Marie-Christine Horn. Dans l’étang de feu et de soufre

Marie-Christine Horn, Dans l’étang de feu et de sang, Editions BSN Press, 2022

Béatrice Riand, Si vite que courent les crocodiles, Editions BSN Press, 2022

 

Je ne suis pas une grande amatrice de polars, je l’avoue sans honte aucune. C’est comme une surdité qui me sauve au fil des pages parce qu’il y a beaucoup de bruit habituellement dans ces romans. Ecoutez… le cri premier de la victime, le vacarme des sirènes, l’énervement des policiers, les pleurs de la famille, la colère des proches. Toute cette fureur se nourrit la peur qui, comme une charogne affamée, me dévore alors de l’intérieur. Je m’agenouille maintenant devant une paranoïa exacerbée par le silence des agneaux voués au sacrifice, je sursaute au moindre bruit en imaginant un tueur en série qui attend patiemment son heure, vautré dans les entrailles de la demeure du mort en sursis (ou de la mienne !). Je peine, c’est un euphémisme, et puis qu’on se le dise, je ne goûte pas l’hémoglobine, je vomis l’odeur douceâtre du sang qui soulève les estomacs les plus aguerris. Enfin, ultime alinéa de ce mea culpa, je déteste l’arrogance des faibles qui prennent les vies comme d’autres une friandise, en sirotant leur thé, le doigt sagement levé.

Alors pourquoi, me direz-vous, pourquoi lire ce roman ? Mais parce qu’on est une vilaine curieuse, Madame ! Deux femmes finalistes au Prix du polar roman, cela se salue (surtout quand elles sont issues, comme le gagnant, de la même maison). Cela mérite qu’on bouscule ses habitudes et qu’on se confronte à tous les démons de l’Apocalypse. Qu’on plonge tête baissée Dans l’étang de feu et de soufre parce que Marie-Christine Horn, sans le savoir, sans le vouloir, m’est une alliée fort précieuse : je souris quand elle me présente une galerie de soiffards gruériens à « l’affection bourrue », qui n’ont « pas de temps à perdre avec le malheur ». Je me rassure quand je sais que la victime est morte bien proprement. Pas de sang rouge vif sur les tapis, donc, non, mais des cendres blanches à balayer pour découvrir qui cherche à ensevelir toute une famille sous les décombres du passé.

Pour la réfractaire que je suis, se prendre de sympathie pour un inspecteur bourru incapable de communiquer avec sa fille, mais susceptible de soulever des montagnes pour lui venir en aide, relève du miracle dominical. « Rien n’est plus mystérieux que le mystère », jubile l’auteur.

Que dire de plus ? Marie-Christine Horn aurait pu gagner ce prix, elle le gagnera un jour, c’est tout le mal que lui souhaitent ses victimes.

Les dernières critiques de livres parues à L’1Dex :

Si vite que courent les crocodiles, par Joël Cerutti

Sa préférée, par Béatrice Riand

De la part du vengeur occulte, par Stéphane Riand

Dans l’étang de feu et de souffre, par Béatrice Riand

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