Dunia Miralles. Le gouffre du cafard

Référence :

Dunia Miralles, Le gouffre du cafard, Uppercut, BSN Press, 2023, 95 pages

Dunia Miralles, l’écrivain à succès de Swiss Trash, ne facilite pas la tâche de ses critiques. En fait, en coriace amatrice de la manipulation souterraine, elle provoque journalistes et blogueurs en les sommant de dire quelque chose d’intelligent sur son oeuvre tout en sachant que l’interdiction de spoiler exclut toute parole compréhensible pour les lecteurs de ces articles. Ne pouvant échapper à ce piège, j’aurais pu renoncer à rédiger ce texte si je ne m’étais engagé auprès d’une amie à tenter l’exercice. Double piège en fait, je suis pris dans la nasse et sais déjà que mon lecteur s’étonnera que je ne dise rien de sérieux de ma lecture.

Pourtant, le harcèlement, même scolaire, ne m’est pas inconnu, de même que la spéléologie, une passion d’adolescent que je n’ai jamais pratiquée jusqu’au jour où j’ai rencontré l’interprétation des rêves de Sigmund Freud. Le lecteur lumineux pourrait se dire que l’école ne veut pas de cafard chez elle et que le spéléologue ne peut éviter de se plonger régulièrement dans les gouffres. Un contradicteur pourrait voir dans le cafard cet état de saisissement affronté dans le noir par le guide et l’alpiniste qui le suit et dans le gouffre cette ignorance à laquelle sont confrontés plus que les autres les élèves harcelés. Dunia Miralles, me lisant peut-être, sourira de ma dextérité à dire en me taisant.

Car il ne faut pas se tromper, le vrai thème abordé dans Le gouffre du cafard n’est pas l’école, ni un loisir ténébreux, il est tout autre. Si j’étais professeur de français, j’imposerais la lecture de ce roman en contraignant les élèves à disserter sur le sujet du livre. Ce qu’on découvrirait dans les écrits de ces étudiants dirait peut-être beaucoup de choses de notre ère.

Si j’étais maître de conférence dans une école de la magistrature, je mettrais mes étudiants, futurs juges, devant leur responsabilité personnelle face à Dunia Miralles. Je serais peut-être alors procureur requérant simultanément contre l’auteure et contre les femmes et hommes de robe.

Semant encore plus la zinanie, j’inscris mes derniers mots qui surprendront mes lecteurs autant que l’autrice (beurk, ce mot !) : Rose, penche-t-elle du côté des Juifs ou des Gazaouis ?

Pour me suivre dans ce fouillis délicat, il faut dépenser quelques sous chez votre libraire préféré.

Stéphane Riand

Licencié en sciences commerciales et industrielles, avocat, notaire, rédacteur en chef de L'1Dex (1dex.ch).

Une pensée sur “Dunia Miralles. Le gouffre du cafard

  • 16 octobre 2023 à 18 h 24 min
    Permalink

    Monsieur Riand,

    Je vous remercie pour cet article inespéré qui, à aucun moment, ne dévoile la trame de mon roman.
    En effet, une journaliste m’a déjà fait savoir qu’écrire « un papier » sur ce livre est un véritable casse-tête.
    Vous avez magnifiquement réussi l’exercice.
    En vous remerciant encore, recevez mes meilleurs messages.
    Dunia Miralles

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