Une ascension avec Pauline Desnuelles

Pauline Desnuelles, Une ascension, Slatkine, 2023, 185 p.

« En toute saison,Hélène et moi partions sans crier gare. Deux cabris à l’assaut des hauteurs. Monter, escalader la roche. Nous agripper à la montagne. Tenter de gros dénivelés. Nous avions ça dans la peau. »

Je ne m’aventurerai pas avec Pauline Desnuelles sur les terres des chamois, ni sur celles des alliés du roi Makoko, encore moins sur une piste de danse de l’Opéra Garnier. Je ne me risquerai pas plus avec elle dans les couloirs étroits des pistes de ski de Chamonix.

Mais ses mots, son phrasé, ses coupures et ses éclats, d’insouciance ou de gravité, disent un peu comment on peut arriver à ne pas passer à côté de soi. L’ascension de Pauline Desnuelles, en sus d’être un appel vers la nature, les rochers, les Alpes, les plantes et le pépiement des oiseaux, est une traduction littéraire d’un visage qui sourit aux étoiles et qui reprend goût à la vie. Un livre marqué du sceau de la douceur qui vainc la rancoeur.

Après la descente du Mont-Blanc avec Marguette, des frissons et des tressaillements me saisissent lorsque l’écrivain Desnuelles m’amène à la cabane des Vignettes. Cheminer avec dame Desnuelles, ce n’est pas seulement tomber dans une crevasse et crier pour ne pas recevoir des cailloux sur la tête, c’est se dire à nouveau à soi-même que la langue française c’est mieux qu’un concert de Nick Cave ou de Jeff Buckley. Elle est rassurante, cajolante, chaotante, oppressante, furiante, cassante. Elle est à l’exemple de la montagne, « liturgie ».

Au commencement était le verbe. Slatkine a su ici privilégier une amoureuse des mots qui révèlent des recoins de son âme qui réfléchit sur la nôtre. C’est pas le moindre de ses talents , parmi lesquels un souffle assuré nécessaire en haute montagne même dans la tempête.

Pauline Desnuelles nous guide aussi dans sa propre librairie, de Jürgen Habermas à Frison-Roche, et dans la musique de ses tripes, de Nick Cave à Bob Dylan.

Pauline Desnuelles ? Un écrivain de la tendresse, une auteure de la balade en montagne et une femme à la recherche d’émotions vraies.

Post Scriptum : le livre de Pauline est en vente dans toutes les bonnes librairies et à la fondation Gianadda, ses personnages sachant distinguer Kandinsky de Matisse. Léonard Gianadda n’a pas oublié qu’il avait connu Marguerite Bouvier et qu’un paragraphe lui est consacré dans ce livre.

Stéphane Riand

Licencié en sciences commerciales et industrielles, avocat, notaire, rédacteur en chef de L'1Dex (1dex.ch).

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