ROBERT CHAUDENSON N’EST PLUS, UN GRAND HOMME NOUS A QUITTES

Le beau-fils de Robert Chaudenson nous a fait part ce jour du décès de cet homme qui avait accepté depuis le début de l’année 2015 de partager à L’1Dex ses inimitables chroniques.

« Bonjour, Florence et Sophie ont la tristesse de vous annoncer le décès de Robert, ce matin, 7 avril.

 Merci d’avoir la gentillesse de transmettre à ceux qui auraient dû être dans cette liste.

C’est un grand homme qui nous quitte et là, c’est son beau fils qui parle. 

Énormes admiration et respect. Bon voyage Robert.

Bien à vous

Pierre-Yves »

 

Pierre Yves a ajouté quelques liens pour ceux qui souhaiteraient relire quelques unes de ses nombreuses lignes 

https://www.amazon.fr/Contacts-langues-contacts-cultures-cr%C3%A9olisation-anniversaire/dp/2738453872

https://www.persee.fr/authority/33528

https://blogs.mediapart.fr/robert-chaudenson/blog

https://www.anti-k.org/2019/03/28/staline-et-israel/

https://mondesfrancophones.com/author/rchaudenson/

https://iledegoree.wordpress.com/2013/07/02/gogos-a-gogo-a-goree-par-robert-chaudenson/

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=24175&razSqlClone=1

https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=54516

https://www.furet.com/livres/des-iles-des-hommes-des-langues-robert-chaudenson-9782738416537.html

https://livre.fnac.com/a3000236/Robert-Chaudenson-La-genese-des-creoles-de-l-Ocean-Indien

https://journals.openedition.org/oceanindien/1823

https://www.google.com/search?q=robert+chaudenson&safe=active&rlz=1C1CHBD_frFR716FR717&sxsrf=ALeKk02QjRgT0ZV34nEB3fwbCjhNxCSnQQ:1586244240080&tbm=isch&source=iu&ictx=1&fir=jQjlPxFos_DLrM%253A%252Clb-7gfdA4dU5qM%252C%252Fm%252F0c449f0&vet=1&usg=AI4_-kQG00dDUM_OsSsCtUZcJPP8Rq_nPQ&sa=X&ved=2ahUKEwiNy9Oj5NXoAhUMuRoKHWlrC44Q_B0wE3oECAcQAw#imgrc=KRppaT5BS-k02M&imgdii=5a5D7rrJwnnf8M

640 articles de Robert Chaudenson ont paru à L’1Dex depuis le début février 2015.

En ces temps de coronavirus, presque au hasard, ici à L’1Dex, en lui souhaitant bonne route vers un ailleurs que nous rejoindrons un jour, nous publions une nouvelle fois l’article qu’il avait édité le 29 septembre 2018 en lien avec la planification dans le champ de la santé.

Un érudit et un humain, qui n’avait pas peur des mots de vérité, nous a quitté.

Un grand salut depuis le Valais à toute sa famille et à tous ceux qui avaient su l’apprécier, en France, en Valais et ailleurs dans le monde.

NUMERUS CLAUSUS ET PERSONNEL DE SANTE

 

Ayant eu le privilège, si l’on peut appeler ça comme ça, d’appartenir durant plusieurs années, à un Comité technique du Ministère des universités qui avait pour charge de définir la politique à suivre en  matière de formations universitaires en fonction des données démographiques et sociales, je suis stupéfait que le gouvernement français n’ait pas été en mesure (dès les années 75) de faire une prévision réaliste et logique fondée sur l’évaluation des besoins en matière de personnels de santé et de prendre les décisions opportunes et indispensables pour les décennies suivantes.

Faute d’être en mesure d’avancer des explications plus plausibles, je suivrai sur ce point les hypothèses sévères du docteur DDupagne dont j’ai mentionné l’excellent blog  (op.cit. ), même si elles ne paraissent quelquefois un peu excessives (D. Dupagne , »L’origine de la pénurie des médecins en France. Petite histoire du numerus clausus et de la régulation de la démographie médicale », http,  atoute.fr, 21/12 2013).

