La Prophétie des cendres, de Rafaël Wolf

Quand un journaliste de la trempe de Rafaël Wolf prend la plume pour vous plonger dans une enquête sur un fait divers qui enflamme toute la planète, vous réalisez en quelques pages que cet auteur voit se profiler devant lui un bel avenir dans l’écriture.

La construction de ce roman est en effet d’une rigueur implacable. Pensée avec la minutie d’un bâtisseur de cathédrale mais menée au rythme martial du paso doble, qui est à l’origine un morceau militaire avant de se muer en musique instrumentale jouée lors des corridas, juste avant l’estocade, puis en danse de salon parfois sportive. Vous voilà avertis. Rafaël Wolf appliquera ce programme avec la précision d’un métronome.

Le lecteur est en effet plongé immédiatement in medias res. Un avion s’écrase près de Rome, aucune mort n’est à déplorer grâce à l’intervention d’un homme en qui certains voient un nouveau Messie et d’autres un pervers narcissique, manipulateur de foules naïves en mal de mysticisme. Votre curiosité sera piquée de belle manière, à l’instar de celle de la presse, qui s’empare aussitôt de ce sujet croustillant. Et cette simultanéité de la même émotion, externe et interne au récit, est l’une des belles trouvailles de Rafaël Wolf. Comme les journalistes, avec les journalistes, vous voudrez comprendre. Thomas Guardi part donc en chasse de toute information susceptible de dévoiler la vérité sur cet homme, une vérité qui ne doit rien à l’opinion mais tout à des indices rationnels, traqués avec la plus grande ténacité.

Vous apprendrez qui, vous apprendrez pourquoi et comment… mais quand, et seulement quand, Rafaël Wolf le décidera. Et la clarté de la pensée de ce dernier, croyez-moi, vous égarera parmi les mille et un sentiers qui se présenteront à vous pendant cette quête. Et vous adorerez…

Vous adorerez car cet ouvrage se lit comme un film. Cela peut paraître paradoxal, cela ne l’est pas. Rafaël Wolf possède en effet la qualité rare de faire vivre, faire voir. On vit le récit, on voit les personnages, on y croit, on les entend grâce à des dialogues diablement efficaces. Pas de lâcher-prise avec la langue pourtant, non, pas d’artifices de ce type, le verbe est beau, toujours et tout le temps, et le texte fourmille de formules percutantes, d’images qui viennent « gratter le bois du cercueil » de nos illusions.

Il se murmure qu’un second roman est en cours de relecture… je l’achèterai, croyez-moi, et puis je me loverai paresseusement sur un fauteuil, au coin du feu. Et j’oublierai les heures, j’oublierai le temps.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.