un programme réajusté pour l’année ! C’est d’une stupidité accablante : ils se projettent déjà – et c’est cela le déni – dans une sortie de crise alors que celle-ci n’est pas encore avalée. Ils ne veulent absolument pas voir qu’il y a quelque chose à changer, une possibilité de grandir. En cela, il nous paraît dérisoire de travailler sur des communications digitales renforcées.

Ce qu’il nous faut, c’est un peu de silence et d’introspection, combien d’artistes nous ennuient déjà avec leur journal de confinement, comme si le monde en avait à foutre. Après deux semaines de semi-confinement, ont-ils aussi peur de se faire oublier ? Le monde de la prostitution lui-même est sensé se confiner. J’insiste sur cela : il faut prendre ce temps pour sculpter ce morceau de cire qui est nous-même, imaginer une rentrée en formation nouvelle, ne pas travailler encore à « revenir » dans l’aliénation de l’habitude.

Quel écrivain, aujourd’hui, écrit des livres qui nous ouvrent le crâne ?

Quel artiste utilise ses possibilités de « haut-parleur » pour défendre certaines causes publiques, parler pour ceux qui ne sont pas entendus ?

  • Quel rôle a joué l’espace ContreContre pour St-Maurice et sans contre-indications pour les diverses institutions scolaires qui sont présentes sur sa commune (Collège, HEP, Cycles…), ?

Fabienne Samson, administratrice et coordinatrice :

La synergie développée avec le Château de St-Maurice, l’Abbaye, la galerie Oblique et bientôt la Fondation d’Ateliers d’Artistes, et en particulier les vernissages communs organisés en ouverture de saison et en septembre, permet à ContreContre d’accueillir dans ses jardins l’ensemble des acteurs et visiteurs de ces événements. Le terme d’«after» revient sur plusieurs lèvres. C’est dans ce même esprit que des événements scéniques ont été organisés à mi-parcours de chaque exposition. La convivialité est donc de mise certaine et va de pair avec notre envie d’une ouverture à un public large.

Nous participons à d’autres activités inscrites dans la ville de St-Maurice qui s’adressent à un public « familial », comme par exemple la « Ballade gourmande ». Effectivement, il n’y a aucune contre-indication pour le public, bien au contraire !

Travailler avec les écoles fait partie du cahier des charges que nous nous sommes donné, et ce projet est actuellement en cours de développement. Dans les activités de médiation culturelle proposées cette année (enfin, telles que nous les avions prévues avant la pandémie), existe une proposition aux élèves de rentrer en dialogue avec le dessin et les artistes.

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