Clean Water. Pour certains, l’eau est déjà rare et la situation ne fera qu’empirer avec le changement climatique. Que pouvons-nous faire ?
Bonjour et bienvenue dans le bulletin d’information d’AP Climate Watch. Je suis Dana Beltaji, rédactrice au sein de l’équipe Climat et Environnement d’AP. Aujourd’hui, j’aimerais vous expliquer pourquoi, à mesure que le monde se réchauffe, les discussions et les tensions sur les ressources en eau ne feront que s’intensifier.
Il est difficile d’exagérer l’importance de l’eau. « L’eau, c’est la vie », a déclaré un habitant d’une ville kenyane sujette à la sécheresse à Carlos Mureithi, journaliste de l’Associated Press spécialisé dans les questions climatiques en Afrique.
Or, le changement climatique provoqué par l’homme perturbant le cycle de l’eau, certaines régions du monde sont désormais confrontées à des déluges plus fréquents, tandis que d’autres connaissent des périodes de plus en plus longues sans aucune pluie. Les lacs et les rivières s’assèchent dans certaines régions et apparaissent dans d’autres. Les nappes phréatiques, qui ont mis des années à s’accumuler, sont exploitées si rapidement qu’elles ne se reconstituent pas assez vite.
Ce mois-ci, l’AP a rapporté que la ville indienne de Bengaluru, sous l’effet conjugué du changement climatique, du phénomène météorologique naturel El Niño et d’une mauvaise gestion de l’eau, est en proie à une crise de l’eau. Les lacs autour de la ville se sont asséchés, le niveau des nappes phréatiques ne remonte pas et les habitants doivent se contenter de rations d’eau coûteuses provenant des villages voisins et acheminées par camions-citernes.
Les experts affirment qu’ils auraient pu prévoir cette situation, car la population de la ville augmente au fur et à mesure que des entreprises technologiques du monde entier s’y installent, mais les nouvelles sources d’eau ne font pas vraiment partie de la planification urbaine.
Et il n’y a pas que le sud de l’Inde qui est concerné. À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, vendredi dernier, des journalistes du monde entier ont souligné à quel point la situation est désastreuse pour de nombreuses personnes dans des régions disparates du monde.
Au Maroc, les sources d’eau deviennent tellement salées en raison du manque d’eau douce et de l’élévation du niveau de la mer qu’elles tuent le bétail et nuisent aux agriculteurs. Au Pérou, le gouvernement envoie des camions remplis d’eau aux habitants des quartiers les plus pauvres du pays, où des tensions apparaissent lorsque les gens tentent d’obtenir ce dont ils ont besoin. En Indonésie, l’eau du robinet est tellement irrégulière et sale que les habitants doivent acheter des tonnes d’eau en bouteille importée d’ailleurs, ce qui a pour effet d’étouffer les cours d’eau avec des déchets plastiques.
Des habitants se baignent dans un barrage de la rivière Unda, avant la Journée mondiale de l’eau, à Klungkung, Bali, Indonésie, le 19 mars 2024. (AP Photo/Firdia Lisnawati)
Il existe des solutions à ces crises de l’eau. Bien sûr, limiter le réchauffement en réduisant la quantité de combustibles fossiles brûlés dans le monde permettra d’éviter que les anomalies météorologiques et l’élévation du niveau de la mer ne s’aggravent. Mais pour des améliorations plus immédiates et locales, il y a aussi la gestion de l’eau.
Au Kenya, certains des comtés les plus arides du pays tirent le meilleur parti de leurs saisons humides en utilisant des barrages de sable pour capturer l’eau de pluie qu’ils peuvent pomper en cas de besoin. En gardant l’eau dans le sable, elle ne s’évapore pas autant sous le soleil brûlant et contribue à réapprovisionner les nappes phréatiques. La région construit également des systèmes de captage dans la roche, où les surfaces rocheuses naturelles aident à capter et à filtrer l’eau de pluie pour que les habitants puissent la stocker et l’utiliser en cas de sécheresse.
De retour à Bengaluru, les experts discutent de la meilleure façon de préserver les lacs voisins en limitant le développement à proximité. Ils savent également qu’il est important de préserver les surfaces naturelles qui laissent la pluie ruisseler pour recharger les nappes phréatiques, plutôt que d’asphalter toute la ville avec du béton qui accélère le ruissellement.
Bien qu’il soit possible de résoudre le problème du changement climatique et les crises liées à la gestion de l’eau avec le temps, pour ceux qui se trouvent en première ligne, cela risque d’être trop peu, trop tard.
Comme l’a expliqué un couple californien à court d’eau à la journaliste Dorany Pineda, leur lutte quotidienne pour obtenir de l’eau depuis que la sécheresse et le pompage excessif ont asséché leur puits les a laissés « émotionnellement épuisés ».
Voici ce qu’il faut savoir en plus
Les exploitations agricoles américaines dépendent de plus en plus de travailleurs contractuels. Ces derniers ont tendance à avoir des contrats et des conditions de travail plus vulnérables, ce qui les expose davantage aux extrêmes climatiques.
La règle climatique de la Commission des valeurs mobilières des États-Unis (SEC) a donné lieu à une série de poursuites judiciaires. Les experts estiment que les entreprises sont susceptibles de se préparer à s’y conformer de toute façon.
Climate Solutions
L’eau est depuis longtemps un facteur de vulnérabilité pour l’île tropicale de Singapour, qui s’est affranchie de la Malaisie voisine dans les années 1960. La politique avec la Malaisie, qui lui fournit encore une partie de son eau, et le changement climatique ont rendu la quête de Singapour pour l’indépendance en matière d’eau beaucoup plus urgente.
Singapour essaie différentes solutions climatiques, allant d’une technique appelée dessalement « double eau » à la récupération des eaux de pluie et au traitement des eaux usées par microfiltration, osmose inverse et irradiation aux ultraviolets. Ces solutions sont parmi les plus avancées au monde.
Ce bulletin a été rédigé par Dana Beltaji, rédactrice pour le climat et l’environnement, et produit par Natalia Gutiérrez, responsable de l’engagement climatique.