D. Dupagne constate, comme je l’ai fait :

« C’est à ce moment, à la fin des années 80, qu’il aurait fallu anticiper les besoins accrus qui s’annonçaient pour la décennie suivante. Malheureusement, la CNAMTS devient précisément alors le fer de lance du mouvement en faveur de la diminution du numerus clausus ; la caisse va jusqu’à considérer qu’il faut reconvertir des milliers de médecins. Gilles Johanet est son nouveau directeur. Énarque, conseiller à la Cour des comptes. Il sera le principal artisan de la limitation drastique du nombre de médecins formés qui descendra à 3500 en 1993. » [ souligné par moi ]

Le rôle attribué par D. Dupagne à Gilles Johanet est peut-être un peu exagéré, mais il ne fait pas de doute qu’il a été très important ( pour des raisons sans doute très diverses et pour certaines peu avouables, on le verra) comme le montre le bref résumé de sa carrière qui suit et dont l’essentiel est emprunté à Wikipédia pour plus d’objectivité.

Énarque entré  à la Cour des comptes en 1977, G. Johanet est directeur de cabinet de Georgina Dufoix, secrétaire d’État à la Famille dans le gouvernement socialiste, en 1981-1983. Il est ensuite chargé de mission pour les questions de santé, maladie et retraite auprès de Pierre Mauroy, en 1983. Il est nommé à la tête de la CNAMTS et s’y trouve entre 1989 et 1993 puis de juillet 1998 à février 2002. Entre ces deux postes, il est Président du Centre de sécurité sociale des travailleurs migrants, Secrétaire général de la Cour des comptes (1997-1998) et Directeur du régime social des marins. On imagine donc  l’influence qu’il a pu avoir !

« Jusqu’à la fin des années 90, M. Gilles Johanet a défendu un numerus clausus bas qui entrainé une diminution drastique du nombre de médecins formés et conduit à la formation des « déserts médicaux » en France au début du XXIe siècle. En 2002, il démissionne de son poste de Directeur de la CNAMTS, face au refus de Martine Aubry d’accepter son « plan stratégique » pour la Sécurité sociale, comprenant, notamment, le conventionnement sélectif des médecins en fonction des besoins géographiques. »

Directeur général adjoint jusqu’en 2006, de la branche « santé et assurances collectives » des AGF (septembre 2003), [ Tiens ! Tiens ! Curieux N’y a -t-il pas là une vague senteur de conflit d’intérêts  ] il propose en avril 2006 une réduction de la cotisation à l’assurance santé maison contre des preuves d’achat du yaourt Danacol de Danone (Danacol vers 2005-2006 est présenté comme « souverain » contre le cholestérol ; c’est « scientifiquement prouvé » comme ne cesse de nous le répéter Jacques Weber dans toutes les pubs télévisées où on l’emploie et dont on nous accable !). G. Johanet est aussi alors le père d’une « complémentaire santé » dite « Excellence santé » (12 000 € par an et par personne, mais donnant accès aux meilleurs médecins de France ; les soins plus lourds (comme la chirurgie) resteraient toutefois à la charge de la Sécurité sociale!). Face au tollé général, le projet ne verra jamais le jour. G. Johanet quitte AGF devenu Allianz en 2007 et retourne à la Cour des Comptes. Le 18 février 2011, il est nommé président du Comité économique des produits de santé), [ Tiens ! Tiens ! De plus en plus curieux ! ]. Il sera nommé à la fonction de Procureur général près la Cour des comptes par un décret du 19 juillet 2012.

Laissons la  belle carrière pantouflante de G. Johanet, sans quitter toutefois le domaine de la PACES où nous le retrouverons.

» Ce n’est qu’en 1998, et donc bien tardivement, que les autorités sanitaires et les syndicats médicaux prennent brutalement conscience du risque de pénurie qui se profile pour les années 2000. Quasiment seul contre tous, Gilles Johanet pèsera néanmoins de tout son poids pour bloquer le numerus clausus au plus bas.

Les données démographiques étaient pourtant suffisantes pour anticiper la pénurie menaçante, même en ignorant l’impact de la féminisation de la profession (les femmes médecins travaillent souvent moins que les hommes car elles gardent une vie familiale). Mais Gilles Johanet s’obstine. Au passage du siècle, tout bascule. L’évidence de la pénurie devient criante. Le numerus clausus commence à être relevé. Il est malheureusement trop tard, du fait des 10 ans qui sont nécessaires pour « fabriquer » un médecin libéral opérationnel. L’énorme creux des années 1985-2005, qui aurait dû être corrigé 10 ans plus tôt, sera impossible à rattraper ».

