Aimez-vous lire ?

Lire « Les Confessions d’un bourgeois » de Sándor Márai, c’est entrer sur la pointe des pieds dans les intérieurs cossus de la bourgeoisie du XXe siècle, où, le soir venu, seul l’allemand est usité dans les soirées mondaines.

Dans cet univers feutré, on cherche à adopter les manières policées de la gentry, les jeunes garçons sont déniaisés comme il se doit dans un bordel discret avant d’apprendre la danse comme les bonnes manières et le service n’est hélas plus ce qu’il était. C’est un monde en pleine mutation que l’auteur dissèque avec une grande finesse d’analyse, évoquant avec verve toute l’opulence de l’empire austro-hongrois à la veille de la première guerre mondiale comme plus tard la brillance de l’esprit allemand des années trente, avant qu’il ne sombre dans l’horreur. Il décrit une société et un système de valeurs qui vacillent, en balayant consciencieusement toutes les feuilles qui parsèment le sol devant un arbre généalogique somme toute assez prestigieux, avant de nous décrire ses multiples pérégrinations dans le monde, en quête de l’esprit européen. Avec comme projet de devenir un journaliste, – le summum de l’impudeur pour son clan qui le considère désormais comme un homme perdu – , le narrateur promène sa solitude de Berlin à Paris, et de Paris à Londres, tout en explorant les tréfonds de l’âme humaine, en commençant par la sienne, sans oublier de nous délivrer une très belle réflexion sur ce qui fait l’essence d’un écrivain.

Pour les amateurs de belles lettres, Sándor Márai est sans contexte un grand maître de la littérature hongroise, un apôtre malheureux dont la voix puissante vous incitera tôt ou tard à explorer toutes les étendues mystérieuses d’une pensée originale.

Magistral.

 

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