« La redoutable pénurie, que des gestionnaires à courte vue ont laissé perdurer, produit l’effet d’un repoussoir sur les jeunes générations : les nouveaux diplômés ne s’installent plus, redoutant d’être piégés comme leurs aînés qui croulent sous la demande. Ils bénéficient de revenus confortables en se bornant à remplacer des médecins libéraux débordés, vieillissants et exténués par la charge de travail. Les emplois salariés, qui se sont multipliés, paraissent aussi bien plus attirants que l’exercice libéral avec ses contraintes croissantes et archaïques ». (fin de citation)

Cette analyse de D. Dupagne est tout à fait exacte et elle est confirmée par nombre de témoignages très récents que j’ai pu lire ou voir en relation avec le récent « Plan santé ». Dans un documentaire sur la question, j’ai suivi ainsi l’interview d’un jeune médecin qui expliquait longuement son refus de s’installer. Il s’assure en effet par des remplacements un revenu mensuel de 3600 €,  sans avoir à employer une secrétaire ni à louer un local ; la liberté totale dont il jouit entre ces remplacements lui permet de travailler, de voyager et de s’occuper à sa guise.

Par hasard sans doute, j’ai eu ces derniers mois l’occasion d’avoir affaire, non pas aux médecins chez lesquels j’avais pris des rendez-vous, toujours très à l’avance, mais à des remplaçants que je ne connaissais pas et que je ne reverrai sans doute jamais. L’ordinateur leur donne sur le patient du moment tous les détails nécessaires ! Dois-je ajouter que l’un de ces rendez-vous (avec une dermatologue) était pris depuis près de huit mois alors qu’Aix-en-Provence ne paraît pourtant pas devoir être considéré comme un véritable désert médical.

Revenons un instant pour en finir à l’histoire : « En 2002, Gilles Johanet se lance alors dans une fuite en avant en souhaitant imposer le conventionnement sélectif suivant le lieu d’installation, mais Martine Aubry refuse, comme on l’a vu,  et il démissionne en 2002. Enfin ! Serait-on tenté de dire a posteriori. Il retournera, comme on l’a vu, à son corps d’origine (Cour des Comptes) avant de goûter du privé aux AGF-Allianz où il tentera de lancer un système de médecine pour VIP.

Le point de non-retour ayant été atteint, l’augmentation tardive du numerus clausus ne fonctionnera pas. La médecine libérale, déjà mise à mal par l’hospitalo-centrisme de la formation et le blocage des honoraires conventionnels, ne s’en remettra pas.

« Le mythe d’une mauvaise répartition des médecins avec des régions sur- et sous-dotées perdurera quelques années avant que s’impose l’évidence : il existe des déserts médicaux jusque dans Paris. Quasiment toutes les régions sont sous-dotées en médecins libéraux ou sont en passe de le devenir.

Comme je vous le disais en introduction, la nullité de ces gestionnaires ne sera jamais sanctionnée. Les syndicats les plus arc-boutés sur le numerus clausus deviendront majoritaires (CSMF – SML) et Gilles Johanet se verra confier l’importante direction du Comité économique des produits de santé, ce haut lieu d’influences où se discute à huis-clos le prix des médicaments. ».

Cette perfide remarque finale, est hélas pertinente dans bien d’autres cas de « conflits d’intérêts » quand il s’agit de problèmes de santé. Il est parfois bien difficile dans de tels cas  de faire le départ entre la science et l’industrie, ce qui  dispense de s’interroger sur les vraies raisons des prises de position de Gilles Johanet comme de tant d’autres! Il suffit de constater que le bon sens a fini tout de même par triompher, même si on peut s’interroger sur les financements des actions qu’on sera sans doute conduit à envisager.

Merci à toi Robert.

 

Stéphane Riand

Licencié en sciences commerciales et industrielles, avocat, notaire, rédacteur en chef de L'1Dex (1dex.ch).

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